C’est le non moins somptueux site du mont-Saint-Michel qui accueillait ce premier exercice en solitaire de la Grande Boucle 2013. Et c’est sur un parcours on ne peut plus plat que les spécialistes du genre allaient se battre à coups de secondes et plus que probablement de minutes pour la majorité des autres coureurs. Pour Tony Martin, l’occasion de démontrer que ses blessures du week-end d’ouverture sont derrière lui, l’objectif est simple, s’imposer. Pour Chris Froome, l’opportunité de creuser son avantage un peu plus et de se préparer un matelas confortable en vue des Alpes. Pour tous les autres, éviter de se retrouver complètement largué et entretenir l’espoir, si tel est le cas qu’il en reste un. Car, aucun des rivaux directs du kényan blanc n’excelle véritablement sur contre-la-montre. La tâche risquait donc d’être périlleuse pour les Valverde, Rodriguez et pour le prodige colombien, Quintana, dans une moindre mesure pour Contador et son acolyte et partenaire Kreuziger.

Le scénario était donc cousu de fil blanc. L’allemand a gagné mais il a eu chaud. Car aux deux premiers intermédiaires, Chris Froome faisait mieux que bien se défendre, il était devant. Martin n’en menait pas large et dut attendre les 500 derniers mètres pour s’assurer d’une victoire durement mais méritoirement acquise. 11 secondes séparent les deux hommes à l’arrivée et le troisième, l’inattendu Thomas De Gendt, est déjà à une minute du duo précité. Ceci dit, belle perf du belge qui pourrait bien revenir en grâce en troisième semaine et jouer les trouble-fêtes. Magnifique prestation également de la grande révélation venue de l’Est, le polonais Kwiatkowski qui termine à une très belle cinquième place, récupère le maillot blanc et s’installe à la septième place du Général. La Pologne tient son prodige. Impressionnant ! Tous les autres limitent la casse avec plus au moins de bonheur, Valverde, Contador et Kreuziger perdent 2 minutes sur Froome, Mollema, un peu moins, Rodriguez, Quintana ou Daniel Martin, un peu plus.

Tout ce petit monde se retrouve à plus de trois minutes et plus du coureur de la SKY au Général. Ca va être chaud, Froome paraît inébranlable mais n’est pas à l’abri d’un jour sans. Espérons que la course se décante rapidement, que les Alpes soient le vrai juge de paix et qu’on ne se batte pas déjà dans les autres équipes pour autre chose qu’une place d’honneur.

Au Fantatour, deuxième victoire d’étape pour Torero qui s’offre le scalp des vieux roublards que sont Tomyteam et, surprise, Eddy Breckx. Surebet, sans doute le plus malicieux, complète à merveille ce podium alliant  fougue de la jeunesse et sagesse de vieux briscards.

Au Général, toujours pas de gros changements hormis Topploeg qui sort d’un podium sur lequel il était installé depuis la deuxième journée. Mais les différences de points restent minces, tout peut changer très vite, les choses peuvent encore rapidement basculer. Une hiérarchie commence à s’installer chez les leaders, on semble commencer à y voir plus clair, mais qui sait ce que nous réserve la troisième semaine.

Classements complets du Tour

Le bon plan du jour

On l’avait d’abord considéré comme un mauvais plan, mais Thomas De Gendt (9 Fantamillions) semble quelque peu renaître de ses cendres. Guère en verve depuis le début de la saison, son Tour avait également bien mal commencé et l’on ne donnait pas cher de la peau du troisième du Giro 2012. Il pourrait prendre une autre tournure dès la semaine prochaine et sa troisième place aujourd’hui, pourrait être le signe annonciateur d’une forme enfin retrouvée.

Le mauvais plan du Tour

Qu’on l’aime ou ne l’aime pas, Cavendish reste un des personnages les plus charismatiques du peloton. Sans lui, les sprints, c’est comme un paquet de frites sans sel. Ca n’a pas le même goût,. Probablement le plus doué de sa génération, il allie classe, placement et une explosivité fantastique. Mais il arrive aussi qu’il commette quelques écarts qui ne lui ont pas valu que de la sympathie. De là à ce qu’il se fasse huer et insulter sur son passage et  à ce qu’on lui balance de l’urine  en signe de mécontentement, il y a une marge et des limites que d’aucuns n’auront pas hésité à franchir aujourd’hui. Dommage et pathétique.