Miguel Angel Lopez remporte magistralement une étape on ne peut plus fantastique. Le prodige colombien de 23 ans a su mettre à profit toute l'étendue de son talent au sommet de l’Alcar Alto pour prendre le dessus sur un petit groupe dont Froome, Nibali et Kelderman faisaient également partie. Le profil dantesque de la dernière montée  a d'ailleurs fait de gros dégâts au sein du peloton et il est clair que cette journée risque bien de laisser des traces chez pas mal de coureurs. Le classement général s'en retrouve bouleversé, la vraie bagarre a enfin commencé, même si Froome consolide encore un peu plus son maillot de leader.

La tension est palpable au départ de Lorca ce mercredi pour ce qui sera la première véritable  étape de haute-montagne de cette Vuelta. Il faut dire que les températures ne sont guère de saison, à peine 10 degrés, et c'est même sous une bonne vieille drache typiquement belge que le peloton s'élance pour une journée qui s'annonce dantesque. Il ne faut pas attendre longtemps pour voir les premières velléités offensives et les premières tentatives d'échappée. Ca roule vite, très vite même, la bataille fait rage, mais il faudra attendre les 50 kilomètres de course pour voir 14 téméraires, et non des moindres, prendre la poudre d'escampette. Comme à son habitude, le peloton laisse alors filer mais garde néanmoins un œil attentif sur les fuyards dont Igor Anton, à 6 minutes au général, fait partie. L'écart ne dépassera pas beaucoup plus que quatre minutes, moment choisi pour l'équipe Orica-Scott de mettre la machine en marche.

Sentant le danger venir de derrière, Romain Bardet augmente l'allure aux avant-postes et morcelle le groupe de fuyards. Le temps également pour Simon Yates de porter la première estocade et de rejoindre les quelques valeureux qui ont suivi le français dans sa tentative d'évasion. Dans le peloton, les trains se mettent tranquillement en place pour les leaders et la sérénité reste de mise. Le rythme est encore relativement modéré et c'est avec 2min30 que les échappés abordent la dernière difficulté du jour, la montée vers l'Observatorio Astronómico de Calar Alto et ses 15,5 kilomètres à 5,9%.

Bardet et Atapuma ne sont très vite plus que deux en tête mais les accélérations successives de Contador et de Nibali semblent inéluctablement condamner la réussite de leur raid en solitaire. Le peloton explose de toutes parts, de nombreux favoris sont à la peine et on retrouve de multiples petits essaims de coureurs s'échinant à ne pas perdre le contact avec les hommes forts. Le Squale de Messine, décidemment fort véloce, continue son travail de charpentier, Froome semble à la peine et ils ne sont bientôt plus que 7 à se jouer la victoire. La lutte est âpre et la guerre des nerfs bat son plein. Ca attaque, ça contre, ça craque, ça s'accroche et c'est finalement Miguel Angel Lopez qui s'envole définitivement et qui tire avec brio les marrons du feu. Le colombien peut exulter car l'exploit est de taille. Chris Froome, qu'on croyait en difficulté, revient du diable vauvert et décroche la deuxième place devant l'autre grand animateur de la journée, Vincenzo Nibali.

Wilco Kelderman, illnur Zakarin, Alberto Contador et, dans une moindre mesure, David de la Cruz sont les autres grands bénéficiaires de cette exaltante étape. C'est par contre la soupe à la grimace pour Esteban Chavès et les frères Yates, Fabio Aru et la team BMC, incapables de suivre au plus fort de la pente. Surprenant de la part d'Orica, qu'on a cru avoir les bonnes cartes en main et qui a eu le mérite de tenter, mais qui ne doit son maigre salut qu'au surprenant Jack Haig. Pour Roche et Van Garderen, dont la tactique semblait une nouvelle fois approximative, aucune excuse n'est à faire valoir, c'était tout simplement trop dur pour eux. La donne a donc fondamentalement changé et les cartes sont assurément redistribuées. Plus le temps de musarder, la cloche a sonné et les prochaines journées risquent bien de nous offrir un spectacle que seul le Tour d'Espagne peut nous réserver.

A la FantaVuelta aussi la guerre de tranchées a commencé et comme on le disait hier, on sait que la roue peut vite tourner. C'est un peu le cas aujourd'hui et, fait on ne peut plus rare, ils sont trois à monter sur la plus haute marche du podium. Furupu, Cachef et Eddy Breckx, avec des équipes identiques à peu de choses près, réussissent l'exploit de placer quatre hommes aux quatre premières places de l'étape et de bouleverser le classement général avec quatre hommes aux six premières. Et quand on sait que cinq secondes séparent le troisième du sixième au général, on se dit que l'addition aurait pu encore être plus lourde. Mbappe est deuxième, mais il ne lui aura vraiment pas manqué grand-chose pour rabattre les oreilles des 3 Fantateams précitées. Il se place, par contre, idéalement au général en prenant également le deuxième accessit. Echappée Belle1 prend quant à elle la troisième place malgré un Fantascore qui en ferait pâlir plus d'un. Diabolik mène toujours confortablement le Fantaclassement général, mais il doit doucement commencer à se méfier du retour d'avides et intraitables Fantateams aux dents assérées. La route est encore longue mais elle sera loin d'être ennuyante, soyez-en sûrs !

Le bon plan du jour :

Miguel Angel Lopez (15 Fantamillions) est une pépite qui n'aura pas mis longtemps à éclore. L'ancien vainqueur du Tour de l'Avenir aurait même pu défrayer la chronique bien plus tôt si la malchance et la maladresse n'avaient pas jalonné ses débuts au plus haut niveau. De retour après une grave blessure, le petit colombien de poche s'était déjà distingué cette année avec quelques performances de fort belle facture. De quoi mettre la puce à l'oreille à 36 Fantamanagers attentifs. Son succès au Calar Alto lui ouvre désormais les portes de la gloire, à lui de saisir sa chance et de démontrer, à l'image d'autres talents naissants, qu'il n'est pas juste un oiseau pour le chat. Et quand on sait que Superman ne se débrouille pas mal en contre-la-montre, il ne va pas falloir que Fabio Aru reproduise trop souvent le même scénario que ce mercredi.

 

Le mauvais plan du jour :

Hier, l'équipe BMC a eu l'honneur et le déshonneur des deux rubriques. Aujourd'hui, elle n'aura sa place que dans cette dernière. A jouer sur plusieurs tableaux, la team américaine s'est plus que probablement fourvoyée. Comme de coutume cette année sur les Grands Tours, l'équipe de Valério Piva se retrouve une nouvelle fois bien mal embarquée. Après avoir trusté le Top5 dix jours durant, la voici éjectée du Top10. La faute à pas de chance diront certains, mais d'autres estimeront, sans doute à juste titre, que courir plusieurs lièvres à la fois n'est pas toujours synonyme de réussite. Tactiquement à la ramasse, le camouflet est de taille ! Espérons pour elle que la BMC n'aura pas que ses larmes pour pleurer au moment de franchir la ligne d'arrivée à Madrid et de faire le bilan d'une Vuelta qui était partie sur les chapeaux de roue, mais il paraît  désormais évident qu'elle risque de manquer de carburant.

Comments