Au terme d'une étape assez emballante et d'un numéro digne des plus grands héros, Alexey Lutsenko décroche la timbale en or. Déjà membre de l'échappée matinale, le kazakhe s'en est allé à 30 kilomètres de l'arrivée en compagnie du surprenant Marco Haller et s'est imposé de manière plus que convaincante au sommet de la Ermita Santa Lucia. L'érythréen, Merhawi Kudus, deuxième sur la ligne, n'a rien pu faire pour reprendre le stakhanoviste de l'équipe Astana, tandis que Marc Soler termine à une méritante troisième place.

Cinq ascensions répertoriées jalonnaient le parcours d'une cinquième étape qui s'annonçait explosive. Point d'escalade de hauts sommets mais une succession de cols pentus relativement courts, si caractéristiques à l'épreuve espagnole. Et surtout, cerise sur le gâteau, la dernière montée vers Ermita Santa Lucia et ses 3,5 kilomètres à 10 % de moyenne. Un scénario de rêve pour les baroudeurs-puncheurs et autres déçus désireux de déjà devoir s'amender de leur départ quelque peu décevant. Seize hommes décident en deux temps de prendre le large et de tenter leur chance dans le cagnard ibérique. Le peloton les a longtemps tenus à portée de fusil et on a longtemps cru que les efforts des fuyards seraient vains.

Loin s'en faut, car, petit à petit, non contents de maintenir l'écart, les échappés confortent progressivement leur avance. Membre de l'échappée, Jetse Bol, virtuel maillot rouge, pouvait se frotter les mains et se voyait déjà troquer son maillot rose Manzana pour celui de leader. Chris Froome semblait ne pas vouloir conserver les rênes de la course et un mouvement de flottement et de désinvolture a tout un temps animé le groupe de poursuivants. Pendant ce temps, la course se décantait à l'avant, chacun y allant de son attaque, ce qui provoquait inévitablement des cassures au sein de l'échappée.

Les plus forts étaient devant, nul doute que le vainqueur s'y trouvait et, quand Lutsenko décida de produire son effort, nombreux étaient pourtant ceux à encore imaginer pouvoir reprendre le kazakhe et à rêver d'une magnifique victoire de prestige. Il n'en fut rien tant le pensionnaire de l'équipe Astana a été époustouflant. Au bout d'un sublime effort, il franchit la ligne en solitaire et décroche le plus beau succès de sa carrière.

Mais une autre bataille allait se jouer un petit peu plus bas. Au pied de la dernière ascension, le tempo s'accélère sous l'impulsion  de la Sky et du puissant Gianni Moscon. Le peloton implose de toutes parts, le rythme est élevé et nombreux sont ceux à souffrir et à marquer le pas dans ces pentes on ne peut plus exigeantes. Froomey y va alors de son attaque et seuls Chavès, Contador, TVG et Woods parviennent à le suivre. Derrière, même si les écarts sont loin d'être conséquents, c'est l'hécatombe. Bardet explose, Nibali et De La Cruz souffrent, Aru s'accroche là où Roche décroche… Bref, c'est un véritable feu d'artifice et on ne pas vraiment dire cette fois qu'il s'agissait de pétards mouillés. Quelle fin d'étape ! Froome conforte donc sa place de leader, Van Garderen le suit à 10 secondes, lui-même talonné par Chaves une seconde plus loin. Et pour couronner le tout, El pistolero renaît de ses cendres et démontre qu'il n'est pas encore un homme mort. Madre de Dios, Vuelta esto es caliente !

A la FantaVuelta, contrairement au verdict de la route, les Fantateams se sont livrées une bataille un rien plus rangée. Au général, les choses n'ont guère évolué, si ce n'est la passe d'armes entre Our Frank et Amstrong,TheTruand. !KAPOW! enlève l'étape, Les chargés et Un Autre Lemond Est Possible l'accompagnent sur le podium. Inutile de préciser que deux de ces trois Fantateams comptaient évidemment Lutsenko en leurs rangs.

 

Le bon plan du jour :

Alexey Lutsenko (23 Fantamillions) ne comptait encore aucune victoire cette année. Pourtant, l'ancien champion du monde espoirs est une pépite qu'il convient, certes, d'encore un peu polir. Très bon rouleur, il compte déjà, à 24 ans, quelques jolis faits d'armes. Victoires Sur Paris-Nice et au Tour de Suisse, il a aussi terminé, cette année, troisième d'A travers la Flandre. Neuvième du classement des jeunes sur le dernier Tour de France, Alexey Lutsenko devrait sans nul doute encore faire parler de lui dans les années à venir. Cinq Fantateams se réjouissent en tout cas de l'éclosion de ce nouveau forçat de la route.

 

Le mauvais plan du jour :

Rafal Majka (36 Fantamillions) avait tout pour plaire au départ de ce Tour d'Espagne. Leader incontesté de l'équipe Bora-Hansgrohe et après un Tour de France en demi-teinte où, malade, il avait également souffert de malchance, on le pensait ressuscité après un Tour de Pologne relativement convaincant. Même si son sens tactique n'est pas des plus affuté, ses talents de grimpeurs ne sont plus à contester. Cinquante Fantateams voyaient en lui l'élément perturbateur qui pouvait bouleverser la hiérarchie. Malheureusement, déjà à la peine à Andorre lundi, étrangement absent lors de l'étape vers Tarragone mardi, il a complètement explosé aujourd'hui. Le Général s'envole définitivement pour le polonais. Mais, tout espoir de défrayer l'autre chronique n'est pas perdu pour le polonais, qui se retrouve dorénavant dans un rôle qui lui sied probablement plus, celui de chasseur d'étape. C'est en tout cas tout le mal qu'on lui souhaite.