Si l'étape pyrénéenne de samedi avait offert un spectacle exceptionnel, celle de dimanche entre Sabiñanigo et Sallent de Gallego a été tout aussi extraordinaire. Et ce, grâce à Alberto Contador et Nairo Quintana qui ont attaqué dès le septième kilomètre de la course en compagnie de plusieurs équipiers et d'autres attaquants se trouvant au bon endroit et au bon moment. C'est un d'entre eux, Gianluca Brambilla, qui remporte l'étape du jour devant le maillot rouge Nairo Quintana qui a réussi à prendre près de trois minutes à Chris Froome. Le leader de Sky reste malgré tout deuxième du classement général. Un classement général qui a subi pas mal de chamboulements suite à cette étape de montagne courue à une moyenne de près de 40 km/h! Et ce chamboulement mélange évidemment les cartes de la Fantavuelta, car les équipes de tête ayant le trio Quintana-Froome-Valverde sont soudainement en perte de vitesse. C'est d'ailleurs Xipho3, une équipe avec Quintana, Froome, Contador, De la Cruz et Fraile, qui remporte l'étape du jour devant Plus Team et Bjorn Borg.

La veille de la 15ème étape de cette Vuelta, les plus optimistes parmi les fans d'Alberto Contador espéraient revivre les émotions de l'étape de l'Alpe d'Huez du Tour 2011, celle où grâce à une attaque dès le premier col d'une étape de montagne très courte, le Pistolero avait réussi à faire craquer le maillot jaune Thomas Voeckler malgré ses grimaces et son grand plateau. Le profil de l'étape était effectivement similaire, avec trois cols sur 114 kilomètres, mais cette fois, il n'a pas fallu attendra la première montée pour voir Contador et les siens semer la pagaille et créer les conditions propices à une étape légendaire. El Pistolero a en effet lancé les hostilités dès le septième kilomètre, suivi du maillot rouge Nairo Quintana et de douze autres coureurs. Derrière eux, le peloton a vite explosé avec un premier groupe comprenant Froome et deux de ses équipiers, ainsi que les Orica de Chaves et Yates et la majorité des autres leaders du général. Mais la plupart des coureurs Sky, dont le cinquième du général Leopold Konig, se sont trouvés piégés dans un troisième groupe et ont été obligés de chasser dès le début de l'étape sans aucun soutien.

Le groupe de tête a mis un tempo d'enfer, surtout grâce aux excellents rouleurs comme Trofimov, Rovny et Boaro de Tinkoff ou les équipiers de Quintana Castroviejo et Fernandez. Le groupe de tête comptait aussi les duos de chez Cannondale Moser et Formolo, de chez Etixx-Quick Step Brambilla et De la Cruz, ainsi que les deux prétendants au maillot de meilleur grimpeur Fraile et Elissonde. Certains ont plus collaboré que d'autres, mais toujours est-il que les secondes d'avance se sont vite accumulées. Surtout que derrière, Lopez et Puccio se sont épuisés, alors que les Orica payaient visiblement les efforts de la veille et peinaient à organiser la poursuite. On a également assisté à un véritable chef d'œuvre tactique de Valverde et des Movistars qui, placés en tête du deuxième groupe, ont cassé le rythme des poursuivants en s'intercalant entre les relayeurs, voir en tentant des fausses accélérations ou attaques censées ralentir la troupe dès le regroupement. Du grand art! Les 30 premiers kilomètres de cette étape étaient tout simplement un très grand moment de cyclisme.

Le groupe Froome-Chaves a finalement réussi à maintenir un écart autour des deux minutes pendant la plus grande partie de l'étape, notamment grâce à l'aide généreuse des Astana dont la seule raison officielle de rouler était la défense de la place de Michele Scarponi dans le top-10 du général. Mais l'attaque de Contador et Quintana a fait très mal, surtout au moral de Froome qu'on n'avait jamais vu aussi isolé. Le britannique a d'ailleurs fais les frais d'une étape massacrante dans la dernière montée, où il a été lâché par Chaves, Sanchez, Talansky, Scarponi et Valverde, alors que devant, Nairo Quintana s'envolait avec Brambilla dans sa roue. C'est finalement l'italien qui remporte l'étape, probablement aussi parce qu'il a été un des attaquants à avoir pris le moins de relais. Quintana a réussi à prendre une avance confortable sur Froome en vue de la dernière semaine et pourra à présent contrôler la course sans trop de tracas. Ironie du sort, Alberto Contador n'a finalement pas été le grand vainqueur du jour, malgré le fait qu'il ait encore une fois montré ses capacités d'improviser des attaques sur tous les terrains. Il voulait la victoire d'étape et il s'est accroché à Quintana et Brambilla, mais il lui aura de nouveau manqué un kilomètre pour rester avec les meilleurs. La dernière cartouche n'est pas partie, pire, Contador termine derrière Felline, Elissonde et De la Cruz. Il lui reste la satisfaction d'avoir gagné trois places au classement général et de s'être rapproché du podium. Un podium sur lequel se trouvent encore Chris Froome et Esteban Chaves, mais les écarts sont à présent minimes. Et quelque chose nous dit que l'étape de dimanche se fera encore sentir dans les jambes et dans les têtes les prochains jours.

Le concours de la Fantavuelta passe évidemment un peu au second plan face à de tels exploit, mais il faut bien mentionner que c'est Xipho3 qui remporte l'étape du jour avec les points obtenus par Quintana, Contador, Froome, De la Cruz et Fraile. Plus Team (Quintana, Chaves, Contador, De la Cruz et Fraile) et Bjorn Borg (Quintana, Chaves, Contador, De la Cruz et Talansky) complètent le podium du jour alors que la Team Vuelta résiste plutôt bien en tête du classement général. Mais la situation a changé, même si le fait que Froome ait maintenu sa deuxième place offre encore un bol d'air aux équipes ayant dominé la Fantavuelta jusqu'à maintenant. On sait que Valverde et Konig ne sont plus dans le top-15 du général. Des coureurs comme Samuel Sanchez, Talansky ou De la Cruz, sont bien classés à présent, mais restera-t-il assez de temps pour voir un regroupement général avant le sprint final à Madrid?

Le bon plan du jour

Plus que le vainqueur du jour Gianluca Brambilla, qui coûtait quand même 38 millions et n'a rapporté que 239 points pour le moment, nous souhaitons mettre en avant un autre italien qui est en train d'impressionner sur cette Vuelta: Fabio Felline. Deuxième du sprint massif à Lugo lors de la cinquième étape, troisième le jour suivant à Luintra derrière Yates et Luis Leon Sanchez, troisième à Bilbao dans un sprint réduit et troisième de l'étape pyrénéenne. Il ne lui manque plus qu'un top-5 dans le contre-la-montre et il aura droit au prix spécial du coureur le plus complet de la Vuelta… S'il lui manque toujours une grande victoire, Felline montre qu'il est bien plus qu'un semi-sprinter et qu'il pourra aller très loin dans le futur, notamment dans le classiques vallonnées. En attendant, pour 30 millions, il a déjà rapporté 368 points aux trois fantateams qui l'ont engagé.

Le mauvais plan du tour

Difficile de taper sur un mauvais plan lors d'une journée aussi magique. Mais puisqu'il ne nous reste plus beaucoup de jours pour parler des coureurs qui ont rapporté moins de ce qu'on attendait, profitons-en pour mentionner Pierre Latour. Le jeune grimpeur de l'Ag2R avait séduit 9 fantamanagers prêts à dépenser 23 millions pour un coureur qui participait à son premier grand tour. Le pari était risqué mais le potentiel de Latour n'était pas moindre. Sauf que pour l'instant, le Français semble souffrir le rythme de la grande compétition et, à part les 15 points qu'il a rapporté aux Lagos de Covadonga, on ne l'a pas beaucoup vu.

La question du jour

Et si les organisateurs de la Vuelta avaient appliqué le règlement à la lettre et avaient déclaré les 93 coureurs du "groupe Konig" hors délais, car arrivés 53 minutes après le vainqueur? Le risque d'un hors délai massif existe toujours dans les étapes courtes, mais lorsqu'elles sont courues à rythme fou, c'est presque inévitable. Le bon sens a prévalu et tout le monde est encore là, mais on aurait quand même bien rigolé de voir Chris Froome terminer la Vuelta sans aucun équipier… L'armada vaincue…

Comments