Après une journée de repos bien méritée, Foligno accueillait ce mardi le peloton pour l'important premier contre-la-montre de ce Giro. L'occasion pour certains de prendre du temps sur l'adversité, de revenir dans la course pour d'autres ou encore de perdre leurs dernières illusions pour les moins nantis d'entre eux. En archi-favori, Tom Dumoulin n'a laissé aucune chance à ses adversaires. Il s'impose autoritairement avec quasi une minute d'avance sur un Geraint Thomas revigoré et sur le désormais très tenace Bob Jungels. Le papillon de Maastricht s'empare évidemment du rose et possède désormais plus de deux minutes d'avance sur son plus proche poursuivant, Nairo Quintana.

On le sait, mais étrangement, il n'est pas toujours facile de se remettre en selle après une journée de repos. Censée soigner les petits bobos et les plus grands maux, cette salvatrice parenthèse n'a pourtant pas toujours le don de faire le plus grand bien à tout le monde. Qui plus est, quand elle est suivie d'un contre-la-montre relativement roulant, où seul contre tous, chaque coureur se bat contre un adversaire invisible. Elle a par contre ce pouvoir de revigorer les plus ou moins bien lotis de la première semaine et de galvaniser l'appétit des spécialistes du genre qui profite de l'occasion pour prendre ou reprendre du temps sur leurs comparses beaucoup moins à l'aise dans cet exercice si particulier.

Et celui qui s'affichait clairement comme le cador de la discipline n'a pas failli à sa légende et n'a, au final, laissé que des miettes à ceux qui pensaient pouvoir se mettre en travers de sa route. Tom Dumoulin a atomisé ses adversaires et, au vu de sa fantastique montée du Blockhaus ce dimanche, il se positionne désormais comme un solide prétendant à la victoire finale. Avec plus de deux minutes d'avance, il ne va pas être aisé d'aller reprendre du temps à celui qui s'affiche désormais clairement comme un des hommes forts de ce Tour d'Italie du centenaire. Nairo Quintana, délesté de sa tunique, aura bien limité les dégâts mais certainement moins que ce qu'il n'avait secrètement espéré. Pour les autres, les fortunes sont diverses. Le Top5 reste inchangé, Bauke Mollema profite juste d'un petit coup de mou de Tibopino pour s'emparer de la troisième place du Général tandis que Vincenzo Nibali se rapproche à quelques secondes du français.

Pozzovivo, Zakarin et Kruiswijk limitent les dégâts, mais la sensation du jour, c'est bien Geraint Thomas qui nous l'a offerte. Bien malheureux et atteint dans sa chair dans les Abruzzes, le gallois est pourtant loin d'avoir abdiqué. Auteur d'un excellent deuxième temps, le coureur de la Sky se repositionne en onzième position au Général et ne pointe désormais plus qu'à trois "petites" minutes du colombien de poche. Pour Bob Jungels, auteur du troisième temps, la journée aura également été prolifique. Désormais sixième, le talentueux luxembourgeois démontre qu'il n'est pas juste un oiseau pour le chat. La lutte est donc bel et bien engagée, et hormis les deux sprints de fin de semaine, il n'y a presque plus que de la montagne au menu. Indigeste pour certains, nuls doutes que pour d'autres, le Giro commence réellement maintenant. Le combat s'annonce palpitant et la moindre défaillance pourrait coûter très cher à celui qui aura le malheur de se relâcher en chemin.

Au Fantagiro, le divin chauve de Saint-Gilles, Premio, s'empare provisoirement de la première place du Général. Il devance la très remuante Tommekedue et le feu follet de la première semaine, Andiamo Wieler. On redoutait de devoir le dire un jour, mais c'est 1st Giro-it's alright, 2nd Giro-I'll lean right, 3rd Giro-hang on tight, faster-it's alright! qui remporte l'étape du jour… Qu'il n'y voit aucune malice, mais on espère vivement ne pas devoir trop compter sur lui ces jours prochains, ne fut-ce que pour ne pas meurtrir un peu plus nos pauvres petits doigts !  Parti pour mieux réapparaître, le condor de Roux-Miroir place Forza Wieler sur la deuxième marche, suivi à distance respectable par Ya les Hendek Qui Arrive et Tempesta sur la troisième.

Le bon plan du jour :

Son pari fou de passer d'un des meilleurs rouleurs du monde à un solide grimpeur est-il en passe de réussir ? Nombreux étaient ceux à en douter, mais force est de reconnaître que le batave s'affiche dorénavant comme un homme de classement général. Peut-être pas encore définitivement sur trois semaines, mais en tout cas, Tom Dumoulin (50 Fantamillions) paraît aujourd'hui plus fort que jamais et fait plus que justifier, pour le moment, l'investissement conséquent que 31 Fantateams ont bien voulu faire en le sélectionnant. Parmi les favoris, c'est lui qui compte le plus de Fantapoints et le matelas qu'il s'est ménagé lui promet assurément de radieuses et productives futures journées. C'est clairement bien parti pour lui, mais, l'unique question qui subsiste, c'est de savoir s'il survivra à une troisième semaine qui s'annonce dantesque.

 

Le mauvais plan du jour :

Bon, Tejay Van Garderen (23 Fantamillions) n'est pas celui dont on parle le plus, mais certainement pas celui dont on parle le moins non plus. Son capital sympathie, au-delà des aléas pas toujours très positifs qui lui collent à la peau depuis un temps certain déjà, n'a toutefois jamais été remis en cause. A 28 ans, "le meilleur potentiel américain depuis la génération Armstrong" a plutôt défrayé la chronique pour ses fameux coups de mou plus que par ses tours de force.  Mais, l'âge aidant, d'aucuns voyaient en lui un outsider de choix et, un peu comme Cadel Evans avant lui, un coureur, qui, loin d'être explosif, a au moins le mérite de bien se connaître. A l'aise sur tous les terrains, 22 Fantateams croyaient fermement en ses chances de bien figurer sur ce Tour d'Talie. Il n'en sera malheureusement rien, son crédit semble désormais épuisé et l'on souhaite au natif de Tacoma de démontrer, s'il en a encore l'occasion un jour,  qu'il n'était pas juste qu'une étoile filante qui n'aura jamais vraiment brillé au firmament de la constellation cycliste.

Comments

Bon résumé Eddy, tout est dit. J'ajouterais aussi que Matteo Pelucchi a terminé hors délai du contre-la-montre. On sentait venir la performance depuis quelques jours, mais finalement, il fait mieux que l'année passée lorsqu'il était hors délai à la sixième étape.

Bravo Eddy, tu l'as écrit en entier ! :-) 4 raisons pour des noms aussi longs:
- raison ludique: ça me plaît de penser que si je fais une bonne place sur l'étape, Lucho ou toi-même doivent se taper le nom du team à écrire;
- raison pratique: quand je vais sur la page 'classement', je trouve tout de suite mes teams, elles prennent deux lignes de texte contrairement à toutes les autres - quand il y a plus d'une centaine de teams, c'est plus simple;
- raison psychologique: ne pas rester figé sur le même nom trop longtemps, envie de renouvellement, tout ça... j'ai même abandonné mon vieux 'Gland-Wevegem' des fantaclassiques;
- raison ludique encore: je tente de faire sourire quelques fantamanagers avec mes calembours moisis et/ou des clins d'oeil musicaux ou cinématographique.
Voilà, ceci n'était pas une excuse, mais presque. Bel article de toute façon.