Voici le deuxième chapitre de notre bilan de la saison 2018 qui classe les coureurs, de manière subjective et peut-être de manière trop sévère ou trop généreuse, dans les top et les flop de l’année. Après les jeunes, poursuivons notre analyse avec les sprinters, ceux qui en fin de compte lèvent les bras plus souvent que les autres. Enfin, pas tous…

LE TOP

Elia Viviani 

Qui aurait cru qu'Elia Viviani serait devenu, au moins pour une saison, le meilleur sprinter du monde? Et pourtant, c'est bien ce qu'il s'est passé en 2018, grâce à une intégration parfaite dans la structure Quick-Step et un total de 18 victoires, dont 4 au Giro, 3 à la Vuelta et un titre de champion d'Italie. Sur les 35 sprints disputés cette saison, Viviani en a gagné plus que la moitié. Pas mal comme ratio. Mais malgré ça, l'image qu'on retiendra de lui, ce sont ses pleurs d'enfant après la deuxième place à Gand-Wevelgem. Du travail, des victoires, de l'humilité, de l'émotion et des points au Fantacycling. Que demander de plus!


André Greipel

Cela fait vraiment plaisir de classer le Gorille, probablement pour une dernière fois, parmi les tops de l'année. Les années passent pour Greipel et sa pointe de vitesse n'est plus ce qu'elle était. Mais, malgré ça, André c'est battu, a couru un nombre impressionnant de courses et récolte finalement 8 victoires. Pas mal pour un pré-retraité. Certaines stars du sprint en manque de confiance et de résultats devraient en prendre de la graine. 

Dylan Groenewegen

Avec 14 bouquets sur une saison, Dylan Groenewegen entre de plein droit dans la catégorie des tops de l'année. Oui mais... On reste un peu sur notre faim avec le sprinter de Lotto-Jumbo NL, car après un début de saison exceptionnel, Groenewegen s'est lentement éteint et a presque été décevant. en deuxième partie de saison. Après ses deux victoires d'étape et son abandon prématuré au Tour, il n'a plus été le même. Il n'a pas participé aux classiques pour sprinters, s'est fait battre à plusieurs reprises par des coureurs bien moins côtés que lui dans des courses à sa portée et termine peut-être sa saison avec plus de doutes que de certitudes. 

Sam Bennett

Coincé au sein de l'équipe Bora entre le Roi Peter Sagan et l'émergent Pascal Ackermann, Sam Bennett a parfaitement géré sa saison en privilégiant la qualité à la quantité. Résultat, très peu de jours de courses mais trois succès au Giro et trois au Tour de Turquie. Avec la victoire au Rund um Koeln en bonus, ça fait sept bouquets sur l'année et la confirmation qu'en terme de vitesse pure, il ne doit craindre personne.

Giacomo Nizzolo

Malgré une seule victoire au compteur, on a envie de saluer le retour de Giacomo Nizzolo au haut niveau, après une année 2017 pourrie, remplies de problèmes de santé. Après son succès au Tour de San Juan en janvier, on pensait que le sprinter italien pouvait rapidement revenir au niveau qu'il avait en 2016, mais on ne se remet pas aussi facilement d'une année blanche. Nizzolo s'est battu avec panache pour retrouver à nouveau le goût de la victoire. Il s'est lancé dans un nombre incalculable de sprints dans les tours d'une semaine, à la Vuelta, des courses d'un jour ou d'autres courses mineures, en récoltant 25 top-10 mais aucune victoire. Un top d'encouragement...
 

LE FLOP

Fernando Gaviria

Le jeune colombien était ambitieux en début de saison: classiques du Nord, Milan-Sanremo, le maillot vert au Tour de France et un titre symbolique de roi du sprint à portée de main. Des objectifs qui semblaient réalistes après son explosion en 2017. Mais la saison de Gaviria a été globalement décevante. Il a certes remporté deux étapes au Tour et endossé le maillot jaune, mais a quand même abandonné la Grande Boucle dès les premières montagnes, lui, le Colombien censé mieux digérer les cols que les autres jet-men. Et à part ça? Des victoires contre personne au Tour de San Juan et à la Vuelta Oro y Paz, et trois succès au Tour de Californie. Rien d'autre. A 24 ans, Gaviria a probablement mal vécu la saison incroyable de Viviani ou l'essor de ses jeunes co-équipiers Jakobsen et Hodeg. Ce n'est pas pour rien qu'il quitte Quick-Step pour rejoindre la Team UAE en 2019. 

Marcel Kittel 

Ce ne sont pas tellement les deux seules victoires de Kittel à Tirreno-Adriatico qui font tâche dans sa première saison chez Katusha, mais c'est surtout le faible nombre de top-5 réalisé par le sprinter allemand qui est inquiétant. Seulement huit places d'honneur, sans compter les deux succès... Cette stat signifie simplement que celui qui était encore considéré comme le meilleur sprinter du peloton il y a 12 mois, n'a que fait 10 sprints sur une saison. C'est très léger. Alors oui, le passage de Quick-Step vers Katusha n'est pas simple, surtout pour un coureur qui a besoin de beaucoup de soutien, mais on ne s'attendait pas à une telle catastrophe, à une telle absence d'envie, à un tel manque de plaisir. Kittel a arrêté les frais prématurément en terminant sa saison au mois d'août, pour faire quoi ? On se le demande... peut-être des pubs pour le shampoing Alpecin.

Nacer Bouhanni

Malgré une victoire d'étape à la Vuelta qui sauve un peu les meubles, 2018 est une des pires saisons depuis que le boxeur de Cofidis est passé professionnel. L'année avait mal commencé avec un rapport compliqué avec le nouveau boss de l'équipe Cédric Vasseur qui avait réduit le nombre d'hommes dans le train et l'avait mis en concurrence avec Christophe Laporte. Bouhanni a encaissé, à cause de certains problèmes de santé, il a vacillé, mais n'est pas tombé et a recommencé à donner des coups dans les catégories inférieures, tel un Rocky Balboa qui retrouve l'œil du tigre dans le ghetto d'Apollo Creed à LA... On était content à chacune de ses victoires aux Boucles de la Mayenne ou à la Route d'Occitanie, tellement son état désespéré nous faisait de la peine. Bon, il reste encore du chemin à faire avant de reconquérir le titre de champion, mais il ne pourra que faire mieux...

Phil Bauhaus

On pouvait s'attendre à ce que Phil Bauhaus poursuive sa progression après une année 2017 très prometteuse. Mais après un bon début de saison avec notamment une victoire à l'Abu Dhabi Tour, Bauhaus s'est littéralement éteint à partir du mois d'avril. Beaucoup de DNF et quelques problèmes de santé qui l'ont obligé de déclarer forfait pour la Vuelta, un de ses principaux objectifs de l'année. Il devra avoir la force de rebondir en 2019 pour ne pas rester un éternel espoir. 

Arnaud Démare

Classer Arnaud Démare parmi les flops de l’année peut sembler un peu sévère, car en remportant une étape à Paris-Nice, une au Tour de Suisse et une au Tour de France, Démare a fait le job. Il obtient également quelques belles places d’honneur dans les classiques de printemps et a fait le cannibale au Tour de Poitou Charentes, où il remporte toutes les 5 étapes et le classement général. Cependant, dans un panorama du sprint mondial qui se cherchait un nouveau roi, Arnaud Démare a renoncé à se porter candidat. Très irrégulier et souvent hors-jeu malgré une équipe entière à sa disposition, il a finalement peu gagné, et a rarement montré qu’il pouvait être un dominateur. Il a peut-être décidé de ne plus être un pur sprinter pour se concentrer sur les classiques, mais en attendant, force est de constater qu’il a quand même raté un coche.

Caleb Ewan

En voici un autre qui aurait pu ou aurait dû faire plus pour occuper les places vacantes dans le sprint mondial. Trois victoires sur une saison et sur un total de 21 sprints disputés, c’est trop peu pour une jet-man ambitieux comme Ewan. Si le choix de son équipe de tout miser sur le classement général dans les trois grands tours de l’année ne lui a pas facilité la tâche, sa non sélection pour le Tour est peut-être aussi due à l’absence de bons résultats dans la première partie de saison. Et l’absence de très bons résultats en deuxième partie de saison a peut-être aussi donné raison aux dirigeants australiens.

Mark Cavendish

Après une saison 2017 avare en satisfactions, on pensait que Cannonball pouvait difficilement faire pire. D’ailleurs, après avoir renoué avec la victoire en février à Dubai, le chemin du retour au plus haut niveau semblait bien entamé. Mais le sort s’est ensuite acharné sur le pauvre Cavendish. Contraint à l’abandon à cause de chutes dès la première étape de l’Abu Dhabi Tour et de Tirreno-Adriatico, le sprinter britannique n’a plus réussi à trouver une condition suffisante pour lutter pour la gagne. Il participe au Tour de France sans réelle préparation et obtient une huitième place comme meilleur résultat dans le sprints de la première semaine avant de subir l’humiliation du hors délais en solitaire lors de la 11ème étape. Sa saison se termine après sa 12ème place à la Ride London Classic, le 29 juillet. Il semblerait que le Cav ne s’est jamais réellement remis physiquement et psychologiquement de sa terrible chute à Vittel, au Tour 2017. On se demande alors pourquoi il continue sa carrière dans ces conditions et même si on comprend sa motivation et on lui souhaite d’encore lever les bras pour partir la tête haute, il faudra bientôt se préparer à saluer les adieux du meilleur sprinter de sa génération.

 

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