Ceux qui se plaignaient d’un classement général trop serré après une semaine de course ont été servis, car l’étape de Montalcino et ses strade bianche a bouleversé le Giro de manière bien plus radicale que l’on pouvait espérer. La journée s’annonçait passionnante, elle l’a été au-delà des attentes. Disons d’emblée que c’est le Suisse de 21 ans, relativement inconnu au bataillon, Mauro Schmid qui a remporté l’étape devant l’italien Covi et huit autres coureurs qui faisaient partie de l’échappée matinale ayant reçu la bénédiction du peloton pour atteindre jusqu’à 14 minutes d’avance et se disputer la victoire. Enfin… bénédiction… Pour une première grande victoire, Schmid aurait probablement préféré avoir un peu plus de visibilité, puisqu’il faut dire que le sort de l’échappée et la victoire d’étape n’intéressaient personne, tous les regards étant tournés vers le peloton et la grande bagarre qui s’annonçait dès le premier secteur en « sterrato ». Ces premiers kilomètres de route blanche ont fait très mal à cause du rythme de dingue menée par Pippo Ganna qui a fait exploser le peloton. Le premier à lever le drapeau blanc fut sans surprises Dan Martin, alors que Davide Formolo sera victime d’une crevaison à la fin du secteur et comme l’Irlandais, ne reviendra jamais sur le groupe maillot rose. Vlasov, Carthy, Evenepoel et Yates perdront quelques mètres mais seront capables de revenir sur Bernal&Co, ce qui leur coutera cependant plusieurs équipiers. Après ce premier secteur de fou, les choses se sont un peu calmées, jusqu’à 20 kilomètres de l’arrivée, lorsque Remco Evenepoel, a commencé à perdre mètre sur mètre, en cherchant dans l’oreillette le soutien de Joao Almeida qui tardera à arriver. Victime d’une grosse défaillance, le phénomène belge perd plus de deux minutes sur Bernal et sort du top-5 du général. Un coup dur pour Remco qui se consolera en se disant que cette étape lui permettra d’engranger de l’expérience pour réaliser des exploits futurs.

On aurait pu s’arrêter là, mais les coups de théâtre se sont enchainés dans la dernière petite bosse située à 5 kilomètres de Montalcino. Eprouvés par une journée infernale, des coureurs comme Attila Valter, Soler, Ciccone, Nibali, Bardet ou Martinez qui avaient jusque-là parfaitement maitrisé leur sujet, se sont écroulés un après l’autre, perdant au final presqu’autant de temps, voire plus, qu’Evenepoel. Le seul qui finalement n’aura montré aucun signe de faiblesse, c’est Egan Bernal qui, en compagnie d’un Buchmann version Tour 2019, s’est permis le luxe de distancier les autres favoris dans les derniers kilomètres pour consolider arithmétiquement et mentalement son maillot rose. Il devance désormais Alexandr Vlasov de 45 secondes, et les autres coureurs qui s’en sont bien sorti en Toscane comme Caruso, Carthy et un Simon Yates qui s’est accroché malgré des évidentes difficultés sur les routes non asphaltées.

Pour couronner le tout, l’étape de jeudi est loin d’être de tout repos. Quatre cols prévus au programme pour mener le peloton à travers les Appenins et permettre surtout aux perdants d’aujourd’hui de prendre leur revanche, s’il leur reste un peu de forces…

Au Fantagiro, le vent a tourné et on voit apparaître de nouvelles équipes, contentes de la nouvelle donne. C’est Droïde 2 qui s’impose grâce surtout au bon plan Mauro Schmid, mais Lucky Team reste solidement en tête du général.

Le bon plan du jour

Ce Giro est décidément généreux avec les coureurs low-cost. Après la victoire de Dombroswki, c’est Mauro Schmid qui remporte une victoire inattendue et offre 200 points aux 2 fantateams qui avaient tenté le pari. A 21 ans, Mauro Schmid a vécu son jour de gloire, battant des compagnons d’échappés bien plus cotés et expérimentés comme Van Houcke, Gavazzi, Battaglin ou De Bondt. Avec cette première victoire chez les pros et tout comme ses compatriotes Hirschi et Mäder, le Suisse a un bel avenir devant lui. Reste à savoir si Fabian Cancellara est son agent…

Le mauvais plan du jour

Parmi les deux grands perdants du jour, Dan Martin est celui avait coûté plus cher aux 44 fantamanagers qui espéraient le revoir au même niveau qu’en Espagne lors de la dernière Vuelta. Mais Danny est sorti du top-15 du général et avec plus de 7 minutes de retard sur le maillot rose, il ne risque pas d’y retourner prochainement. Evidemment, il pourrait changer d’objectifs et viser la victoire d’étape, ce qui pourrait rapporter plus de points au Fantagiro que s’il zonait autour de la 10ème place du classement, mais encore faudra-t-il digérer la claque reçue ce mercredi sur les routes blanches toscanes.

La question du jour

Quel sera l’attitude des Deceuninck Quick Step à partir de demain. Almeida semble remis de sa mauvaise journée en début de Giro, alors que pour Evenepoel, le moment est venu de montrer qu’il est le phénomène que tout le monde attend. Gagner une étape en prenant la bonne échappé est une option, renverser le Giro en attaquant de loin serait du grand art…

 

Comments

Bien résumé ! Pour ce qui est de Remco voici ce que j'ai lu et qui est tellement vrai: cette journée maussade en Toscane était sans doute salutaire pour le Belge qui avait besoin d’un échec pour se convaincre qu’il est avant tout un homme, au-delà du champion qu’il deviendra assurément.

Désolé si ma question semble naïve (je suis loin de maîtriser la science de course aussi bien que nombre de fantamanagers).... Etait-ce un bon calcul de la part de Quick Step de faire limiter la casse evenepoelienne en demandant à Almeida d'aller aider Remco ? Sur ces derniers jours Almeida me semblait plutôt costaud, n'était pas trop largué au général en tenant compte du long chrono de la dernière étape... n'était-il pas plus judicieux de jouer sur 2 tableaux (Remco et Joao), quitte à retrouver les 2 à seulement 4 ou 5 minutes de Bernal dans un Giro qui réserve encore de nombreuses occasions d'attaquer ? (sans parler, encore une fois, du chrono final où Bernal va fatalement perdre quelques minutes). Merci pour votre avis.

Disons que grâce à Almeida, Remco a bien limiter la casse. Il n’est qu’à deux minutes, alors que Almeida est déjà à plus de 4 minutes. Il leu reste l’option d’une attaque de loin d’Almeida pour fatiguer les Ineos et permettre à Remco de grapiller des secondes. Après ça c’est pour la tactique théorique... mais j’ai plutôt l’impression que Remco va craquer de plus en plus et abandonner ce week-end.

Merci Diablo pour cet éclairage. On fera un nouveau bilan lundi soir après le Passo Giau, je pense également que Remco va finir par jeter l'éponge - même si je ne regrette pas de l'avoir pris dans mon team B, il aura fait ses points... A part ça, rien à voir mais... vraiment top les photos d'illustration en page d'accueil sur ce fantagiro - je ne sais pas qui gère/choisit tout ça mais bravo.