La grande messe du cyclisme flamand est à nos portes. La 101ème édition du Ronde van Vlaanderen aura lieu ce dimanche et en attendant la grande bagarre, voici quelques scénarios plus ou moins fantaisistes sur les déroulements possibles de la course.

Le scénario improbable

Le départ vient à peine d’être donné et alors que le bourgmestre d’Anvers Bart De Weever est encore en train d’essayer de convaincre Tom Boonen de se lancer en politique après sa retraite sportive, les premiers échappés prennent la poudre d’escampette. Très vite, le groupe creuse l’écart. Il est formé par Laurens De Vreese, Julien Duval, Kenneth Van Bilsen, Tyler Farrar et les deux Movistar qui n’ont rien à perdre Imanol Erviti et Carlos Betancur. Pendant les 100 premiers kilomètres de plat, leur avance grimpe au delà des dix minutes. Derrière, les équipes des leaders se regardent, Peter Sagan s’engueule avec toute l’équipe Quick-Step et réussit à liguer la moitié du peloton contre la formation belge. Résultat des courses, l’écart augmente et le peloton décide d’abandonner la poursuite et de lever le drapeau blanc dès les premières difficultés. Devant, la journée est longue pour les attaquants. Betancur fait le boute-en-train en racontant ses exploits passés, sa lutte contre le surpoids et ses virées au McDo de Bogotá. L’ambiance est bonne. Mais la fatigue commence à se faire sentir dans les jambes des fuyards. Dans la dernière montée du Vieux Quaremont, Betancur qui n’a pris aucun relais depuis le matin, se met en danseuse et lâche ses compagnons de route. Il se lance dans un contre-la-montre individuel dans les derniers kilomètres à la façon d’un Cancellara et remporte la plus belle course de sa carrière. Premier colombien à remporter un monument flandrien, Betancur devient un héros national au pays et son exploit éclipse même le doublé Giro-Tour que réalisera son compatriote quelques mois plus tard. Nario qui ?

Le scénario classique

Après l’échappée matinale de Jonas Rickaert, Alexis Gougeard, Andrea Pasqualon, Tylor Phinney, Eugert Zhupa et Carlos Betancur, Gilbert et Van Avermaet tirent leur première cartouche après le passage du Mur de Grammont. Mais les Trek et Sagan ne se font pas avoir cette fois et malgré une attaque de Tom Boonen dans le Taaienberg, tous les favoris sont là à 35 kilomètres de l’arrivée. La sélection naturelle se fait au passage des dernières difficultés et le groupe s’effrite petit à petit. Dans le dernier passage du Paterberg, ils ne sont plus que trois. En pleine confiance, John Degenkolb se met dans le rouge en essayant de suivre Van Avermaet et Sagan et craque complètement. Les deux grands favoris se disputent donc la victoire au sprint et comme lors de leurs dernières confrontations directes, c’est Van Avermaet qui s’impose d’un boyau. Derrière eux, cinq Quick Step franchissent la ligne d’arrivée ensemble pour une nouvelle photo de famille historique. Comme à la belle époque, mais pour les places d’honneur.

Le scénario surréaliste

Après avoir testé le scénario sur le GP de l’E3, Greg Van Avermaet et Philippe Gilbert attaquent après le passage du Mur de Grammont, à 70 kilomètres de l’arrivée. Les deux hommes s’entendent et reprennent les attaquants du matin alors que derrière, les poursuivants se regardent et discutent beaucoup. Le duo belge creuse l’écart et l’avance est confortable à l’entrée du circuit final. Gilbert sent que son troisième monument est à sa portée. Il ne veut pas risquer de rater cette occasion unique et dans un virage discret de la descente du Vieux Quaremont, il se prend pour Valentino Rossi lors de son duel avec Marc Marquez et envoie son copain Greg Van Avermaet dans le ravin. Gilbert s’envole vers la victoire, mais le seul témoin des faits poste aussitôt la vidéo sur les réseaux sociaux. Avant d’arriver à Oudenaarde, Gilbert se fait arrêter manu-militari par des milices flamingantes et sera disqualifié après avoir été tabassé dans la salle arrière d’un café local. La victoire se jouera donc entre Nicki Terpstra et Peter Sagan qui a sucé la roue du Néerlandais depuis 70 bornes. Le sprint est sans histoire et, après s’être retourné pour regarder à combien de dizaines de mètres se trouve son nouveau meilleur ennemi, Sagan franchit la ligne en mimant une fellation. Historique !

Le scénario « Sanremo 2016 »

Après l’échappée matinale de Owain Doull, Frederik Backaert, Liam Bertazzo, Ryan Mullen, Alexandre Pichot et Carlos Betancur, les Lotto- Soudal tentent de faire exploser le peloton dans et après le Mur de Grammont. Mais cela ne débouche que sur un solo de 20 kilomètres d'André Greipel. Comme chaque année, les commentateurs se demandent pourquoi le Gorille de Rostock ne s'est pas plus investi dans les classiques, car il a du potentiel. Malgré une attaque de Tom Boonen dans le Taaienberg, tous les favoris sont là à 35 kilomètres de l’arrivée. Les leaders se testent, mais les Trek et les Quick Step sont en surnombre, contrôlent la course et ne laissent partir aucun coup. On arrive donc avec un groupe de 30 coureurs à l’arrivée et alors qu’on attend Degenkolb, Kristoff ou Sagan, c’est Arnaud Démare qui profite d’une manœuvre dangereuse de Sacha Modolo qui freine les favoris, pour surgir au dernier moment et coiffer Boasson-Hagen sur le fil, alors que Pippo Pozzato prend une belle troisième place. Démare n’en croit pas ses yeux. Son geste d’incrédulité avec les mains devant sa bouche est une copie-conforme de celui sur la Via Roma il y a un an. L’article de l’Equipe intitulé « Le plus grand coureurs de classiques français de tous les temps » en fait rire plus d’un.

Le scénario du Grand Prince

Dans la première partie de la course, quelques averses rendent la route glissante et plusieurs chutes se produisent. Une d’entre elles met hors jeu Peter Sagan, Philippe Gilbert et Alexandr Kristoff. Sentant que c’est peut-être un signe du destin qui les a pour une fois épargné, les deux poissards des dernières années, Greg Van Avermaet et Tom Boonen attaquent sur le Taaienberg et s’envolent vers la victoire. Grand prince, Tom Boonen ne dispute pas le sprint et laisse la victoire à GVA : « allez Greg, tu en rêve depuis tellement longtemps, moi je m’en fous, je veux gagner à Roubaix ». Furax de voir s’envoler le Ronde qu’il ne gagne pas depuis cinq ans, Patrick Lefevere balance un vélo sur Tornado Tom après l’arrivée. Celui-ci glisse, se brise la clavicule et prend sa retraite anticipée. Le Grand Prince déprimé.

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