La 10ème étape du Giro qui menait le peloton de Penne à Gualdo Tadino a été bien plus animée que prévu. Surtout pour Esteban Chaves qui, victime d'une défaillance dans la première montée de la journée, perd plus de 25 minutes et peut dire adieu à ses ambitions au classement général. L'étape a finalement été remportée par Matej Mohoric qui a battu au sprint l'allemand Nico Denz.

La plus longue étape du Giro 2018 placée après le jour de repos avait été marquée d'une croix rouge par tous les baroudeurs et autres attaquants ayant une victoire d'étape comme objectif principal. Son profil accidenté pouvait en effet exclure les sprinters de la lutte pour la gagne, alors que les leaders pouvaient bien se permettre une journée calme après une première semaine nerveuse et éprouvante. Pendant que les attaquants de la première heure, parmi lesquels les habituels Ballerini, Montaguti, Bouwman ou Hermans, mais aussi des spécialistes comme LL Sanchez, Mohoric ou Tony Martin, se réjouissaient d'être entrés dans le bon coup, le Giro 2018 a vécu son premier réel coup d'éclat. Esteban Chaves, deuxième du général, a été victime d'une défaillance dans la première montée de la journée et a rapidement perdu quelques dizaines de secondes sur les autres favoris. Le retard est monté à près de quatre minutes au sommet du deuxième GPM après que les équipes des leaders, à commencer par la Sky, ont fait le forcing pour mettre à distance un concurrent direct. Chaves a cependant pu compter sur l'aide de plusieurs équipiers et surtout des Quick-Step qui voulaient ramener Elia Viviani sur le groupe de tête. S'en est suivi une course poursuite pendant plusieurs dizaines de kilomètres, entre les Sky, FDJ, Sunweb, Astana et UAE et la paire Mitchelton-Scott - Quick-Step. Et tout ça, à plus de 120 kilomètres de l’arrivée ! Chaves et Viviani semblaient pouvoir rentrer puisque l'écart est descendu jusqu'à 1'10, Mais lorsque l'écart a commencé à remonter, les Quick-Step ont compris qu'ils n'allaient pas pouvoir tenir sur la longueur contre 4-5 équipes et ils se sont relevés. Le rêve de remonter sur le podium final du Giro s'est arrêté à ce moment-là pour Esteban Chaves. Surtout que le Colombien a eu la mauvaise idée, ou plutôt la malchance, d'avoir sa défaillance matinale lors de l'étape la plus longue du Giro. Si l'étape était de 160-180 kilomètres comme la plupart du temps, il aurait pu limiter les dégâts. Mais sur 244 bornes... Lorsque les Mitchelton-Scott ont abandonné la poursuite, il restaient 80 kilomètres à parcourir... Ce qui explique le retard final de 25 minutes.

Le Giro nous réserve donc toujours des surprises. Et l'équipe qui semblait inaccessible il y a deux jours a pris un sacré coup au moral dans les Apenins. Evidemment, Yates reste en rose, ne devra plus se soucier d'une concurrence interne et gagne même un équipier de luxe dédié à sa cause, mais cette journée a surtout montré que les choses peuvent vite tourner et que les adversaires de Yates ont tout intérêt à tenter de forcer le destin.

Quant à Chaves, s'il se remet de son problème d'allergie qui était vraisemblablement la cause de sa défaillance, il pourra viser de nouveaux objectifs, comme les victoires d'étapes ou le classement du meilleur grimpeur. S'il a naufragé au classement général, il reste malgré tout une possible machine à points au Fantagiro où il a déjà rapporté plus de 700 points.

Avec tout ça, on oublierait presque de mentionner que Matej Mohoric a remporté sa première étape au Giro. Le Slovène a attaqué dans la dernière difficulté du jour, a été rejoint par Nico Denz, mais n'a eu aucun problème à régler son compagnon d'échappée au sprint.

Au Fantagiro, c'est la team Giro 2018 qui l'emporte devant à Festi-Fanta et Mortirolo, alors que Cyclo Marseille reste en tête du général, même s'il troquerait bien un jour sans Fantamaillot rose contre une victoire marseillaise en Europa League...

 

Le bon plan du jour

Nico Denz a frôlé sa première victoire chez les professionnels mardi, à Gualdo Tadino. Le coureur de l'AG2R ne s'était jamais vraiment approché de cette sensation, tellement il semblait confiné à un rôle de porteur d'eau, notamment sur les classiques du Nord. Mais lors de cette étape complètement folle, le jeune allemand a tenté sa chance et a failli être le protagoniste de la belle histoire du jour. Il reste un "Wonderful Looser" et se contente de prendre la tête du classement du coureur au meilleur coefficient.

Le mauvais plan du tour

Une fois n'est pas coutume, on mettra aujourd'hui en avant les erreurs tactiques d'une équipe qui aurait dû gagner l'étape, plutôt que de taper sur le malheureux du jour. Avec Viviani et tous les autres sprinters dans le grupetto, Sam Bennett était le seul jet-man dans le groupe de tête. C'était une surprise en soi, mais les Bora n'auraient pas dû rater l'occasion de remporter une deuxième victoire et de s'approcher de Viviani au classement à points. Ils étaient plusieurs dans le groupe maillot rose, mais ils n'ont jamais pris les choses en main, notamment pour revenir sur Mohoric et Denz dans les 10 derniers kilomètres. La troisième place de Bennett ne peut pas satisfaire les 28 fantateams qui auraient pu commencer à sérieusement penser d'avoir fait le bon choix.