Excuse me while I kiss the SKY, aurait déclaré le nouveau roi de la pédale Wawa en franchissant la ligne ce jeudi! Le français se pare des lauriers au sommet du col de légende de l’Izoard, après avoir tout simplement déposé son petit monde dans les derniers kilomètres de l’ascension. Il devance le vaillant Darwin Atapuma et Romain Bardet, qui profite de sa troisième place et des bonifications, pour se replacer comme dauphin de Froome au général. Le kenyan blanc est plus que jamais en jaune.

Les derniers contreforts alpins derrière eux, les coureurs achèvent tout doucement leur longue route vers Paris. Cette ultime étape de montagne leur offrait donc l’occasion de secouer une dernière fois le cocotier et de tenter de chambouler le classement général. Les jambes fatiguées mais le mental loin d’être résigné, on pouvait s’attendre à une dernière levée de boucliers de la part des favoris. De guerre un peu lasse néanmoins, chacun a jeté ce qu’il lui restait dans la terrible montée de l’Izoard.
 
C’était aussi l’instant pour ceux qui ne s’étaient pas encore montrés de marquer de leur empreinte un Tour décidément bien palpitant. Une échappée fleuve de près de soixante coureurs prend rapidement le large et s’efforce de mener à bien sa petite entreprise. Mais les cadors contrôlent sous l’impulsion de l’équipe AG2R décidément bien en jambes et regardent de loin les fuyards s’écharper. Un travail de sape de la fort séduisante équipe française qui finira par porter ses fruits et verra les échappés se faire progressivement reprendre et le peloton se morceler. Hormis deux ou trois valeureux téméraires qui ont tardivement joué les trouble fête, la bagarre finale pouvait finalement avoir bien lieu.
 
Et le premier à avoir lancé un pétard ne fut autre que le biensaillant Warren Barguil. Pour celui qui se voyait contraint de mettre pied à terre il y a quelques mois de cela, le rêve continue. A partir du moment où il s’est dressé sur ses pédales, on ne l’a plus jamais revu. Mikel Landa a bien tenté en vain de rejoindre le plus hendrixien des coureurs de la caravane, il n’en fut rien. Le français s’offre de la plus belle des manières et avec un extraordinaire panache son deuxième bouquet sur cette Grande Boucle. Bravo l’artiste, c’est mérité, le maillot à pois est sans aucun doute celui qui a montré les plus belles prédispositions dans ce registre si spécifique! Au rang des leaders, les cartes ont assurément été définitivement distribuées aussi. On ne prendra plus le maillot de Tintin et ses deux plus forts adversaires auront bien été Romain Bardet et Rigo Uran. Chacun y sera allé de son riff de guitare le plus tranchant pour déstabiliser l’autre, mais il était écrit, comme souvent au bout de trois semaines, qu’il est très difficile d’avoir encore suffisamment d’énergie pour faire la différence. Pour Fabio Aru, le podium s’est définitivement éloigné. Dommage, mais on n’en tiendra pas rigueur au sarde qui, lui aussi, revient de loin. Imaginez un instant ce qu’on aurait pu vivre sans l’abandon prématuré des Valverde et autre Porte, sans les défections de Quintana, Pinot et autre Contador… C’est peu de dire qu’il avait de la place sur ce Tour ! Il nous reste cependant encore le contre-la-montre de samedi pour vibrer et espérer un improbable renversement de situation. Quoiqu’il en soit, nous sommes réconciliés avec le Tour trop souvent stéréotypé et par trop souvent soporifique ces dernières années.
 
Là où les choses sont loin d’être jouées, c’est au Fantatour. Froome, Bardet et Barguil permettent à #Chaudières de l’emporter devant Buckler VC et Team Sunweb B2H. Dynamo Cyclo mène toujours la danse au Général mais se demande s’il a bien fait de déjà mettre le champagne au frais. Tartagueule et Team23 restent dans son sillon, mais le coup de moins bien de Aru pourrait leur coûter cher au moment du décompte final. Le sprint dans les rues de la cité lumière risque bien d’être torride.
 
Le bon plan du jour
 
Romain Bardet (50 Fantamillions) manque peut-être de charisme, mais ce dont il ne manque certainement pas, c’est de talent. Le protégé de Lavenu est tout simplement chatoyant depuis que la montagne s’est immiscée sur le Tour. Son équipe n’y est certes pas étrangère, mais la maestria avec laquelle il a mené sa barque tout au long de ces trois semaines est tout bonnement magnifique. Sans cesse au taquet, il n’a pas peur de prendre des risques et de se mettre à nu dès que la route s’élève. Il ne lui reste plus beaucoup de marches vers le sommet à franchir, et indubitablement, on en reparlera très vite.
 
Le mauvais plan du jour
 
La Movistar n’aura donc pas eu l’occasion de se montrer sous son meilleur jour sur ce Tour de France 2017. La faute à pas de chance, assurément, mais également à un manque flagrant de clarté et d’impétuosité au sein même de son effectif. On se repose sur ses lauriers, on reconduit ce qui a toujours fonctionné, mais on n’insuffle que trop rarement du sang neuf dans un effectif vieillissant. Ion Izagirre est parti sous d’autres cieux tandis que les pépites que sont Soler et Fernandez doivent patiemment attendre leur heure. C’est sans aucun doute dommageable pour une si grande équipe qui n'aura pu lever une seule fois les bras et qui traverse ce mois de juillet dans un anonymat que l’on ne lui connaissait pas. Vivement la Vuelta !
 

Comments

Ce sera toujours moins suspect que ces gens qui continuent à brandir des pancartes Vittel totalement illisibles. Là-dessus je me pose beaucoup, beaucoup de questions.

Évidemment qu'il est top Romain. Un jour il a utilisé "rédhibitoire" lors d'une interview. Les journaleux de l'Equipe et de France Télévisions venaient d'apprendre un nouvel adjectif, faut voir comment ils en abusent aujourd'hui...

Et sinon je suis plutôt d'accord avec Eddy (pas mon Breckx, hélas, mais l'autre), qu'est-ce qu'on s'emmerde sur ce Tour. Vivement Dwars door Het Haageland, qu'on voit du vrai vélo.