L'équipe Lotto a l'extraordinaire mérite de représenter plusieurs décennies de l'histoire du cyclisme, tout en étant toujours active dans le peloton. Le vintage mélé à l'actualité, ça vaut bien un détour dans la longue histoire de l’équipe cycliste belge par excellence.
L’histoire de l’équipe Lotto commence en 1985, lorsque la loterie nationale belge décide de s’associer aux vélos Eddy Merckx pour créer une nouvelle équipe destinée à devenir un dinosaure du peloton. Lorsqu’ils mettent l’équipe dans les mains des très jeunes directeurs sportifs Walter Goodfroot et Patrick Lefevere, les sponsors de l’époque ne se doutaient surement pas que leur nom apparaitrait encore sur les maillots d’une équipe cycliste de haut niveau 30 ans plsu tard. Mais la Belgique est un des grands pays du cyclisme et que la loterie nationale s’engage à soutenir ce sport tant populaire est sommes toutes assez normal. L’aspect très national de l’équipe Lotto a d’ailleurs longtemps été une de ses caractéristiques principales et cela a permis de tenir le coup lorsque les victoires sur les routes faisaient défaut.
En 1985, la Lotto-Eddy Merckx, compte en effet principalement des coureurs belges dans ses rangs. Mais l’héritage d’Eddy le cannibale est difficile dans le plat pays et les nouveaux champions sont rares. Marc Sergeant est un des seuls leaders à tirer son épingle du jeu, en remportant notamment quelques places d’honneur dans les classiques flamandes et le Championnat de Belgique en 1986 où il succède d’ailleurs à son co-équipier moins connu, Paul Haghedooren, champion en 1985.
La sauce ne prend cependant pas et les premières années de Lotto sont assez décevantes. Trop ambitieux, Lefevere quitte d’ailleurs l’équipe en 1987 et Goodfroot un an plus tard. Eddy Merckx retirera aussi son nom d’une équipe qui ne correspond pas vraiment à ses standards, notamment en ce qui concerne le nombre de victoires au compteur. C’est avec l’arrivée de Jean-Luc Vandenbroucke en 1989 que les choses changeront... un peu au début, beaucoup après quelques années.
Le grand et désormais regretté Claudy Criquelion vient y terminer sa carrière et des jeunes coureurs comme Hendrik Redant ou Johan Museeuw rejoignent l’équipe et lui permettent de remporter quelques courses de prestige comme Kuurne-Bruxelles-Kuurne en 1990 avec Redant ou le GP de l’E3 en 1992 avec Museeuw. Ce dernier quittera Lotto dès 1993 pour rejoindre la nouvelle équipe GB-MG de Patrick Lefevere et devenir le Lion des Flandres. Le début des années ’90 et la création de l’équipe GB-MG qui deviendra ensuite Mapei, puis Quick Step, marque d’ailleurs le début d’une longue rivalité entre les deux principales équipes belges du peloton. Ironie de l’histoire, si c’est avec des coureurs belges que Patrick Lefevere remporte la plupart de ses titres, la presque équipe nationale belge de Lotto devra attendre un étranger pour pouvoir rivaliser sérieusement avec son frère ennemi. C’est en effet l’arrivée du russo-moldave Andreï Tchmil en 1994 qui permettra réellement à l’équipe Lotto d’entrer dans la cour des grands. Tchmil est sans aucun doute le coureur phare de l’équipe Lotto dans les années ’90, notamment dans les courses d’un jour. Il remporte le GP de l’E3 en 1994 et 2001, Kuurne-Bruxelles-Kuurne en 2000 et surtout, les monuments Paris-Roubaix en 1994, Milan-Sanremo en 1999 et le Tour des Flandres en 2000. Courses qu’il remporte d’ailleurs après avoir acquis la nationalité belge pour le plus grand plaisir de ses sponsors.
Après 15 ans de présence dans le peloton, Lotto vit ses plus belles années. Des coureurs belges comme Peter Farazijn, Nico Mattan, Serge Baguet ou Nico Eeckhout se forgent un palmarès respectable, alors que d’autres font bien mieux, comme Jo Planckaert qui remporte Kuurne-Bruxelles-Kuurne en 1999 ou Peter Van Petegem qui remporte le Het Volk en 2002 et le doublé Tour des Flandres – Paris Roubaix en 2003. Mais la grande fierté de Lotto, c’est d’avoir réussi là où Lefevere piétinait un peu au début: les classiques ardennaises. La double victoire à la Flèche Wallonne de Rik Verbrugghe en 2001 suivie de celle de Mario Aerts en 2002 sera le point d’orgue d’une époque magique pour la team belge.
La suite ne sera pas moins glorieuse, mais à partir de 2005, Lotto s’associe à la firme pharmaceutique Omega-Pharma et ne sera plus que le deuxième sponsor du groupe. L’équipe perd quelque peu son caractère formateur de coureurs belges afin de miser sur des grands noms internationaux. Les australiens Cadel Evans et Robbie McEwen lui permettent enfin de briller sur les grands tours: Evans terminera 4ème du Tour en 2006, 2ème en 2007 et 2008 alors que McEwen remportera au sprint un total de 10 étapes au Tour et 12 au Giro. Mais si Omega Pharma vise l’international, Lotto restera ancré sur le sol belge et permettra surtout l’éclosion du plus grand champion du plat pays depuis Eddy Merckx: Philippe Gilbert. Entre 2009 et 2011, Gilbert réussi une ascension fulgurante sous les couleurs d’Omega Pharma – Lotto: Tour de Piémont, Tour de Lombardie et Paris-Tours en 2009; Amstel Gold Race, Tour du Piémont et Tour de Lombardie en 2010; Strade Bianche, Flèche Brabançonne, Amstel Gold Race, Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, Clasica San Sebastian, GP du Quebec et GP de Wallonie en 2011. Un cannibale ! Malgré cette année 2011 exceptionnelle, Omega Pharma se séparera de Lotto pour se tourner vers Lefevere et fusionner avec Quick Step.
La loterie nationale belge ne voudra pas abandonner son bébé et créera une nouvelle équipe. Elle compte encore une majorité de coureurs belges en son sein, même si les hommes de pointe, notamment les sprinters, sont souvent étrangers. Quoi qu’il en soit, Lotto sera toujours présente pour soutenir le cyclisme belge et ses coureurs. Ce n’est pas Thomas De Gendt qui dira le contraire…