Dernier chapitre de notre bilan de l’année cycliste. Ils ne sont ni jeunes, ni des purs sprinters. Ils ne sont pas des coureurs de classiques, ni des favoris pour les grands tours. Certains ont tout simplement été oubliés lors des épisodes précédents. Certains ont réussi leur saison, d’autres l’ont ratée. 

Le TOP

Warren Barguil

Vainqueur de deux somptueuses étapes et meilleur grimpeur du Tour de France 2017, le Breton a éclaboussé de toute sa classe les routes de l'Hexagone. L'histoire est belle et aurait pu se poursuivre sur le Tour d'Espagne, mais la vérité d'un jour n'est pas toujours celle du lendemain. Exclu par sa propre équipe pour ne pas avoir attendu son leader victime d'une crevaison, Wawa, qui adore pourtant l'épreuve espagnole, s'en est rentré l'âme en peine et la besace sous le bras dès la septième étape. Fougueux et offensif, Barguil a cru que son talent suffirait pour s'attirer les grâces et le feu des projecteurs d'une équipe Sunweb qu'il s'apprêtait pourtant à quitter. Dommage, il s'est sans doute vu trop vite trop beau et passe à côté d'une belle occasion d'être la toute belle révélation de l'année. Et même si ses performances sur le Tour ont quelque peu fait jaser les plus suspicieux, son talent est indéniable et c'est avec la rage au ventre et la soif de vaincre qu'on risque de revoir le sympathique Warren l'année prochaine.

Ilnur Zakarin

Ancien vainqueur surprise du Tour de Romandie et champion de Russie du chrono, le tartare a définitivement laissé derrière lui sa sulfureuse suspension de deux ans pour dopage aux stéroïdes en 2009. Il est indéniable qu'il a franchi un solide palier cette année et que le meilleur reste à venir. Dans un style qui n'appartient qu'à lui, enfin, un peu à Froomey également, l'intriguant grimpeur russe s'est offert une année sous les étoiles en terminant cinquième du Giro et en allant chercher un podium sur le Tour d'Espagne. Physiquement et tactiquement, Ilnur se pose désormais en animateur de choix sur les Grands Tours et représente l'avenir sur les courses de trois semaines. D'ailleurs, pour bien le situer dans la hiérarchie, il est le seul, avec Froome et Nibali, à être parvenu, cette année, à achever deux grands Tours dans le Top5 final. Nul doute que le talentueux et longiligne grimpeur risque de défrayer la chronique plus vite qu'il n'en faut en 2018, surtout s’il améliore ses capacité de pilotage et de descendeur, son gros point faible.

Sonny Colbrelli

Pour sa première année dans une équipe ProTour, Sonny Colbrelli ne s’était pas fixé d’objectifs majeurs. Il voulait accumuler de l’expérience dans les grandes courses et se tester face aux meilleurs du peloton. Le passage en première division est réussi avec peu de victoires, mais de qualité, comme une étape sur Paris-Nice, la Flèche Brabaçonne et le GP Bruno Beghelli. Il n’a pas vraiment brillé lors de sa première participation à la Grande Boucle, mais les grands tours n’ont jamais été son terrain de chasse favori. Par contre, sa première campagne des classiques du Nord s’est plutôt bien déroulée. Pour quelqu’un qui n’avait presque jamais couru sur les pavés, terminer 7ème de l’E3, 13ème de Gend-Wevelgem et 10ème du Tour des Flandres, c’est de bonne augure pour le futur. Vu ses limites dans les sprints massifs, Sonny se concentrera probablement de plus en plus sur les classiques, ce qui pourrait le rendre incontournable, vu sa pointe de vitesse et sa facilité sur tous les terrains.

Fabio Felline

De février à Juin, Fabio Felline aura été performant sur à peu près tous les terrains. Il a animé quasi toutes les courses auxquelles il a participé, tantôt en leader, tantôt comme équipier de luxe pour Alberto Contador. A la clé une victoire au trophée Laigueglia, une 4ème place sur les pavés du Nieuwsblad, 13ème aux Strade Bianche, 11ème à l'E3, 19ème au Tour des Flandres et 16ème à Liège, avant de remporter le prologue du tour de Romandie qu'il termine à une belle 4ème place et de faire 2ème et 7ème aux championnats d'Italie du CLM et sur route. Quatre mois où il a sans doute épuisé toutes ses cartouches. Bémol assez logique, il arrive µlessivé au Tour de France qu’il abandonne pour ennuis de santé et ne fera plus aucun résultat après celui-ci. Toutefois, on peut créditer le Turinois d'une très belle moitié de saison, où il aura parfaitement tiré son épingle du jeu malgré la présence chez Trek d'autres grands leaders tels que Contador, Degenkolb ou Stuyven. A 27 ans, Le Félin paraît être arrivé à maturité et sera sans doute un des hommes à suivre en 2018.

Egan Bernal

La nouvelle pépite du cyclisme colombien s'appelle sans aucun doute Egan Bernal. A 20 ans, le coureur de Bogota a mené à terme sa deuxième saison dans l'équipe professionnelle Androni Giocattoli. Il a surtout couru des courses du calendrier italien et a récolté 27 top-10 au cours de l'année. Parmi lesquelles ont peu citer une deuxième place au Giro dell'Appenino, une troisième au Memorial Marco Pantani, une quatrième à la Settimana Coppi e Bartali, une cinquième au Giro della Toscana et au GP Industria e Artigianato et aussi une neuvième place au classement général du Tour du Trentin derrière les meilleurs grimpeurs du peloton. Il a ensuite dominé le Tour de l' Avenir en remportant deux des trois étapes de montagne et en succédant ainsi au palmarès du Tour des jeunes à ses illustres compatriotes Quintana, Chaves ou Lopez. Pour 2018 Bernal a été engagé chez la Team Sky, un choix ambitieux, mais risqué, car s'il pourra progresser dans les meilleures conditions, il n'aura pas vraiment beaucoup d'occasions de s'illustrer. 

Diego Ulissi

Initialement, Diego Ulissi devait figurer dans le Flop de l’année. Sans raison objective, juste comme ça, au feeling, car on en a un peu marre d’attendre que l’éternel espoir transalpin, le successeur désigné des puncheurs comme Argentin, Bartoli ou Bettini, réussissent enfin à exprimer son talent dans les courses de niveau mondial. Mais en regardant ses performances de plus près, on se rend compte que Diego Ulissi a plutôt fait une bonne saison, avec moins de victoires, mais de qualité, ce qui lui a permis terminer 16ème du classement UCI World Tour, son meilleur résultat depuis qu’il est professionnel. Surtout, après l’avoir vu remporter le GP de Montréal, ses fans espèrent que cette première grande victoire aura un effet déclencheur, qu’elle permettra à Diego d’enfin faire passer sa carrière à la vitesse supérieure. Un peu comme la victoire de Van Avermaet aux JO de Rio… on peut toujours rêver.

Bob Jungels

Avec son sourire en coin, le pot de gel sur la tête et les cheveux plaqués vers l’arrière, Bob Jungels a la gueule du champion croisé dans un album Panini Italia ‘90. Son jeu d’équipe allié à une force de frappe bien huilée lui ont permis, lui et son cuir chevelu, d’aller briller dans les arènes transalpines pour la seconde année consécutive. Ce Giro 2017 lui aura offert un maillot rose, une victoire d’étape, le maillot du meilleur jeune final ainsi que près de 2000 points au FantaGiro. Avec à la clé un surprenant catenaccio en montagne parmi les hauts plateaux… alors que la pente semblait bien pentue et l’adversité bien relevée pour ce beau bébé de plus de 70 kilos… Mais le verrou a tenu bon jusqu’au coup de sifflet final! Pour 2018, Bob quitte le statut de jeune et devra enfin montrer qu’il peut faire le spectacle tout au long de la saison, plus particulièrement lors de la phase “classiques”.

Bauke Mollema, Tim Wellens, Sam Bennett, Wilco Kelderman, Caleb Ewan auraient aussi mérité leur paragraphe dans les TOP de l’année, mais il pleut, il fait froid, il fait nuit à 17h… on range nos vélos, c’est la trêve.

 

Le FLOP

John Degenkolb

La route est longue, longue, longue… pour John Degenkolb depuis son accident, début 2016, qui l'avait vu, lui et cinq de ses coéquipiers, être violemment percuté par une maladroite conductrice. John était pourtant bien parti pour être le classicsman par excellence des dix années à venir et pour enrichir abondement son armoire de trophées tant les chemins flandriens et autres pavés roubaisiens semblaient faire partie de son patrimoine génétique. Qui plus est, avec 10 victoires d'étapes sur la Vuelta, l'Allemand pouvait se targuer d'avoir le talent pour briller sur différents types d'épreuves. A 28 ans seulement, l'avenir est devant lui. Mais il tarde cependant, malgré une volonté sans failles et quelques jolis accessits, à revenir au plus haut niveau et cela devient, quelque part, un rien inquiétant et intriguant. Il n'a pas vraiment été verni par la chance en 2017 et, dans le même temps, ses nombreux petits problèmes et blessures récurrentes ne sont pas non plus des signes particulièrement encourageants. Degenkolb arrivera-t-il à relever le menton et à redevenir l'épouvantail qui sommeille depuis toujours en lui ? C'est en tout cas tout le mal qu'on lui souhaite et le revoir briller sur les terres qui l'ont révélé, serait assurément le plus joli cadeau qu'il puisse nous faire.

Bryan Coquard

La saison 2016 du jeune Coq avait été plus que prometteuse. 16 victoires au compteur pour l'ex champion du monde de l'américaine sur piste, qui échoue à un boyau de battre le grand Kittel sur une étape du Tour. 2017 devait donc être l'année de la confirmation, voire de la consécration, sur route. Malheureusement ce ne sera pas le cas. Le divorce avec Bernaudeau, son directeur sportif de toujours, annoncé très tôt dans la saison et une non sélection pour le Tour de France, défrayent plus la chronique que les quelques succès (5) de seconde zone que le sprinter glane au cours de l'année. Le Vendéen veut changer d'équipe, retrouver de la motivation et se relancer dans un nouveau défi. On verra l'année prochaine si Bryan Coquard peut rebondir chez Vital Concept et si le médaillé d'argent olympique 2012 peut se forger un palmarès sur route aussi prestigieux que sur piste. A 25 ans, il a encore l'avenir devant lui.

Andrew Talansky

Andrew Talansky avait un potentiel énorme. En 2010 il finit 2ème du Tour de l'Avenir derrière Nairo Qintana et devant Pantano, Slagter, Landa, Bardet, Matthews, Atapuma et Kelderman qui complètent le top 10 royal d'une édition truffée de pépites. Fort au CLM, très bon en montagne, le Pit Bull de Key Biscayne avait l'étoffe d'un champion et l'Amérique croyait tenir le joyaux qui allait succéder à Greg Lemond et Lance Armstrong. Neuf ans plus tard, son compteur reste définitivement bloqué à 7 victoires professionnelles et 3 top10 sur GT en 9 participations (5ème et 7ème à la Vuelta et 10ème au TDF). S'il est vrai que de nombreux coureurs pourraient allègrement se satisfaire d'un tel bilan de carrière, comprenant également une victoire finale au Dauphiné et un titre de champion des Etats-Unis contre-la-montre, le choix de l'Américain de mettre une terme à sa carrière à seulement 28 ans, surprend. Andrew n'en a cure, et préfère jeter la musette car la vie de cycliste professionnel ne lui convient plus. Comme il le déclarait récemment sur cyclingnews.com, il choisit de réorienter ses talents vers le triathlon pour passer plus de temps auprès de sa famille. De quoi rappeler que la vie de cycliste (et de sportif) professionnel est un vrai sacerdoce et que le talent ne fait pas tout. On lui souhaite le meilleur dans sa nouvelle carrière et si les raisons sont nobles, on ne peut s'empêcher de penser que le retrait de Talansky est un des gros flops, de l'année!

Carlos Betancur

Vu sa condition physique d'avant saison, Big Bet semblait définitivement retombé dans ses travers et perdu pour le cyclisme professionnel. 12 mois à peine après avoir donné l'illusion à ses nouveaux employeurs qu'il pouvait revenir au plus haut niveau en remportant des étapes aux Asturies et à la Vuelta Castilla y Leon, Carlos est méconnaissable et on se demande pourquoi Movistar s'acharne à le faire courir une saison de classiques, même comme équipier. Il participe à toutes les courses, des Strade à Liège, en passant par les pavés flamands, un programme de remise en forme de luxe qui, lentement mais sûrement, va lui permettre de revenir plus ou moins dans le rythme. Début janvier, personne n'aurait parié un peso colombien que Betancur eût pu glaner un top 20 final sur le Tour de France dont un top 15 à la montée d'Izoard au mois de juillet. Loin d'être à bout après la première Grande Boucle de sa carrière, il se présente au départ de la Vuelta et, sur sa lancée de fin de Tour, semble capable d'un coup d'éclat qui eût été légendaire. Malheureusement pour Betancur, une chute va anéantir ses ambitions. Il doit abandonner après la 6ème étape. Dommage, car si la saison de Carlos est un flop comparé à ce qu’on peut attendre d'un grand coureur, il a néanmoins failli réaliser un des retour les plus incroyables et improbables de tous les temps et a réussi à faire renaître l'espoir, une nouvelle fois, que peut-être un jour, on le reverra au sommet. Affaire à suivre...

Damiano Cunego

Cela fait quelques années que le Petit Prince a perdu sa couronne. Mais ses innombrables fans ont continué de le suivre et de rêver à un nouvel exploit. Et d’une manière ou l’autre, Damiano Cunego réussissait toujours à leur donner raison, comme en 2016, lorsqu’il lutta jusqu’à la dernière montée pour le maillot de meilleur grimpeur du Giro. Mais 2017 était probablement l’année de trop. Cunego a très peu couru, en raison aussi d’une fracture de la clavicule subie au Tour de San Luis en janvier, mais cela n’explique pas tout. Ironie de l’histoire, c’est au cours de cette saison pourrie de le Petit Prince a retrouvé la victoire après trois ans de disette, mais c’était sur une étape du Tour de Qinghai Lake, devant Antonio Santoro et Sergiy Lagkuti… Cunego a compris que si c’est pour ça, autant arrêter les frais et il a d’ores et déjà annoncé qu’il prendra sa retraite après le Giro 2018. Espérons pour lui que son équipe y soit invitée, car un Italien qui voulait prendre sa retraite au terme d’une grande compétition internationale à laquelle son équipe ne participera pas, quand ça arrive à Gigi Buffon, le monde entier s’émeut; si c’est le triste sort réservé à Damiano Cunego, personne ne remarquera…

Jürgen Van Den Broeck

On ne peut pas dire de Jurgen qu'il était le plus charismatique et flamboyant coureur du peloton. Néanmoins, le "meilleur" coureur belge de grand Tour de ces vingt dernières années a tout de même souvent réussi à nous mettre l'eau à la bouche, mais malheureusement, sans jamais véritablement rassasier nos avides estomacs. Avec quatre top10 sur les épreuves de trois semaines, dont un podium, il n'a pourtant, au final, que remporté deux toutes petites victoires chez les pros. A tout miser sur la Grande Boucle, l'anversois s'est assurément fourvoyé et est probablement passé à côté d'une carrière bien plus prolifique (Enfin, c'est pas sûr non plus ça…!). Loin d'être explosif, il avait le potentiel pour faire mieux et son retrait définitif du peloton nous laissera toujours ce petit goût amer en bouche tant cette impression de gâchis prédomine sur un parcours, somme toute, relativement honnête. Ce n'est qu'un au revoir Jürgen, espérons juste que ta reconversion soit plus excitante que les années de labeur passées sur ton vélo à croire en un inaccessible Graal que tu n'auras finalement jamais touché que de très, très loin !

Tony Gallopin

Tony Gallopin a traversé 2017 comme un numéro complémentaire… il n’a jamais trouvé la combinaison gagnante alors que, assurément, 100% des gagnants ont tenté leur chance... il a les boules… Et pour cause il n’aura jamais gratté ce ticket vers la victoire, lui qui a tenté son all-in plus d’une fois comme à la loterie… sans toutefois jamais remporter le jackpot. En 2018, Gallopin ne compte pas rester sur le carreau, il change de couleur et aura à cœur de piquer le trèfle à quatre feuille de la concurrence. Il ne joue plus, il signe... chez AG2R en ayant l’assurance de s’épargner ces accidents jusqu’à la retraite… reste à voir si les taux sont garantis.

Samuel Sanchez

Que dire de la triste de fin de Samuel Sanchez ? Pas grand-chose en fait… A 39 ans, l’Asturien devait participer à sa dernière Vuelta qui était son seul réel objectif de la saison. Mais catastrophe, Samu est déclaré positif à un contrôle inopinée la veille du départ. L’ancien champion olympique termine sa carrière avec la main prise dans le sac, devant son public, de manière on ne peut plus humiliante. Sa positivité à un hormone de croissance peut avoir une double interprétation : soit il s’agit d’un geste désespéré d’un des derniers coureurs de la génération EPO encore en activité, soit c’est la preuve que les pratiques d’avant sont toujours aussi indispensables…

Rafal Majka, Edvald Boasson-Hagen, Juan José Lobato, les frère Yates, Andrea Guardini, Matti Breschel, Lars Boom auraient aussi mérité d’être cités parmi les Flop de l’année… bah voilà, c’est fait… 

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