Faire partie d'une échappée depuis le kilomètre zéro et s'adjuger les lauriers quelques 180 kilomètres plus loin, qui plus est sur une étape de montagne, relève souvent d'un exploit hors-norme. Et pourtant, c'est le numéro que nous a offert hier Jan Polanc qui, non content d'avoir juste pu montrer le maillot, s'est solidement accroché à son rêve et, malgré la souffrance terrible, a mené à bout son incroyable performance. Il s'adjuge donc la victoire au sommet du plus haut volcan en activité d'Europe au terme d'une chevauchée réellement fantastique. Ilnur Zakarin profite, quant à lui, du marquage des cadors pour prendre la deuxième place, tandis que Geraint Thomas remporte le sprint pour la troisième. Bob Jungels est le nouveau maillot rose.

Après avoir passé trois jours en Sardaigne, le peloton prenait le départ ce mardi de Sicile et se voyait déjà proposer, pour cette quatrième étape, les premiers contreforts montagneux avec l'Etna pour toile de fond. Autant dire que nos attentes étaient grandes de voir les premières attaques entre favoris fuser. Il n'a donc pas fallu attendre longtemps pour voir quatre valeureux combattants prendre la poudre d'escampette et se lancer à l'assaut d'une journée qui s'annonçait longue et difficile. Profitant des largesses du peloton, Jan Polanc, Pavel Brutt, Jacques Janse Van Rensburg et Eugenio Alafaci ont compté jusqu'à huit minutes d'avance sur un peloton mené tranquillement par les hommes du maillot rose et par ceux de l'enfant du pays, Vincenzo Nibali.

Petit à petit, vent contraire aidant, le groupe des fuyards se dissout à mesure que la pente se fait de plus en plus dure. Seul le slovène membre de l'équipe UAE Abu Dhabi, s'accroche et tient vaillamment tête à ses poursuivants. Fort de sa victoire sur le Giro 2015 il y a deux ans à l'Abetone,  célèbre col de Toscane, où il avait également conduit à terme une longue échappée, Jan Polanc y croit. Avec quatre petites minutes d'avance au pied de l'Etna, les dés étaient pourtant loin d'être jetés. Agonisant, au terme d'une montée épique et de "la journée la plus difficile de sa vie", il parviendra néanmoins à conserver 19 secondes d'avance et à s'adjuger un succès de prestige bien mérité.

Et tous les autres me direz-vous ! Et bien, tout le monde s'est jaugé, observé et, malgré quelques timides escarmouches, aucun favori ne s'est réellement découvert. Il est vrai que le contraire eut été étonnant, mais il ne nous aurait tout de même pas déplu de voir de quel bois certains pouvaient déjà bien se chauffer. A notre grand dam malheureusement mais ce n'est assurément que partie remise. Une nouvelle hiérarchie s'est cependant établie au Classement Général et c'est le bienséant Bob Jungels qui se pare de rose et de la tête de ce 100ème Giro. Après une campagne de Classiques menée tambour battant, l'équipe chère à Patrick Lefévere marque déjà de son empreinte ce Tour d'Italie. Et c'est sans aucun doute loin d'être fini.

Au Fantagiro, comme on pouvait s'y attendre, les équipes de sprinters ont fait ce qu'ils ont pu pour garder la tête hors de l'eau. Elles mènent toujours le bal mais sont désormais grandement mises en péril par d'autres Fantateams plus profilées montagne. Seules deux d'entre elles avaient d'ailleurs  eu la bonne idée de compter Jan Polanc en leurs rangs, donW et ElGranCombo. Et c'est donc sans réelle surprise donW, qui, pour quatre petits points, s'impose sur les terres du Requin de Messine. Ses dauphins sur le podium, grâce aux nouveaux leaders au Général, sont Team89-2, Diablos et Tomyteam.

Le bon plan du jour :

Indéniablement, Jan Polanc (7 Fantamillions) ne faisait guère figure de favori au départ de ce centième Tour d'Italie. Ceci dit, il ne l'est toujours pas… Il semblait même, pour ce prix  ne pas présenter une quelconque valeur ajoutée pour des équipes en quête permanente de bons plans. A 25 ans, l'ancien pensionnaire de Lampre-Merida n'était pourtant pas qu'un simple et anonyme grégario. Sa récente cinquième place au classement général sur le Tour de Croatie aurait d'ailleurs pu éveiller les soupçons des plus fins limiers du Fantapeloton. Car le slovène sait faire parler la poudre et il l'a démontré dans les Balkans. Pas moins de trois Top10 et une neuvième place au classement de la montagne auraient dû attirer un peu plus d'attention sur lui. Mais, apparemment, il en faut plus pour obtenir les faveurs d'un avide Fantapeloton qu'on sait très exigeant. L'avenir appartient désormais à ce jeune coureur slovène pétri de talent.

Le mauvais plan du jour :

Hormis le fait anecdotique que Vincenzo Nibali ne sera pas en rose ce matin dans son jardin, la perte de Javier Moreno, exclu du Tour d'Italie pour voies de fait, est, par contre, un sacré coup de tonnerre pour le Requin. Son précieux lieutenant, pour des raisons encore obscures, s'en est pris verbalement et physiquement à Diego Rosa à l'approche du final. L'italien aurait même tâté le bitume suite à son altercation avec le bouillant ibère. On en saura sans doute un peu plus dans les heures qui viennent, mais, quoiqu'il en soit, il s'agit d'un premier coup dur pour le tenant du titre qui se voit amputé d'un renfort de choix pour les futures étapes de montagne.

Comments

Effectivement, un petit gout de trop peu, même si ce classement m'arrange. On a l'impression qu'aucune équipe n'a vraiment les moyens de faire mal aux autres, à part peut-être les Sky (si Rosa ne se fait pas pousser et Landa n'a pas de crevaison) ou les Cannondale (mais qui n'ont pas le leaders).Le clm de mardi risque d'être d'autant plus décisif,