L’américain Tejay Van Garderen a remporté l’étape des Dolomites entre Moena et Ortisei en s’imposant devant son compagnon d’échappée Mikel Landa qui ne réussit décidément pas à lever les bras sur ce Giro. Tom Dumoulin a passé une journée relativement tranquille et maintient son avance au classement général.

Au Fantagiro, c’est l’équipe Macho Madness qui remporte son premier succès grâce au couple TVG-Landa accompagné de Zakarin, Quintana et Nibali. Invictus et Team Spritz complètent le podium du jour.

On attendait beaucoup de cette deuxième étape reine des Dolomites qui prévoyait cinq cols au programme entre la Val di Fassa et la Val Gardena. Surtout que l’étape était courte et que l’histoire récente des grands tours nous avait offert les plus belles bagarres sur ce genre de tracé. Mais Alberto Contador ne participe pas à ce Giro et personne n’a eu le cran d’attaquer réellement le maillot rose dès les premières rampes du Passo Pordoi. L’étape s’est ainsi déroulée sans grandes émotions, avec une course d’attente que certains risquent de regretter lorsqu’il faudra tirer les conclusions de ce Giro100. Finalement, Nairo Quintana et Vincenzo Nibali ont surtout montré une certaine impuissance face à Tom Dumoulin en pleine possession de ses moyens. La seule réelle attaque a eu lieu sur le Passo Gardena, le troisième col de la journée. Quintana et Nibali ont accéléré et ont trouvé sur leur route des équipiers partis en éclaireurs plus tôt. Le plan pouvait être parfait et faire mal au maillot rose qui se serait souvenu de cette maudite avant-dernière étape de la Vuelta 2015, surtout si ce groupe de Movistar et Bahrain Merida pouvait basculer et faire la différence dans la descente. Sauf que lorsque les équipiers de Quintana ont commencé à faire le rythme, celui-ci a clairement baissé, permettant à Dumoulin et aux autres leaders de revenir sur les attaquants au sommet du col. L’étape de jeudi a montré que Quintana est bien moins pimpant à ce stade de la course que lors de la montée du Blockhaus au début du Giro. Ses équipiers semblent aussi fatigués, car lorsqu’ils se sont mis devant dans la dernière montée, l’écart avec les derniers attaquants de la première heure, dont Mikel Landa et Tejay Van Garderen a sensiblement augmenté. Lorsque le Colombien a tenté une timide attaque à quelques kilomètres de l’arrivée, il a été repris par le groupe mené par l’équipier de Thibot Pinot, Sebastian Reichenbach. Avec tout le respect pour le coureur suisse, c’était quand même un clair signe de faiblesse.

Pendant que devant, Van Garderen s’imposait au sprint face à un Mikel Landa qui pourra se consoler avec le maillot bleu collé sur ses épaules, les derniers kilomètres ont été le théâtre d’une drôle de mascarade entre Dumoulin, Nibali et Quintana. Pendant que les Pinot, Pozzovivo, Zakarin, Kruijswijk et Mollema s’en allaient un après l’autre, les trois premiers du général ont joué au chat et à la souris. « Tu tire, t’es maillot rose ». « Non, c’est à toi de travailler, tu dois défendre ta troisième place ». Résultat des courses, Pinot et Zakarin se rapprochent effectivement du podium alors que Dumoulin ne devra plus que tenir deux étapes avant de faire son show sur le contre-la-montre de dimanche. On notera aussi que le grand perdant du jour a été Bob Jungels qui a été lâché sur le Passo Gardena, perd près de quatre minutes et recule à la 10ème place du général. Davide Formolo aurait pu connaître le même sort, mais bien aidé par Pierre Rolland, le jeune italien a limité la casse.

Saluons en tous les cas la belle victoire de Tejay Van Garderen, sa première sur une grand tour, qui sauve ainsi le Giro se son équipe BMC après un début catastrophique.

Au Fantagiro, ce sont évidemment les équipes ayant la paire Landa-Van Garderen qui se sont disputées la victoire. C’est finalement Macho Madness qui s’impose grâce aux points supplémentaires de Gaviria, Zakarin, Nibali et Quintana, alors que Invictus fait 19 points de moins avec Nibali, Pinot et Adam Yates. Team Spritz doit se contenter d’une troisième place, malgré une équipe comprenant Landa, TVG, Dumoulin, Kruijswijk et Zakarin. Quant à 1st Giro, il semble tout aussi inattaquable que Dumoulin. Avec presque tous les top-scorers dans sa team, il est tout simplement dans un fauteuil, même si Furupu Ichiban peut encore espérer que Thibot Pinot aille chercher l’exploit dans les prochains jours. Et attention, car la défaillance de Bob Jungels pourrait avoir une certaine importance au final.

Le bon plan du jour

Malgré cette victoire qui doit rendre le sourire à Tejay Van Garderen, on peut difficilement parler de bon plan pour l’Américain que certains attendait plutôt à la lutte pour une place dans le top-5 du général. Rendons donc hommage à son dauphin du jour, Mikel Landa. Après sa chute avant le Blockhaus, Landa semblait proche d’abandonner la course. Contrairement à son leader Geraint Thomas, il a serré les dents et est reparti à l’attaque dès que son état physique le permettait. Si la victoire d’étape lui a encore échappé, il obtient malgré tout son troisième podium et la victoire au classement de la montagne ne devrait pas lui échapper. Pour 13 millions, il a déjà rapporté 440 points pour le plus grand bonheur des 46 fantateams qui ne se sont pas posé trop de questions avant de miser sur le Basque. Leur seul regret, c’est de ne pas avoir vu Landa lutter pour le classement général, car avec la forme qu’il a montré, il aurait pu faire bien plus.

Le mauvais plan du tour

Andrey Amador a été la révélation du Giro 2015 et avait surpris encore plus en confirmant ses bonnes prestations l’année suivante. Il pouvait être un sérieux outsider ou en tous les cas un bon plan au Fantagiro, notamment avec le nombre élevé de kilomètres de contre-la-montre au programme. Sa place dans le top-10 du général en première semaine semblait confirmer cette analyse qui avait poussé neuf fantamanagers à dépenser 18 millions pour le Costaricain. Mais Amador a dû se plier aux ordres de son écurie et est devenu un simple équipier travaillant pour Quintana. Pire, il n’est même plus son dernier homme et à voir son coup de pédale dans le dernier col du jour, on comprend pourquoi.

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