Argentin

Un des premiers maillots mis en jeu dans les concours de fantacylisme fut le maillot de l’équipe italienne Ariostea lors du Fantagiro 2014. Un maillot qui sent bon le début des années ’90. Bien qu’il ait été porté par de nombreux coureurs reconnus, il est associé à un seul nom, celui de Moreno Argentin. Petit détour dans l’histoire du cyclisme…

L’année 2014 est une année d’anniversaires. Les 100 ans du début de la Première guerre mondiale, les 70 ans de la libération, les 20 ans de l’élection de Nelson Mandela. Dans le cyclisme, on se rappellera de la mort de Marco Pantani il y a dix ans, de la seule victoire au Giro de Francesco Moser en 1984 ou du dernier doublé Giro-Tour d’Eddy Merckx en 1974. En 2014, cela fera aussi vingt ans que le maillot Ariostea a disparu du peloton. Putain, vingt ans! C’était en plein milieu de l’ère Miguel Indurain, lorsqu’Evgueni Berzin remportait le Giro devant un jeune Marco Pantani et la Vuelta parlait suisse avec Tony Rominger. Mais après une saison 1993 assez réussie, avec notamment quatre victoires d’étape au Giro, une au Tour de France et la victoire de Pascal Richard au Tour de Lombardie, la société de céramique Ariostea décide de quitter le monde du cyclisme. Probablement au bon moment.

L’équipe Ariostea avait été créée en 1984 et a mis quelques années avant d’atteindre le haut niveau du cyclisme mondial. Elle aura compté dans ses rangs des coureurs intéressants comme le sprinter Adriano Baffi, Massimiliano Lelli, le danois Rolf Sorensen ou Giorgio Furlan. D’autres noms historiques de l’Ariostea sont l’actuel sélectionneur de l’équipe nationale italienne et ancien consultant mythique de la RAI Davide Cassani (celui qui avait lancé la rumeur du moteur dans le vélo de Cancellara…), l’actuel Directeur Sportif de Katusha Valerio Piva ou Luciano Rabottini, père de Matteo – celui qui vaut 14 fantamillions au Fantagiro 2014.

Mais c’est en 1990, avec l’arrivée d’un certain Moreno Argentin que la team Ariostea connaîtra son heure de gloire. Argentin avait déjà un beau palmarès quand il arriva dans la team de Giancarlo Ferretti. Champion du Monde en 1986, double vainqueur de Liège-Bastogne-Liège, il était le premier d’une longue série de coureurs italiens à se spécialiser dans les courses d’un jour. Un puncheur dont les Fondriest, Bartoli ou Bettini seront les dignes héritiers.

Dès son arrivée, Argentin remporte le Tour des Flandres et la Flèche Wallonne. L’année suivante, il remporte sa troisième Doyenne et fait le doublé sur le Mur de Huy. Il remportera plusieurs étapes sur le Giro et au Tour de France, dont celle de 1991 qui marqua l’apogée de l’équipe au sein du peloton. En effet, après avoir remporté le contre-la-montre par équipe, Ariostea réussit le rare exploit de remporter trois étapes consécutives avec trois coureurs différents (Cenghialta, Argentin et Lietti).

La saison 1993 est la dernière d’Ariostea. L’ancien gregario danois Bjorn Riis remporte une étape au Giro et une au Tour et les patrons d’Ariostea ont probablement senti souffler un vent puissant en provenance des laboratoires pharmaceutiques. Ils se retirent donc du cyclisme avant que celui-ci n’entre dans une ère où les retombées médiatiques sont plutôt négatives pour les sponsors. Ils auront fait un calcul intelligent, puisqu’à partir de 1994, l’EPO devient incontournable au sein du peloton. Ironie du sort, la team qui reprend une bonne partie des coureurs d’Ariostea, la Gewiss Ballan,, marquera l’histoire du cyclisme en plaçant trois coureurs (Argentin, Furlan et Berzin) aux trois premières places de la Flèche Wallonne 1994, course qui est connue pour avoir d’une certaine manière “officialisée” l’efficacité de l’EPO et des pratiques du docteur Ferrari au sein du peloton. Mais c’est une autre histoire qui n’a rien à voir avec celle d’une des grandes teams de l’histoire récente du cyclisme, la Ceramiche Ariostea.

Comments

En tant que fin connaisseur, tu avais déjà compris dès les Strade Bianche que la Gitane allait gagner le Fantaclassics... Difficile de mettre une telle puissance mystique sur papier...