Egan Bernal remporte, tout en aisance et en puissance, la première veritable étape de montagne de ce Tour d'Italie. Le colombien a attendu le dernier kilomètre et demi et son chemin non asphalté poussiérieux  pour placer une tranchante attaque et terminer en boulet de canon une neuvième étape très emballante.

Tout avait commencé par un ballet de coureurs désireux de prendre le large mais à qui le peloton ne laissait guère de marge de manoeuvre. Une lutte de tous les instants qui laissera d'ailleurs Matej Mohoric inconscient au sol suite à une impressionante chute. Quinze bienheureux finiront finalement, à 7 kilomètres du but, par recevoir leur bon de sortie pour s'en aller tenter l'échappée victorieuse.

Jusqu'à deux kilomètres du but, Bouwman et Bouchard, les deux derniers fuyards, pouvaient d'ailleurs y croire encore un peu. Ce maigre espoir s'est instantanément éteint quand, bien lancé par une autoritaire équipe Ineos et un impérial Moscon, Egan Bernal les laissa sur place à 400 mètres de l'arrivée pour s'envoler en solitaire vers un précieux succès. Ciccone et Vlasov sont les deux seuls à avoir pu suivre l'Aigle de Zipaquiria sans néanmoins ne pouvoir faire grand chose face à la maestria du nouveau maillot rose. Un instant légèrement distancé, Evenepoel termine quatrième, sur les talons des trois précités.

Victoire conjointe et autoritaire également pour Rabo2021 et Astrazeneca qui, malgré leurs 770 points chacun, n'ont pu se départager. Forts de Bernal, Evenepoel, Vlasov, Ciccone et Yates, ils devancent d'un bon Fantavélo Schopenhauer1 troisième et à qui il ne manquait que le russe pour sabrer le prosseco. Pas de pépin majeur pour Lucky Team qui caracolle toujours en tête mais pour qui le recul de Valter ne va pas faire que du bien.

Le bon plan du jour

Au vu de l'état de forme une nouvelle fois incertain d'Egan Bernal au départ de ce Giro, un doute planait quant aux performances sur les trois semaines à venir du colombien. Suite à moult problèmes au dos, malgré son statut de favori et son indéniable talent, Bernal ne rassurait pas. Débarrassé de ses maux, El Aguila assure et a, jusqu'à aujourd'hui, maîtrisé à la perfection son sujet. Ce dimanche, le coureur d'Ineos a rendu une copie parfaite et se profile désormais en un homme à battre plus que convaincant. Premier succès sur un grand Tour et une tunique rose sur les épaules qui lui confère, désormais un peu plus encore, un statut retrouvé qui lui sied tellement bien. Après une semaine de course, si il n'y a qu'un nom à retenir pour le Général, c'est…Bernal!

Le mauvais plan du jour

Pour les échappés, les audacieux Bouchard et Bouwman en tête, cette journée peut s'apparenter à un bien mauvais plan tant le vélo est parfois aussi cruel. Mais par ailleurs, ce qui n'est pas top non plus, c'est que les chutes se multiplient et que la liste des abandons se rallonge encore. Le malheureux Mohoric est la dernière victime à devoir plier bagages et, quand on revoit les images impressionnantes de sa chute, c'est une chance que le slovène s'en sorte sans trop de casse. Pourtant excellent descendeur, Mohoric avait coché cette étape sur son roadbook et comptait bien faire parler ses qualités avant de voir son rêve se briser dans un tournant mal négocié à vive allure. Dommage, le coureur était en forme et avec le retrait de Landa et la discrétion de Bilbao, Matej avait certainement l'envie et les moyens de profiter d'une liberté dont il n'a pu profiter.

La question du jour

Certains avaient prédit que sa démonstration au Tour des Alpes et un pic de forme un peu trop précoce n'étaient pas bon signe pour Simon Yates en vue du Tour d'Italie. Pour l'instant, sans faire de bruit, le britannique avance à pas de loup dans ce Giro et, suite à ses deux dernières désillusions sur les terres italiennes, il sait, sans aucun doute, quelles erreurs il ne doit plus commettre pour le gagner. Verra-t-on se surpasser en troisième semaine celui qui avait survolé les deux premières semaines de cette même course en 2018 ou la lente agonie de celui qui avait traversé celle-ci de 2019 dans un anonymat total?

Comments

Beau résumé Eddy ! Quant à la question du jour... j'imagine que la réponse se trouve dans l'énoncé, Simon Yates étant britannique (bien que roulant pour une équipe australienne depuis ses débuts pro), la référence involontaire (ou pas) à Richie Porte (un vrai australien, lui, habitué des pics de forme 'précoces' - Tour de Suisse, Tour de Romandie, Tour de Catalogne, 2 fois Paris-Nice) est trop troublante pour ne pas deviner le fond de ta pensée... :-)

C'est vrai que je mise beaucoup sur Simon Yates et j'espère réellement qu'il en garde sous la pédale pour la troisième semaine. Il n'a finalement que perdu quelques secondes. Mais franchement, j'y crois pas trop. Pour l'instant il est en dessous, il n'aurait pas perdu du temps pour le plaisir ou le bluff. Le pari d'atteindre son pic de forme en troisième semaine, il n'y a que Nibali qui l'avait réussi en 2016 et Yates à plutôt l'air d'être quelqu'un qui fonctionne à la confiance.