Le vainqueur du Fantatour 2014 remportera un magnifique maillot vintage Panasonic – Sportlife de 1992. Un maillot d’une équipe qui n’a peut-être jamais remporté le Tour de France mais qui y a brillé, notamment dans les classements parallèles comme le classement à points ou le classement des jeunes. Un maillot qui sent bon les années ’80 avec ses sprinters, ses promesses, ses souvenirs.
L’équipe Panasonic est créée en 1984 à une époque où le cyclisme reste un sport populaire à travers lequel les sponsors en quête de globalisation comptent bien toucher les masses. Toshiba, PDM, Panasonic… toutes des marques qui aujourd’hui ne mettraient plus un sous dans un sport probablement trop peu tendance pour leur public jeune et branché. Mais au début des années ’80, personne ne se soucie de l’avenir du monde économique mondialisé, surtout pas ceux qui jouent encore avec les billes à l’effigie de Bernard Hinault ou Giuseppe Saronni sur les plages de la méditerranée.
L’équipe Panasonic est néerlandaise, mais c’est un coureur belge qui marquera ses premières pas dans le peloton. A savoir un certain Eric Vanderaerden. Le natif de Herk-de-Stad sera un des premiers sprinters modernes. Ses duels avec Guido Bontempi et Abdoujaparov n’avaient rien à envier à ceux d’aujourd’hui entre Cavendish, Greipel ou Kittel. Vanderaerden remporte deux étapes au Tour en 1984 et réédite l’exploit l’année suivante où il endossera également le maillot jaune pendant trois jours. En 1986, il ne remporte pas de victoire mais endossera le maillot vert à Paris. Il sera évincé par des jeunes sprinters comme Abdoujaparov ou Jean-Paul Van Poppel, mais remportera encore des grandes classiques comme Gand-Wevelgem, le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix.
Fini l’époque Vanderaerden, l’équipe Panasonic se trouve une nouvelle vedette, cette fois issue du terroir national: Eric Breukink. Le jeune néerlandais explose lors du Giro 1987, en remportant la troisième place finale alors qu’il n’a que 23 ans. Dans le Tour de la même année, celui de la lutte entre Delgado, Roche, Bernard et Mottet, il remporte l’étape de Pau devant Jeff Bernard. Il s'agit de l'étape qui permet justement à Charly Mottet d’endosser le maillot jaune et de faire rêver tout l’hexagone. L'arrivée de Breukink chez Panasonic fait partir de l'équipe un autre grand espoir du cyclisme hollandais de l'époque, Gert-Jan Theunisse. Le grimpeur à la tête peu sympatique ira chez l’équipe ennemie PDM et brillera sur les routes du Tour, alors que Breukink lui, préfère l’Italie où il termine deuxième du Giro en 1988 et quatrième en 1989. Sur le Tour, Breukink remporte le maillot blanc du meilleur jeune en 1988 et le prologue du Tour 1989, mais il n’arrivera jamais à confirmer les espoirs posés sur lui par tout un pays qui attend un maillot jaune depuis la victoire de Joop Zoetemelk en 1980. Certaines mauvaises langues diront même qu’Eric Breukink est le père spirituel des loosers bataves des années 1990 et 2000 comme Michael Boogerd ou Robert Gesink: toujours favoris, mais jamais présents pour la lutte finale.
La troisième et dernière phase de la team Panasonic débute en 1990, après la chute du Mur de Berlin. Les sponsors ne savent pas encore qu’ils remporteront haut-la-main la guerre commerciale avec PDM, mais les dirigeants de l’équipe sentent qu’il y a un beau coup à jouer avec l’arrivée des coureurs d’Europe de l’Est. Passés dans le monde professionnel, certains coureurs de l’ancien bloc communiste viendront vite gagner des florins et des courses en Europe occidentale. A commencer la Viatcheslav Ekimov et Olaf Ludwig. Ludwig sera d’ailleurs le deuxième allemand à remporter le maillot vert sur le Tour en 1990. Il se spécialisera ensuite dans les courses d’un jour et remportera la Coupe du Monde en 1992, succédant ainsi à son coéquipier chez Panasonic, Maurizio Fondriest. 1992 sera d’ailleurs la dernière saison de l’équipe Panasonic dans le peloton. Une année au cours de laquelle la team néerlandaise remportera quand même le contre-la-montre par équipe du Tour avec une formation composée de Fondriest, Ekimov, Ludwig, Marc Sergeant, Jury Nulens, Eric Van Lancker, Dimitri Zdhanov et le néerlandais Eddy Bouwmans. Ce dernier sera d’ailleurs le meilleur jeune du Tour 1992, mais ne rééditera jamais cette belle performance, à l’instar de son illustre prédécesseur Eric Breukink et de ses multiples successeurs…