Le Giro nous réserve décidément des surprises tous les jours. La 18ème étape entre Abbiategrasso et Prato Nevoso a en effet été marquée par deux grandes premières: une échappée matinale qui va au bout et une première légère défaillance du maillot rose Simon Yates.
Alors qu’on pensait que les jeux étaient faits pour la victoire finale, le premier jour du triptyque alpestre a complètement relancé les chances de Tom Dumoulin, désormais à 22 secondes du leader, mais aussi dans une moindre mesure, de Domenico Pozzovivo et Chris Froome. Après l’étape de mercredi courue à plein régime, les possibilités que le peloton laisse enfin partir une échappée étaient grandes. Surtout que parmi les premiers attaquants ne figuraient aucun coureur ayant un quelconque enjeu au classement général. On y trouvaient des coureurs pas vraiment habitués de ce genre d’échappée, comme Marco Marcato, Michael Morkov, Jos Van Emden ou Boy Van Poppel, mais aussi des baroudeurs plus attendus comme Davide Ballerini, Ruben Plaza, Maximilian Schachmann, Mattia Cattaneo ou les deux Wielier Alex Turrin et Giuseppe Fonzi. Le peloton a laissé filer les attaquants dont l’avance a rapidement dépassé les 13 minutes. Dans la montée finale vers Prato Nevoso, Mattia Cattaneo et Max Schachmann semblaient largement au dessus du lot, mais ce vieux briscard de Ruben Plaza qui paraissait vraiment à la peine au début de la montée, a fait l’accordéon pendant tout le col et semblait pouvoir jouer un mauvais tour aux deux jeunes après être revenu dans le dernier kilomètre. Mais Schachman avait le punch nécessaire pour placer une accélération dans les 300 derniers mètres et s’imposer devant Plaza et un Cattaneo clairement déçu de ne pas avoir offert une première victoire à l’équipe Androni.
Plusieurs minutes derrière eux, les favoris se sont testés en vue des prochaines terribles étapes. Et alors qu’on pensait que les pentes de Prato Nevoso n’allaient pas permettre de faire la différence et qu’on allait à la limite vivre une bagarre entre les hommes placés autour de la dixième position du général, la montée finale nous a offert un vrai feu d’artifice. Woet Poels et Miguel Angel Lopez ont été les premiers à attaquer. Mais le spectacle a commencé lorsque Tom Dumoulin a placé une première accélération à environ 2 kilomètres de l’arrivée. Yates et Pozzovivo étaient les seuls à suivre, mais lorsque Chris Froome est revenu et en a remis une couche dans la foulée, c’est le maillot rose qui a craqué. Yates a vite été distancé et n’a ensuite pas réussi à suivre Konrad, Bilbao et Carapaz pour finalement céder 28 secondes à Dumoulin, Pozzovivo et Froome. L’autre perdant du jour est Thibaut Pinot qui avait fait travailler ses équipiers au début de la montée, mais qui disparu dès que la bagarre a commencé. Le Français termine avec Dennis et Geniez à 48 secondes de Lopez et 33 secondes de Dumoulin, Pozzovivo et Froome. Il garde sa cinquième place au général, mais de justesse.
Evidemment, le coup de mou de Yates pourrait n’être que passager. Mais un écart de 22 secondes entre les deux premiers du général avant les deux étapes de montagne les plus difficiles du Giro, c’est une garantie de spectacle pour le dernier week-end de la course rose. Surtout que Yates a pris un petit coup au moral et la pression est à présent sur ses épaules. Et qui sait, Froome et Pozzovivo et pourquoi pas, Lopez, ne sont pas encore tout à fait exclus de la lutte pour le maillot rose, car une petite défaillance dans le Passo elle Finestre pourrait se payer en minutes vendredi. Profitons donc des derniers jours d’un Giro qui nous offert quotidiennement un beau spectacle pendant près de trois semaines. Et que le meilleur gagne.
Le meilleur au Fantagiro, on a un peu du mal à comprendre qui c’est. Pour une fois, il n’y a pas eu de changement en tête du classement général, mais Cyclo Marseille garde le fantamaillot rose pour trois petits points seulement. Les défaillances de Pinot, Dennis, Betancur ou Carapaz ne rassurent pas quelques teams du haut du classement et le craquage complet d’un poulain dans les prochains jours pourrait marquer la fin du rêve rose pour de nombreuses fantateams.
Le bon plan du jour
Après un début de Giro intéressant, grâce notamment à un bon contre-la-montre à Jérusalem, Maximilan Schachmann avait disparu du classement général avec l’arrivée des grandes montagnes. Il en a profité pour obtenir un peu de liberté et s’en aller remporter la plus belle victoire de sa jeune carrière. Après un bon printemps, il n’était pas donné, mais 560 points pour 18 fantamillions, c’est un rapport plus qu’honorable pour cette enième pépite découverte par Patrick Lefevere.
Le mauvais plan du tour
Les quatre fantamanagers qui ont déboursé 22 millions pour Patrick Konrad doivent vivre un Fantagiro très frustrant. L’Autrichien de la Bora fait un très bon Giro. Il est actuellement 10ème du général et fait partie, avec Bennet, Bilbao et O’Connor, de ces coureurs toujours là, accrochés en queue de groupe maillot rose, et qui luttent pour une place dans les dix premiers du général. Le problème, c’est qu’il ne rapporte presque pas de points au fantacycling. On le voit tout le temps, un peu discret, mais bien là, il donne beaucoup d’espoir, mais au final, il reste coincé à un total de 124 points. Dans le jargon fantacycliste, on appelle ça le syndrome Maxime Monfort...