Nairo Quintana à mis fin à cinq ans de disette sur le Tour de France en remportant l’épouvantail des Pyrénées. Le petit colombien a enfin fait parler la poudre en s'échappant dans la dernière difficulté du jour et s’en aller remporter un succès mérité au sommet du Col du Portet. Le valeureux Dan Martin finit à une encablure du scarabée tandis que Geraint Thomas, troisième, assoit sans doute définitivement son sacre sur cette Grande Boucle.

Étape inédite qui partait de Bagneres-de-Luchon ce mercredi sur le coup de 15h avec un départ digne d’un grand-prix de formule un et dont la distance ne dépassait pas les 65 kilomètres. Feu de paille ou feu d’artifice, c’est en tout cas une des dernières occasions avec l’étape de vendredi pour tenter de secouer le cocotier.

Le peloton s’est donc immédiatement lancé dans l’ascension du col de Peyragudes sous l’impulsion des premiers feux follets mais, comme de bien entendu, également sous le contrôle et la bienveillance de l’équipe Sky. Les premières victimes se comptent déjà par dizaines tandis que Kangert et le maillot à pois, Alaphilippe, font le spectacle aux avant-postes. Le peloton monte au train et observe de loin les quelques manœuvres qui agitent un deuxième groupe de poursuivants dont l’Imbatido fait, entre autres, partie. Jamais plus de trois minutes d'avance pour les fuyards et ce sentiment qu’il ne se passera pas grand-chose en fait. Il faudra attendre le pied du troisième col pour que les choses bougent enfin.

C’est avec le sentiment du devoir accompli que Julian Alaphilippe se range enfin et que la Movistar, dont on n’a pas compris tous les mouvements, décide de prendre le taureau par les cornes. El Rey lance une sauvage attaque à laquelle seul Dan Martin répond. Les deux compères s’envolent rapidement sans que cela ne suscite le moindre vent de panique au sein du peloton. La Sky continue tranquillement son travail de sape et élimine un à un ceux qui auraient encore l’impétuosité de vouloir simplement continuer à accrocher le bon wagon. Il ne reste donc très vite que quatre protégés de Brailford accompagnés de Dumoulin, Landa, Bardet et des deux Lotto-Jumbo, Roglic et Kruiswijk. Devant, Quintana, avec le soutien de Vale, continue son chemin vers les sommets tandis que Martin, incapable de suivre le colombien, s' accroche vaillamment à quelques encablures de celui-ci. La montée est rude et le Col du Portet, pour la première fois emprunté, démontre l’étendue de ses difficultés à le gravir.

De maigres tentatives d’attaques auront bien lieu mais Quintana ne faiblit pas et remporte enfin cette victoire qu’il attendait depuis si longtemps. Tout bénéfice pour le colombien qui s’assure un retour dans le top5. Car derrière, sans parler de grandes manœuvres, il y aura tout de même eu quelques salves qui ont fait mouche. Romain Bardet, dont l’équipe a tenté, un moment, de dynamiter la course, à perdu pied et se retrouve désormais à la huitième place du général. Pour Chris Froome, la pilule est également quelque peu indigeste. Il n’a pu suivre les cadors dans les derniers kilomètres et ne doit son salut qu’à un brillant Bernal. Le briton perd sa deuxième place au profit du papillon de Maastricht et voit désormais Roglic lui coller aux basques. Mais le plus grand enseignement de cette journée, c’est qu’on voit mal qui pourrait dorénavant empêcher Geraint Thomas d’être sacré. C’est plus que surprenant mais, force est de reconnaître, le gallois est bel et bien le plus fort sur ce Tour de France un rien soporifique.

An Geansai Bui tient toujours les rênes du Fantatour devant ses acolytes Bouledor et Brussels Dynamite tandis que le revigoré Tutto Bene s’offre une victoire de choix. Avec Furupu, deuxième, il pourrait d’ailleurs être la belle surprise de cette fin de Tour. Radja Reavers se console, lui, avec une belle troisième place.

Le bon plan du jour

Beaucoup de mal à décerner la palme du bon plan. Quintana, no way ! Dumoulin la mérite plus que lui tout en ne faisant pas vraiment preuve d’un panache hors-pair. Mention à Dan Martin, mais sa poisse lui colle définitivement trop aux basques. Roglic et Kruiswijk, pourquoi pas mais là aussi il manque un je ne sais quoi de transcendant. Thomas alors… ? Je laisserai à vos bons soins de choisir celui qui vous paraît être le plus incontournable car, personnellement, je ne vois pas qui pour faire vibrer nos âmes fantacycliques on ne peut plus meurtries. A vos plumes…

Le mauvais plan du jour

Avec quatre coureurs de cette envergure, il est tout à fait clair que Movistar avait les armes pour faire trébucher cette infamie qu’est l’équipe Sky. Unzue n’est, certes, pas le plus grand tacticien du peloton, mais, à voir la vaine débauche d'énergie de Soler, l’immobilisme de Landa et le «J’en garde sous la pédale » de Valverde, on est en droit de se demander dans quel mauvais film de série B on joue. Quintana à bien paru avoir retrouvé son niveau mais c’est une bien maigre consolation au vu de ce qu’on attend d' un champion de sa trempe. Guerres d’égo ou pas, tactiquement, c’est nul et la parodie d’équipe qu’ils ont bien voulu aligner sur le Giro nous conforte dans l’idée que la team espagnole ne sera jamais vraiment en mesure de jouer dans la cour des grands.

Comments

Cool de revenir dans la course à quelques encablures de l'arrivée ! Cela dit, il va être difficile de résister au retour de mes collègues de podium, les très expérimentés TuttoBene et Git4n (même caché derrière un mystérieux pseudo), et je pense que An Geansai Bui, le bien nommé, pourrait garder son maillot jaune jusqu'au bout de l'épreuve couronnant le triomphe de la celtitude sur l'édition 2018.

Sinon Eddy, en terme de bon plan, allez jetons une fleur à l'indéboulonnable coureur à 1 point, ce cher Kangert ! qui rafle le prix de la combativité et qui doit permettre à certain d'accrocher le bonus...

En fait, si on regarde bien, Quintana est plutôt un bon plan, surtout si on compare à des coureurs au prix similaire. On s'attendait plus evidemment, et pour le panache, on repassera, mais avec sa victoire et une cinquième place du général assez confortable, il va ramener largement plus de points que les innombrables mauvais plans à 30-36 millions, Fuglsang, Majka, Zakarin, Yates, pire Porte.