Pour le plus grand malheur de la plupart d’entre nous, la saison du cyclisme est terminée. Bien sûr, les plus motivés se rabattront sur le cyclocross, mais c’est pas vraiment la même chose. Le temps est donc venu de tirer le bilan de la saison en mentionnant les coureurs qui se sont illustrés positivement ou négativement. Commençons pas les jeunes, ceux qu’on attendait ou qu’on n’attendait pas, mais qui seront encore là pour un bon bout de temps. Enfin, peut-être…

Le TOP

Tadej Pogacar

L’ancien vainqueur du Tour de l’avenir, c’est peu de le dire, nous a régalé en cette année 2019 qui a fait la part belle aux jeunes pousses du peloton. Le Slovène de 21 ans a tout simplement éclaboussé de sa classe la plupart des courses sur lesquelles il s’est aligné. Vainqueur du Tour d’Algarve et du Tour de Californie, il nous a également gratifié d’un Tour d’Espagne de toute beauté d’où il est reparti avec trois succès d’étape et une troisième place sur le podium final. Non content, il termine dans le top-20 des très éprouvants Mondiaux du Yorkshire. En catégorie Senior évidemment… Pogacar se profile comme un futur ogre sur les grands tours et, avec la maestria et la maturité dont il fait déjà preuve, sa route devrait être jonchée d’innombrables succès dans un futur on ne peut plus proche.

 

Remco Evenepoel

Pour un ancien footballeur promis au plus bel avenir, le jeune prodige belge du cyclisme a déjà démontré qu'il avait un sacré coup de patte. Le natif de Schepdaal est tout bonnement un phénomène et il semble d’ores et déjà écrit qu’il risque bien de s’offrir un palmarès digne du grand Eddy. En une année chez les professionnels, il a fait mieux que ce que les plus optimistes du monde du vélo lui prédisaient. Non content de s’adjuger son tour de Belgique et la Clasica San Sebastian, le petit cannibale s'est offert, au nez et à la barbe des cadors de la discipline, les inouïs titres de champion d’Europe et de vice-champion du monde du contre-la-montre. Son talent semble ne pas avoir de limite, ses nombreuses places d’honneur le prouvent, et, les années à venir nous promettent assurément un véritable feu d’artifice. Et dire qu’il n’a que 19ans… !

 

Sergio Higuita

Les performances conjuguées de Bernal, Pogaçar ou Evenepoel ont tant ébloui le monde du cyclisme cette année, que l'arrivée d'un nouveau grimpeur de Medellin sur le premier plan de la scène internationale à l'âge de 21ans parait anodine. S'il n'a pas encore le bagage hors-norme des extra-terrestres de précocité que sont les trois coureurs cités, le Colombien signe néanmoins une entrée fracassante au niveau World Tour. L'ancien coureur de Manzana Postobon aura été présent tout au long de l'année, glanant des podiums et des tops -10 dans la plupart des courses dont il a pris le départ. En point d'orgue, il rafle une grande étape de montagne à la Vuelta et une 14ème place au général pour sa première apparition sur un Grand Tour! Plus tôt dans la saison, il avait déjà signé une belle deuxième place au  classement final de l'Agmen Tour of California où il fut battu seulement par... Tadej Pogaçar! Quelque chose nous dit qu'on retrouvera encore souvent ces deux-là au duel, en haut des cols, au cours de la prochaine décennie.

 

Valentin Madouas

Certains s’attendaient peut-être qu’après la victoire à Paris-Bourges en fin de saison dernière, Valentin Madouas avait eu un déclic qui allait le catapulter à 23 ans, vers les sommets du cyclisme mondial en 2019. Mais le fils de Laurent a tout simplement poursuivi son processus d’apprentissage, sans grands éclats ni de victoires, mais avec quelques belles performances comme la 8ème place à l’Amstel Gold Race, la 11ème place au général de Paris-Nice et l’excellent Giro qu’il termine avec panache à la 13ème place. On n’est pas face à Bernal, c’est sûr, mais le potentiel est évident.

 

Jasper Philipsen

Sans aucun doute une des grandes révélations de la saison ! Son unique succès arrive grâce au déclassement de Caleb Ewan au Tour Down Under, mais Philipsen a été constant et performant sur toute la saison. Le jeune belge a obtenu 27 top-10, dont trois au Tour de France où il a souvent devancé son leader Kristoff dans les sprints massifs. Il a participé aux classiques de printemps pour acquérir une expérience qui, il n’y a pas de doutes, lui permettra très vite de s’approcher des sommets.

 

Nans Peters

Le coureur de l’AG2R La Mondiale est une des belles surprises de cette saison. Professionnel depuis 2017, il avait été relativement discret lors de ses deux premières saisons et était un peu passé en dessous des radars. Mais Nans Peters a découvert l’Italie cette année : 5ème lors de la course d’ouverture à Laigueglia, il explose au Giro où il endosse le maillot blanc pendant quelques jours avant de remporter une étape de montagne en costaud à Anterselva. Après un repos mérité et un top-10 au GP de Montreal, il termine sa saison avec une troisième place au Gran Piemonte, derrière les colombiens Bernal et Sosa. Une belle saison pour Nans qui, espérons-le, ne se contentera pas du rôle de soutien pour Romain Bardet dans les années à venir.

 

Hugh Carthy

Hormis sa belle victoire en solitaire sur la dernière étape montagneuse du Tour de Suisse, il n’a manqué qu’un grand succès au britannique de 25ans pour que sa saison, en tous points remarquable, ne soit totalement réussie. Véritable feu follet sur le Tour d’Italie, il fut l’un des seuls à pouvoir tenir tête aux grands noms du peloton dans les montagnes transalpines. Carthy aurait aimé montré sur La Vuelta les mêmes performances qu’en Italie mais une chute l’obligea rapidement à ranger ses ambitions au placard. Il est clairement l’avenir d’une équipe Cannondale en quête de nouveaux leaders et l’année à venir devrait lui permettre d’enfin éclore au plus haut niveau.

 

Edoardo Affini

Après un début de saison discret, le néo-pro de Mitchelton Scott a eu un déclic fin mai, après avoir remporté une étape au Tour de Norvège. Il est monté en puissance rappelant à tout le monde qu’il était un des meilleurs spécialistes du contre-la-montre en catégorie espoirs. Il obtient deux médailles de bronze aux Championnat d’Europe d’Alkmaar (CLM individuel et relais mixte) et enchaine ensuite des prestations solides en aux contre-la-montres du BinckBank Tour ou du Tour of Britain. Avec Filippo Ganna et en attendant Antonio Tiberi, il fait partie de la nouvelle génération des italiens spécialistes des courses contre le temps.

 

Le FLOP

Pascal Eenkhoorn

A 22 ans et déjà deux victoires chez les pros au comptoir, Pascal Eenkhoorn avait une belle carte de visite pour entamer la saison 2019. Mais l’espoir néerlandais n’a trouvé que peu de place dans une formation Jumbo-Visma qui visait les sommets et a dû se contenter de quelques courses où il a exercé un rôle de comparse. S’il peut se contenter de la victoire collective aux Hammer Series de Stavanger, il devra encore progresser s’il veut laisser une trace dans les prochaines années.

 

Michael Storer

Malgré son nom de champion de Moto GP, l’Australien de la Team Sunweb n’a pas vraiment fait parler sa cylindrée cette année. Après une saison plutôt prometteuses, Michael Storer stagne clairement en 2019, n’entrant que très rarement dans les top-20 des courses auxquelles il participe. Lui aussi doit se contenter des Hammer Series…. Et même s’il n’a encore que 22 ans, c’est trop peu pour quelqu’un qui devrait filer à 300 km/h…

 

Jenthe Biermans

Après deux deuxièmes places à Paris-Roubaix espoirs et déjà deux saisons parmi les professionnels, on pensait que Jenthe Biermans allait enfin faire fructifier son feeling avec les pavés du Nord. Mais le jeune belge a uniquement participé au naufrage collectif de l’équipe Katusha, en collectionnant des DNF dans la plupart des classiques de printemps et d’automne. Seul point positif, il a terminé le Giro, rien d’autre…

 

Niklas Eg

Troisième du Tour de l’Avenir 2017 derrière Bernal et Lambrecht, Niklas Eg avait passé une première année chez les pros discrète, avec une première participation au Giro et quelques belles performances dans des courses mineures. Mais alors qu’on pouvait s’attendre à une ultérieure progression, le danois a déçu en 2019, où il a trop souvent trainé dans le ventre mou du peloton. Sa cinquième place au classement général du Tour of Utah n’est pas à jeter certes, mais bon, il finit quand même derrière des seconds couteaux comme James Piccoli, Joe Dombrowski ou Joao Almeida… Après, sa chance, c’est qu’il fera à jamais partie de la génération d’orée du cyclisme danois…

 

Riccardo Minali

Le fils du sprinter Nicola Minali s’était introduit par la grande porte dans le cyclisme mondial en 2017, en sprintant à plusieurs reprises dans le top-10 de courses World Tour. Il avait confirmé son potentiel en 2018 mais avait décidé de quitter Astana pour trouver une équipe qui lui offre plus de soutien. Mais chez Israel Cycling Academy Riccardo Minali s’est retrouvé derrière des sprinters plus expérimentés comme Cimolai ou Sbaragli. Il a dû se contenter d’un nombre limité de courses mineures, encaisser la non-sélection pour le Giro, la mise à l’arrêt forcé en juillet/août, le non-renouvellement de son contrat. Bref, une année de merde avec très peu de résultats et un futur qui pourrait ne plus se situer sur un vélo. Dur.

 

Gino Mäder

Après une excellente saison 2018 où il avait terminé 3ème du Tour de l’Avenir en y remportant 2 étapes, quatrième des championnats du monde U23 d’Innsbruck et deuxième du Tour of Hainan derrière Fausta Masnada, Gino Mäder a fait le mauvais choix de signer chez Dimension Data… Le Suisse avait pourtant bien commencé la saison avec une onzième place au Tour de San Juan, mais il a ensuite collectionné les abandons ou des résultats anonymes, à l’instar de toute son équipe. Il aura évidemment droit à une seconde chance en 2020.

 

Matteo Moschetti

Comme Jasper Philipsen, le jeune sprinter de la Trek a été une des révélations du mois de février. Après quelques bons sprints au Giro où il avait montré qu’il sait se frotter dans les sprints de haut niveau, Moschetti a été victime d’une lourde chute qui a impacté le restant de la saison. Il est revenu en aout, mais n’a plus été capable de faire parler sa vitesse dans les dernières courses de l’année. Le potentiel est là, c’est une évidence, mais on attend impatiemment la première victoire contre des grands noms.