A la veille du Blockhaus, premier véritable juge de paix de ce centième Giro, le peloton s’élançait de Molfetta pour une étape qui s’annonçait nerveuse. Et c’est peu dire que les attaques pour faire partie de la bonne échappée ont fusé de toutes parts tout au long de ces quarante premiers kilomètres. Du beau monde parmi des fuyards qui n’auront cesse de se rendre coup pour coup pour maintenir un écart durement acquis et lever les bras en récompense ultime. Le rythme à l’avant est soutenu et personne ne semble vouloir se faire le moindre cadeau. Au final, probablement bien aidé par la chute de Valerio Conti, c’est le basque Gorka Izagirre qui tirera le mieux son épingle du jeu et qui s’impose brillamment après son frère Ion en 2012. Giovanni Visconti et Luis Leon Sanchez complète ce podium de vieux briscards, Bob Jungels se pavane, lui, toujours en rose.

Il était clair ce samedi qu’aucun favori n’allait s’échiner à perdre la moindre énergie à la veille de l’importantissime rendez-vous du monstrueux Blockhaus. Libres donc à leurs fidèles équipiers de prendre le bon train et de tenter leur chance, si ce n’est pour gagner, au moins pour tenir les cadors en respect. Forcément, chacun y va de son coup de force et ils sont finalement treize à se retrouver définitivement à l’avant de la course. La plupart des équipes sont représentées et les doutes quant à leurs chances de vaincre ne sont très vite presque plus permis. La lutte est âpre, la bataille fait rage et ils ne sont plus que quatre dans l’ultime difficulté à se battre pour la victoire finale. Très fringant et probablement le plus fort, Valerio Conti va malheureusement chuter dans un virage à un kilomètre du but. Izagirre ne laissera pas passer cette chance, il en remet une couche et s’envole pour le plus beau succès de prestige de sa carrière d’équipier modèle. Pour le reste, on continue de s’observer du coin de l’œil et Mikel Landa fut le seul des favoris à quelque peu secouer le cocotier. De guerre un peu lasse après une semaine de course en mode mineur, on entre enfin dans le vif du sujet ce dimanche, les masques devront inévitablement tomber et nuls doutes que les cartes risquent d’être redistribuées ce soir.

Au Fantagiro, Tommekedue démontre que les Classiques de Printemps ne font pas partie que de son seul registre et s’impose pour deux petits points devant Engaloche alors que Premio savoure son premier podium en terminant troisième. Au Général, les équipes de sprinters souffrent, Andiamo Wieler continue de faire le show pendant que Diablos et Tomyteam continuent de boire le thé ensemble. La donne risque d’être bien différente ce soir après l’ascension du Blockhaus et le passage par le non-moins célèbre village de Roccamorice, d’autant que se profile également ce mardi le premier contre-la-montre de ce Giro du centenaire.

Le bon plan du jour :

Enrico Battaglin aurait fort bien pu se retrouver à l’honneur une nouvelle fois dans cette rubrique, mais rendons hommage à un homme de l’ombre, Gorka Izagirre (24 Fantamillions), fidèle équipier parmi les fidèles. Au départ de ce Giro, comme au départ de la plupart des courses sur lesquelles il s’aligne, son rôle de grégario ne souffre d’aucun doute. Un peu comme son frère avant lui d’ailleurs, cette victoire pourrait lui offrir de nouvelles perspectives, lui qui a toujours œuvré pour ses nombreux leaders chez Movistar. A 29 ans, l’heure de prendre son envol a peut-être sonné pour le basque et les trois Fantateams qui l’ont choisi semblaient déjà ne pas en douter au moment de dépenser une somme considérable pour un second couteau dont la lame s’est aujourd’hui clairement affutée.

Le mauvais plan du jour :

Le pauvre Valerio Conti (7 Fantamillions) est passé par tous les sentiments ce samedi. Le coureur italien d’UAE Abu Dhabi avait flairé le bon coup en prenant tout d’abord le bon wagon et puis très vite senti que partir avec des gars comme Sanchez ou Visconti ne pouvait être qu’un bon plan. Il se voit même maillot rose virtuel de nombreux kilomètres durant. Très actif dans ce petit groupe, il doit malheureusement lâcher prise au plus fort de la pente, avant de revenir sur ses compagnons à la seule force de la pédale. Revigoré par son retour inattendu, il met la misère dans ce petit groupe et paraît même en être l’homme fort. La chaleur du bitume et son impétuosité lui ont malheureusement été fatales, la victoire s’est envolée et sa tristesse sur la ligne est à la hauteur de l’exploit à côté duquel il vient de passer.