Il n'aura fallu, une nouvelle fois, qu'un coup de baguette magique pour qu'un des membres de la confrérie du mage Lefèvere n'enlève, en solitaire, un Ronde qui n'a jamais semblé échapper à la tant redoutée et redoutable armada Quick-Step Floors. Cerise sur le gâteau, Philippe Gilbert complète le podium, juste derrière le vaillant danois, Mads Pedersen, lui aussi, auteur d'un numéro de haute voltige.

Le temps ne prêtait guère aux tenues légères et autres apparats printaniers au départ ce dimanche matin à Anvers. De quoi rendre assurément la course encore plus dure et sélective pour cette grande fête du vélo qui arrive, le temps d'un week-end, à éclipser toute autre activité que la pratique chère au grand Saint-Guidon. Seize monts, typiquement flamands, dont le Vieux Kwaremont et le non-moins célèbre Paterberg, se dressaient donc sur la route des 175 coureurs à prendre le départ pour la plus belle et atypique des Flandriennes.

Onze téméraires arriveront, non sans mal, à prendre tardivement le large et à compter jusqu'à cinq d'avance sur un peloton néanmoins plus qu'attentif. A mesure que les difficultés s'égrennent, ce petit groupe se décompose et se recompose et il faudra l'attaque tranchante de Van Baarle, Pedersen, Cort Nielsen et Langeveld pour voir enfin le scénario de la course véritablement se débrider. Car derrière, la plupart des cadors sont aux avant-postes et semblent attendre patiemment leur heure pour placer une banderille qu'ils espèrent évidemment fructueuse.

A ce jeu, les forces sont connues et reconnues, et malgré toute la défiance du peloton face à la gargantuesque équipe chère à Saint-Patrick, c'est un des leurs, et non des moindres, qui le premier s'en ira chercher le chemin de la gloire au sommet du Kruisberg. Etonnamment ou pas, c'est selon, Nikki Terpstra profite d'une attaque bien trempée du surprenant Vincenzo Nibali pour prendre sa roue, le laisser sur place et mettre définitivement les voiles. Il reprendra très vite les quelques échappés encore sur sa route et s'en ira, quatre ans après un succès à Paris-Roubaix, décrocher au panache un nouveau monument qu'il n'aura certainement pas volé.

Suite à cette attaque, on aurait pourtant décemment pu croire, à cet instant, qu'un vent de rébellion allait secouer le pack. Mais de révolte, il n'en fut jamais vraiment guère question. A vrai dire, Peter Sagan fut en fait, véritablement le seul à tenter sa chance mais, sans aucun doute victime de sa réputation, personne n'a voulu l'accompagner dans sa quête qui dès lors ne pouvait être que vouée à l'échec. A notre grand dam, la grande bagarre n'aura donc jamais vraiment eu lieu, tout le monde s'est toisé et regardé et personne n'a malheureusement été en mesure de prendre ses responsabilités. Les favoris n'ont jamais semblé pouvoir faire basculer la course et c'est en solitaire que Terpstra pouvait légitimement lever les bras à Oudenaarde.

L'exploit est de taille et on ne peut, à nouveau, que saluer l'extraordinaire force collective des Quick-Step qui auront toujours eu la main tout au long de ces 265 kilomètres. Chapeau bas aussi au dauphin de Terpstra, Mads Pedersen, qui aura lui réussi à vaillamment résister à la meute et à s'offrir une méritée deuxième place dont il n'aurait sans doute jamais rêvé dans ses songes les plus fous. Philippe Gilbert se permettra même le luxe suprême de remporter le sprint des vaincus face à ce diable de Valgren et de monter sur la troisième marche d'un podium tout acquis à la cause bleue et blanche.

On ne peut toutefois que regretter l'apathie des grands favoris qui, comme souvent ces dernières semaines, n'auront pas vraiment offert le spectacle qu'on était en droit d'attendre. Certes, les bleus de Lefèvere sont forts, très (trop) forts même, mais qu'il aurait été grand de voir un vrai combat de chefs pour combler nos plus infimes espoirs d'assister à un Ronde d'anthologie. La course n'en aurait été que plus belle et cette sensation, mitigée, d'un devoir un tantinet inaccompli ne nous aurait certainement pas autant taraudée. Mais ne boudons pas notre plaisir pour autant, ce Tour de Flandres valait pleinement le détour et nous met encore plus en appétit pour un Paris-Roubaix qu'on espère plus épique que jamais dans une semaine.

Au Fantacycling, un nouveau trio de fantamanagers prend les rênes d'une course qui tarde à définitivement se lancer. Car la victoire de Rabo 2018 est belle mais elle ne rapporte, au final, que 250 « petits points » et ce, sans le vainqueur du jour, qui n'aura eu les faveurs que de dix Fantateams. Sans nul doute la faute à des favoris en demi-teinte qu'on espère évidemment voir se réveiller au plus vite. Rabo 2018, il padrino et Team Revenga sont donc les nouveaux leaders mais la fronde des poursuivants au taquet, du moins on l'espère, ne saurait tarder. Il ne reste déjà plus que deux courses « flamandes » avant les ardennaises, inutile de préciser que c'est l'ultime moment d'en profiter... !


 

Comments

Et oui Eddy, on a pas vu grd monde malheureusement... à part le bluffant Pedersen et le scintillant Nibali qui nous a donné envie d’y croire... van avermaet a bien essayé ds le taienbeg il me semble... lais bon, faut aussi constater que malgré le manque de grande bagarre, ces 7 heures de direct passent qd même bien :)