Victoire en solitaire à Canazei du preux chevalier Rolland qui, au terme d’une échappée au long cours, s’offre un bouquet amplement mérité. Le français, tout en puissance, s’est extirpé à 7 kilomètres du but du groupe d’attaquants du jour et s’est vu récompenser de la plus belle des manières. Plus souvent qu’à son tour à l’attaque depuis le départ, Pierre Rolland, fou de joie à l’arrivée, met fin à deux ans de disette personnelle, sa dernière victoire remontant à 2015, mais également pour l’équipe Cannondale-Drapac qui n’avait plus remporté le moindre succès world-tour depuis tout ce temps. Rui Costa règle le sprint des battus devant Gorka Izagirre.

Journée de transition par excellence, cette dix-septième étape, marquée par une échappée fleuve de plus de quarante coureurs, aura eu le mérite de laisser le peloton des favoris tranquillement se reposer entre deux plats de résistance plus que copieux. On pouvait tout de même craindre le pire dès le départ, puisque deux ascensions de deuxième catégorie, après 3 kilomètres seulement, pimentaient le menu. L’occasion de mettre une nouvelle fois  le leader à mal, de mettre la pression sur celui qui, la veille, avait justement eu beaucoup de mal à contenir la sienne. Il n’en a rien été, le peloton a finalement laissé filer quelques téméraires dont Jan Polanc et … Maxime Monfort faisaient partie.

Une longue procession de 39 coureurs obtient finalement son bon de sortie et décide donc de se faire la malle dans la descente, puis dans la montée menant au pied du Passo del Tonale. L’entente n’est pas optimale, le groupe se scinde et se rescinde, mais au plus fort de sa fuite, les échappés compteront tout de même plus de treize minutes d’avance sur un peloton bien décidé à récupérer de ses efforts de la veille et à en garder sous la pédale pour une nouvelle apothéose ce jeudi. Leur seul fait d’arme aura été de protéger le classement au Général de leurs leaders respectifs, menacés par la présence devant des deux perturbateurs précités. La victoire s’est donc jouée aux avant-postes et le plus malin à ce jeu du chat et de la souris fut l’impétueux Pierre Rolland, bien décidé à démontrer qu’il était sans peur et sans reproche. Ceci dit, on n’a jamais vraiment compris non plus l’apathie du groupe de poursuite qui n’a eu cesse de se demander qui serait celui qui ferait le boulot pour rattraper le coureur de l’Hexagone. Malgré la présence de plusieurs membres de certaines équipes, personne n’a jamais vraiment voulu se sacrifier, laissant par la même occasion la victoire filer entre leurs doigts.

Ce jeudi, cinq difficultés répertoriées, mais non des moindres, pour seulement 137 kilomètres de course entre Moena et Ortisei. Difficile de faire mieux puisque se dresseront sur la route des coureurs le Passo Pordoi (1ère catégorie), le Passo Valparola (2e catégorie), le Passo Gardena (2e catégorie), le Passo Pinei (3e catégorie) et l'ascension de Pontives (1ère catégorie). Point de place pour les fébriles donc, il va y avoir du sport !

Au Fantagiro, victoire d’étape de Touzeti devant Buckler VC et Team spritz. Inutile de préciser que Rolland fut un allié de choix pour ces trois Fantateams. Au Général, 1st Giro-it's alright, 2nd Giro-I'll lean right, 3rd Giro-hang on tight, faster-it's alright! garde la tête, suivi de près par Touzeti et Furupu Ichiban. Pour ces trois-là, la voie vers Milan semble dégagée mais, qu’ils n’y voient aucune offense, Giro oblige, on espère légitimement que les choses vont encore bouger. On rêve d’assister à de grandes manœuvres aujourd’hui et de voir enfin les favoris se tirer la bourre comme si leur vie en dépendait. Car, quoiqu’on en dise, malgré quelques belles escarmouches, le spectacle offert n’a pas encore été tout à fait conforme à nos attentes et, avec le line-up présent, on est en droit d’attendre un peu plus que cette somptueuse descente du Requin de Messine il y a deux jours. A vos marques,…

 

Le bon plan du jour :

Pierre Rolland (14 Fantamillions) est enfin récompensé de ses efforts. Malgré un sens de l’attaque jamais remis en cause, sa dernière victoire remontait au Tour de Castille-et-León en avril 2015. Sa dernière désillusion, ce fameux mur qu’il heurte de plein fouet lors du dernier Tour de France dans la descente du col de Peyresourde. Opportuniste à souhait, Pierre Rolland fait partie de ceux qui ne se découragent pas à la moindre contrariété. Il conclut enfin son travail de sape et s’offre son premier succès sous les couleurs de sa nouvelle équipe. L’ancien pensionnaire d’Europcar, déjà troisième sur ce Giro, justifie par là-même, avec 282 Fantapoints dans la besace, l’investissement que 21 Fantateams ont eu la bonne idée de faire.

Le mauvais plan du jour :

Se battre pour la deuxième place, en certaines circonstances, n’est pas ce qu’on peut appeler quelque chose de déshonorant. Mais le spectacle offert par le groupe de poursuivants avait, ce mercredi, un je ne sais quoi de pathétique. Hormis le fait qu’on n’a pu apercevoir nos deux compères, Diablo et Torero et le coup de force de Pierrot, on s’attendait quand même à voir les poursuivants répondre à l’attaque du français et à se battre corps et âmes pour décrocher la timbale. Certaines équipes comptaient jusqu’à quatre coureurs d’une même formation. Alors, guerre d’égo probablement, manque de panache assurément, personne n’a jamais voulu prendre ses responsabilités et contester une victoire qui leur tendait pourtant les bras. Dommage, car l’occasion ne se présentera désormais plus et le sprint remporté par Rui Costa manquait réellement de la plus élémentaire des saveurs.

Comments

Bel article et joli titre, Eddy ! Deux choses: d'abord, le mec 'sans peur et sans reproche', c'est un autre chevalier, Bayard, pas Rolland - mais bon, c'est dans le même esprit (chevaleresque). Ensuite, sympa de prendre la peine d'écrire mon nom d'équipe en entier - allez, plus que 4 fois - enfin j'espère ;-)