Après les jeunes et les sprinters, voici le troisième chapitre de notre bilan de la saison cycliste. Entre le sérieux et l’ironique, la rédaction de Fantacycling.com analyse les prestations des chasseurs de classiques.

LE TOP

Greg Van Avermaet

Le Ronde 2016 avait mis au tapis ce vlaamse coureur au dossard trop souvent second ou poissard, un KO dont on ne savait pas comment il allait se relever. On craignait que, comme souvent chez la petite Reine, la tête ne suive plus les jambes…. Mais Greg Van Avermaet est revenu, serein et affamé, pour achever 2016 de victoires sur le Tour, les Jeux de Rio et au Québec, montrant à tous qu’il fallait plus que jamais compter sur lui. Et tout ceci n’était finalement qu’un préambule à l’année 2017 qu’il aura conquise de bout en bout, de Gand à Bergen! Ce titre de coureur UCI de la saison a été bâti principalement sur une campagne de classiques hors normes: victoire et doublé sur l’Omloop d’ouverture, 7e à Kuurne, 2e aux Strade, certes 21e à San Remo avant d’enchainer sur une quinzaine folle de victoires sur l’E3, Wevelgem, Roubaix, avec au passage sa 2e place sur son Ronde national… pour finir avec des places intéressantes sur l’Amstel et même sur Liège. Tout cela avec beaucoup de bonheur, de bouquets et de points au Fantaclassics où il explose les records de Mr Sagan, et de loin! Enfin, les wheeling en moins… mais qui sait Greg n’a peut-être pas fini de nous étonner… c’est tout ce qu’on lui souhaite.

Philippe Gilbert

Loin d’avoir perdu toutes ses illusions et son temps au sein de l’armada BMC, Philou semblait s’être tout de même quelque peu fourvoyé en s’obstinant à espérer que Valerio Piva lui offre de nouveaux challenges que le Remoucastrien estimait, à juste titre, légitime. Las de cette incertitude, le belge de 35 ans a eu la bonne idée de proposer ses services au gourou de la Quick-Step et n’a pas failli face au délicat défi que lui a lancé Lefèvere: gagner, comme en ses plus belles années, au moins une grande Classique… Et c’est peu dire que Gilbert a, au final, réalisé une somptueuse saison en remportant ni plus, ni moins, le Tour des Flandres et sa quatrième Amstel Gold Race. Et quand on sait qu’il a également remporté Les 3 jours de la Panne et terminé deuxième du Dwaars door Vlaanderen et du GP de L’E3, on se dit que celui que d’aucuns avaient déjà rangé au placard des pré-retraités, a encore de fameuses ressources et risque bien d’encore nous faire vibrer en 2018.

Peter Sagan

Tout semblait indiquer que Peter Sagan allait enfin connaître une saison où tout va de travers. Une campagne des classiques ratée malgré le fait qu’il était sans aucun doute le plus fort: une seule victoire à Kuurne, contre une nouvelle défaite face à Van Avermaet au Nieuwsblad, une nouvelle deuxième place à Sanremo, une chute au GP de l’E3, un Gand-Wevelgem perdu juste pour emmerder Nicki Terpstra, une autre chute surréaliste au Tour des Flandres, une succession de pépins mécaniques à Paris-Roubaix... difficile de faire pire. Mais il en faut plus pour déprimer le Superman du peloton qui a recommencé à gagner en vue du Tour de France où un sixième maillot vert semblait gagné d’avance. Les organisateurs de la Grande Boucle en ont décidé autrement, en renvoyant le champion du monde à la maison après le sprint de Vittel. Une décision bien trop sévère et clairement contre-productive. Mais il en fallait plus pour déprimer le Superman du peloton qui a recommencé à gagner en vue des Championnats du monde de Bergen. Un léger rhume semblait compromettre son dernier grand objectif, mais Peter Sagan a dosé ses efforts et n’a pas raté l’occasion d’entrer dans l’Histoire du cyclisme en devenant le premier coureur à remporter trois titres mondiaux consécutifs. Un grand ! Un très grand ! N’ayons pas peur des mots : un Cannibale !

Michal Kwiatkowski

Michal Kwiatkowski est un coureur imprévisible et aussi assez irrégulier. Il n’est jamais aussi fort que lorsqu’on ne l’attend pas. C’est ainsi qu’après une première saison chez Sky en demie teinte et un début de saison timide, le Polonais a réalisé un printemps presque parfait en remportant pour la deuxième fois les Strade Bianche et surtout son premier Monument au terme d’un sprint mémorable sur la Via Roma de Sanremo face à Peter Sagan et Julian Alaphilippe. Il semblait ensuite bien parti pour réaliser la passe de trois à l’Amstel Gold Race, mais alors qu’il était logiquement le favori dans le sprint avec Philippe Gilbert, Kwiatko a payé son excès de confiance et a dû laisser la victoire au Belge. Après une 7ème place sur la Mur de Huy, Kwiatkowski était à nouveau un des grands favori pour Liège-Bastogne-Liège, mais un mauvais placement dans la montée vers Ans lui a ôté toute chance de victoire et malgré une belle remontée, il a dû se contenter de la troisième place. Après un Tour de France au service de Chris Froome, il a rappelé à tout le monde qu’il n’était pas simplement un grégario de luxe en s’imposant sur la Clasica San Sebastian. Le seul bémol de la saison, ce sont les championnats du monde de Bergen où on attendait un peu plus de sa part qu’un simple sprint pour la 11ème place. Le problème c’est de savoir s’il honorera son statu de favori au printemps prochain. Kwiatko, le cauchemar des fantamanagers…

Matteo Trentin

La première partie de la saison de Matteo Trentin a été assez ordinaire avec l'habituel travail au service des leaders plus "bankable" sur les classiques de printemps. Mais l'Italien de Quick-Step a été un des grands bonhommes de la fin de saison, avec ses quatre victoires sur la Vuelta et ses succès à Burgos et sur la Classics Impanis. Si la médaille de bois aux Mondiaux de Bergen reste une petite déception, Trentin s'est vite consolé en remportant Paris-Tours, pour sa dernière course de la saison. Aussi la dernière course avec le maillot Quick-Step, puisque Trentin tentera une nouvelle aventure chez Orica en 2018. Et comme les milliers de kilomètres courus au service de stars de l'équipe pendant sept ans ne suffisent pas à prouver sa générosité, Trentin a bien pris le temps de lever les bras, montrer son sponsor et le remercier par la même occasion pour un adieu parfait. La classe ouvrière !

Oliver Naesen

Ce n’est jamais facile de confirmer les bonnes prestations après une première année au haut niveau. Olivier Naesen avait visiblement déjà trop perdu de temps avec son parcours atypique et n’a pas voulu rater une autre année. Il a plus que confirmé les bons résultats de la fin de 2016 en réalisant une campagne de classique de haut niveau. Après les top-10 au Nieuwsblad, Kuurne-Bruxelles-Kuurne, Dwaars door Vlaanderen et GP de l’E3, il a été très malchanceux au Tour des Flandres et à Paris-Roubaix, ce qui l’a empêché de lutter pour la victoire alors qu’il faisait jeu égal avec les cadors comme Van Avermaet et Sagan. Et juste pour le plaisir, il a aussi fait l’Amstel Giold Race à fond, pour y récolter une 13ème place. Ses efforts ont été récompensés au mois de juin, lorsqu’il a été sacré champion de Belgique. Avec son maillot noir-jaune-rouge, il sera redoutable sur les pavés en 2018.

Alejandro Valverde

El Imbatido ! En une semaine d'avril, Alejandro a consolidé sa légende. Annoncé imbattable sur le Mur de Huy, il remporte une 5ème Flèche Wallonne devant Dan Martin, en écœurant la concurrence dans la montée finale et relègue Eddy Merckx et Moreno Argentin à 2 longueurs dans les palmarès. Quatre jours plus tard, il s'adjuge son 4ème Liège-Bastogne-Liège, toujours devant Dan Martin, qui avait valeureusement tenté de le surprendre en prenant les devants dans la dernière difficulté. A 37 ans le Murcien signe son troisième doublé Flèche-Liège en 11 ans (2006-2015-2017): tout sim-plement Monumental!

 

LE FLOP

Tom Boonen

Le monde des stars du peloton se divise donc en deux catégories: ceux qui réussissent leurs adieux en faisant rêver une dernière fois leur supporters et ceux qui auraient peut-être dû éviter les courses de trop. Si Fabian Cancellara et Alberto Contador font clairement partie de la première catégorie, on aurait tendance à classer Tom Boonen dans la deuxième. Tommeke voulais faire comme son prédécesseur Johan Museeuw et quitter le sport professionnel après un dernier tour au vélodrome de Roubaix. Mais il voulait là aussi dépasser le maître en tentant d'obtenir un dernier résultat, ce que Museeuw n'avait pas réussi à faire. Mais les choses n'ont pas tourné comme il l’aurait souhaité. Il a laissé ses équipiers Gilbert, Lampaert, Terpstra ou Stybar s'amuser et gagner pendant toute la campagne du Nord pour tout miser sur Paris-Roubaix où il a, comme par hasard, été trop marqué par les autres pour jouer la gagne. Pourtant, Boonen avait de bonnes jambes ce printemps, mais snober les courses flamandes au profit de Roubaix a été une erreur fatale que les pavés ne lui ont pas pardonné.

Sep Vanmarcke

Les fans de classiques attendent chaque année Sep Vanmarcke depuis 2010. Cette année-là, le Courtraisien, alors à peine âgé de 22 ans se révélait au grand public en signant une belle deuxième place à Gand-Wevelgem derrière Eisel, coiffant au passage un Philippe Gilbert en grande forme. L'année suivante, il gagne même au nez et à la barbe de Tom Boonen sa première classique en battant au sprint le héros Flandrien et tout le monde voyait déjà en lui le futur grand champion des classiques flamandes. Mais depuis, plus jamais il n’a levé les bras sur ce qui devrait être son terrain de prédilection. Si Sep est généreux dans l’effort et fort, très fort, particulièrement sur le pavé du Nord, les chutes, les incidents mécaniques, les faits de courses, la présence d'adversaires coriaces et parfois les mauvais choix tactiques réduisent chaque année ses espoirs à néant. Cette nouvelle année sous les couleurs de Cannondale ne déroge pas à la règle, la poisse lui colle de nouveau au dossard : il passe complètement au travers de sa saison de classiques malgré une 3ème place au Nieuwsblad qui semblait de bonne augure. En Juin, Naesen le prive du titre et du maillot de champion Belgique et pour couronner cette année frustrante, il ne sera même pas repris dans l'équipe belge pour les championnats du monde à Bergen. Qu'à cela ne tienne! Tout le monde attend Vanmarcke et 2018 sera la bonne !

Luke Rowe

Le Gallois avait cette année la chance unique d’être le leader de la Team Sky sur les classiques flandriennes. Une chance qu’il n’a pas vraiment saisi puisque la progression qu’il avait entamé ces dernières saisons c’est arrêtée en 2017. Pourtant, la campagne des classiques semblait bien entamée après un bon week-end d’ouverture, mais entre mauvais placements et choix tactiques, limites physiques et chutes malheureuses, Rowe a complètement loupé les deux semaines cruciales, entre le GP de l’E3 et Paris-Roubaix. Il devra montrer en 2018 qu’il a encore le potentiel pour lutter pour la gagne sur une grande classique. Ah non, c’est vrai, Rowe s’est fait une double fracture tibia-péroné en faisant le con lors de l’enterrement de vie de garçon de son frère et ratera probablement la prochaine campagne de printemps. UnLucky Luke.

Julian Alaphilippe

Quoi ? Le plus grand espoir du cyclisme français, le futur dominateur des classiques ardennaises, parmi les flops de la saison ? Bein oui... il suffit de compter le nombre de victoires obtenues (2) pour se rendre compte que malgré une surexposition due notamment à son style de course très offensif, Alaphilippe a très peu récolté au cours de l'année. La blessure au genou qui l'a obligé de déclarer forfait pour les classiques de printemps et le Tour de France a pesé sur le bilan annuel du coureur Quick Step, mais cela n’explique pas tout. Son retour progressif et sa victoire d'étape à la Vuelta, ainsi que la deuxième place au Tour de Lombardie, ont confirmé que les soucis physiques étaient derrière lui et qu'il est redoutable lorsqu'il est en pleine possession de ses moyens. Mais il devra rapidement franchir un pas fondamental s'il veut écrire l'histoire: apprendre à gagner ! Evidemment, on aime son panache et son coté attaquant fou, mais on a l’impression qu'il rate quand même souvent les moments décisifs et un petit stage d'apprentissage tactique chez Valverde lui ferait le plus grand bien…

Tony Martin

En signant chez Katusha, le quadruple champion du Monde du contre-la-montre se voyait offrir une nouvelle opportunité, dans sa déjà très riche carrière, de briller sur d’autres terrains. Comme les Classiques de Printemps, sur lesquelles il avait eu de nombreuses fois l’occasion de montrer de très belles prédispositions et où, enfin libéré des stars de sa précédente équipe, la terrible Quick-Step, il espérait enfin jouer sa carte personnelle. Il n’en fut jamais vraiment guère question tant le Panzer a semblé à la peine et, si ce n’est son sixième titre national (sa seule victoire en CLM cette année !), on peut clairement dire que l’homme qui aimait tant la lumière, a été transparent. Laissons lui, certes, le temps de s’adapter à son nouvel environnement mais que Tony ne tarde pas trop à sortir du val sous peine de risquer de ne jamais plus se réveiller.

Jasper Stuyven

C’est vrai, classer Jasper Stuyven parmi les flops de l’année, c’est peut-être un peu sévère. Le Belge de Trek -Segafredo n’a pas fait une mauvaise saison. Deuxième à Kuurne-Bruxelles-Kuurne, quatrième à Roubaix, il a également fait un bon Giro avec plusieurs podiums d’étape avant d’enfin remporter sa première et unique victoire de la saison au mois d’août lors du BinckBank Tour. Mais le bilan d’une saison se mesure surtout par rapport aux attentes du début d’année. Et les attentes étaient très grandes en ce qui concerne Stuyven. Débarrassé de la présence intimidante de Fabian Cancellara, l’espoir belge pouvait étaler son talent dans les classiques du Nord, pas comme leader unique certes, mais comme leader quand même. Ses prestations n’ont pas tout à fait été à la hauteur et Stuyven a notamment montré des limites dans les monts et bergs flamands. Plus à l’aise sur le profil plat de Paris-Roubaix, Jasper devra encore passer un cap s’il veut être compétitif sur toutes les courses de la campagne du Nord. Affaire à suivre.