Arpentant certains passages du parcours des prochains championnats du monde, la Flèche Brabançonne avait cette année un intérêt supplémentaire, outre celui d’être la course de transition entre les flandriennes et les ardennaises. Malgré l’absence des deux derniers vainqueurs, Mathieu Van der Poel et Julian Alaphilippe, il y avait du beau monde au départ de la course à Louvain. Et ce beau monde ne s’est pas caché dans le circuit final autour d’Overijse, même si une chute collective a mis hors-course certains favoris comme Matthews, Sénéchal ou Turgis, au moment même où Thomas Pidcock a placé sa première accélération, emmenant avec lui Van Aert et Trentin. Revenus sur ce qu’il restait des attaquants de la première heure, ces trois hommes forts ont vite compris qu'ils allaient se disputer la victoire. Généreux comme à son habitude et sachant qu’il n’a plus gagné un sprint depuis 2019, Matteo Trentin a tenté de partir en solitaire à 28 kilomètres de l’arrivée. A un moment donné, on a cru, voir espéré, que cela pouvait aller au bout. Mais Pidcock et Van Aert sont revenus sur l’Italien pour se disputer la victoire au sprint sur la nouvelle ligne d’arrivée placée au bout de la dernière montée du jour. Et alors qu’on pensait que Woet Van Aert allait facilement s’imposer, le vainqueur de Gand-Wevelgem a manqué d’explosivité et coincé dans les derniers mètres, se faisait passer par un Tom Pidcock tout simplement royal.

Après sa 3^ème place à Kuurne-Bruxelles-Kuurne, sa 5^ème place aux Strade Bianche, une campagne flandrienne plutôt décevante en termes de résultats, Pidcock a entamé de la meilleur des manières le dernier bloc de son printemps. Il remporte à 21 ans sa première classique et confirme qu’il est avec Van der Poel, Van Aert, Pogacar ou Evenepoel, une des nouvelles étoiles du cyclisme mondial. On le reverra encore jusqu’à Liège et lorsqu’on sait qu’il a gagné le Baby Giro en 2020 et qu’avec son 1m57, il a plutôt le profil du grimpeur puncheur, il risque encore de faire des merveilles lors des prochaines courses. Capable de remporter des sprints massifs, mais souvent battu dans des arrivées à groupe réduit, Van Aert confirme qu’il est humain et devra travailler sur l’explosivité de son sprint s’il souhaite cueillir plus de bouquets que des places d’honneur dans le futur. Quant à Trentin, il clôture son printemps de haut niveau, avec des top-20 dans presque toutes les courses, qui en font un investissement presque incontournable au Fantaclassics. N’ayant plus la pointe de vitesse du passé, il faudra qu’il se réinvente pour un jour regagner une grande classique. Son attaque solitaire semble indiquer qu’il est en train de tester des nouvelles formules qu’il n’hésitera pas à mettre en œuvre dès que l’occasion de présentera.

Au Fantaclassics, la victoire du jour s’est jouée entre trois équipes ayant les trois coureurs sur le podium de la Flèche plus Greg Van Avermaet qui termine 12^ème au terme d’une course anonyme. Avec Dylan Teuns (7^ème) et Cosnefroy (8^ème) en plus, c’est la team Les Fonds du Tiroir qui l’emporte devant Flandersfield, qui pouvait compter sur Valentin Madouas (14^ème) au lieu de Cosnefroy. L’équipe Beaune du Curé n’avait pas misé sur Dylan Teuns mais uniquement sur Cosnefroy, et monte donc pour la première fois sur la troisième marche du podium. Le classement général du Fantaclassics voir toujours Camoulox mener la danse, mais les écarts sont infimes et l’entrée en lice de nouveaux profils de coureurs à partir de ce week-end risque bien de bouleverser radicalement la donner.