Que c’est-il passé depuis 10 jours dans le monde du cyclisme? Beaucoup de choses. Très intéressantes. Et ça ne fait que commencer.

PARIS - NICE

Les commentateurs de la RTBF ont bien essayé de vendre leur produit, il n’y  rien à faire, Paris-Nice n’était pas d’un très haut niveau cette année. On peut comprendre que ASO a vendu les droits de la course dans un “package” comprenant le Tour de France, la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège et que la chaine publique a été obligée de rentabiliser l’achat, mais lorsqu’on entend les commentateurs dire “quel beau monde cette année sur Paris-Nice” ou “les organisateurs ont réussi à faire venir les grands noms du peloton”, on rigole. Ce n’est pas Rodrigo, resté tranquillement à Reyers, qui aurait sorti de telles bêtises.

Parce que l’édition 2013 de Paris-Nice c’était vraiment une course de seconds couteaux. L’absence de vrais grimpeurs a permis à Richie Porte, qui n’est finalement que le cinquième choix des Sky, de remporter l’épreuve assez facilement. L’absence des grands sprinters a carrément permis à Sylvain Chavanel de remporter un sprint massif devant Gilbert. C’est dire…

Bon, quelques belles confirmations quand même: Talanksy est un coureur qui fera de belles choses et dont on pourra apprécier le panache. Diego Ulissi a aussi montré ses qualités de grimpeur et pourrait avoir son mot à dire dans les Ardennaises. Toujours dans l’optique Fantaclassics, Gilbert a l’air mieux que l’année dernière, tout comme Sylvain Chavanel. Une grosse déception quand même: Teejay Van Garderen ! Face à une concurrence assez faible, l’Américain était le grand favori et aurait dû assommer la course, que ce soit en montagne ou au contre-la-montre. Mais TVG est carrément resté en dehors du podium, montrant peut-être qu’il est le genre de coureur à se concentrer uniquement sur le Tour de France. Ca nous rappelle quelqu’un et ça nous plait moyennement.

TIRRENO - ADRIATICO

S’il n’y avait personne sous la pluie de la course du soleil en France, c’est que tout le monde se trouvait sous la pluie de la course des deux mers en Italie. Contador, Froome, Nibali, Rodriguez, Sanchez, Evans, Schleck pour le classement général. Cavendish, Greipel, Degenkolb et The King Peter Sagan en personne pour les sprints. Ca c’est du beau monde. Ca c’est les grands noms du peloton. Et logiquement, le grand spectacle a été au rendez-vous. Un spectacle incarné par deux noms: Peter Sagan et Vincenzo Nibali. Le premier a tout simplement été impressionnant. Capable de battre Cavendish et Greipel à la régulière dans un sprint massif lors de la troisième étape et ensuite suivre et même lâcher certains grimpeurs pour accompagner Nibali et Rodriguez et remporter l’étape dantesque de Porto Sant’Elpidio. On se demande quelles surprises peut encore nous réserver le Slovaque, tellement sont répertoire semble illimité. Quarante ans après le seul et l’unique, il pourrait bientôt y avoir un nouveau cannibale dans le peloton…

Vincenzo Nibali a quant à lui franchi un nouveau pas vers une maturité qui lui permettra de remporter un des deux grands tours ou une grande classique un jour. Espérons-le pour lui, parce qu’il le mérite certainement. Le Squale de Messine ne semblait pas au mieux de sa forme. Il avait perdu quelques secondes sur les meilleures lors des premières étapes de montagne, mais s’est incroyablement repris lors de la sixième étape. Une attaque dans la descente à 15 km de l’arrivée n’est rien de nouveau pour Nibali, mais cette fois, il a augmenté son avance dans les kilomètres suivants, en emmenant Sagan et Rodriguez jusqu’au bout. Un très beau numéro qui lui permet finalement de gagner Tirreno-Adriatico pour la deuxième fois consécutive. Le dernier à avoir réalisé cet exploit était Tony Rominger en 1989 et 1990.

Les grands champions ne sont cependant rien sans des adversaires à leur taille: Contador était là, un peu en retard dans la préparation, mais c’est relativement normal et il remporte néanmoins le classement à points. Rodriguez a fait du pur Purito. Une victoire d’étape avec un démarrage dont il a le secret et qu’il a répliqué le jour suivant. Mais cette fois, Sagan et Nibali ont empêché le doublé. Froome a aussi eu sa part de gloire. La victoire dans l’étape reine de Prati di Tivio et une deuxième place au classement final peuvent difficilement être considérées comme un échec, mais le Kenyan blanc a montré une nouvelle fois ses limites lorsqu’il doit assumer le leadership de son équipe.

Bon, les exceptions confirmant la règle, Andy Schleck a abandonné dans l’anonymat alors que Cadel Evans est passé à travers l’épreuve dans le même anonymat. Les deux coureurs ne semblent toujours pas remis de ce contre-la-montre du Tour 2011 qui a envoyé le premier vers une dépression chronique et le deuxième vers une retraite paisible.

Il y aurait encore plein de choses à dire, parler de la crise de victoires de Cavendish, de l’essor de Kwiatkowski, de la bonne forme de Juergen Roelandts, de la surprise Santambrogio qui ne sera pas le bon plan du Fantaclassics car son équipe n’est pas invitée pour les Ardennaises. Mais notons quand même que certains coureurs et directeurs sportifs se sont plaints de la dureté de l’épreuve. Les organisateurs se sont excusés pour éviter de voir tout ce beau monde sur Paris-Nice l’année prochaine.

LES NOUVELLES DE L'INFIRMERIE

- Victime d’une chute sur Tirreno-Adriatico, Sep Vanmarcke a dû abandonner et a risqué d'être opéré du genou. L’opération ne sera pas nécessaire, mais il ne sera probablement pas au mieux pour les courses flamandes. Tomyteam, Piquouze, Tutto Bene et Eddy Brecks perdent un bel atout. Par contre, Gitane Classics, Wieler Ploeg, Surebet et Mtp peuvent sourire: Lars Boom sera le seul leader chez Blanco Team pour les classiques flamandes et Paris-Roubaix. Et c’est plutôt une bonne nouvelle lorsqu’on sait à quel point l’expression “trop de leaders tuent les leaders” est valable chez Rabobank/Blanco Team. La team Surprize s’en fout, elle avait les deux…

- Jan Bakelants sera par contre bel et bien opéré du genou. Pas de classiques pour lui cette année. Pas de points pour Les Barbouzes.

- Encore des mauvaises nouvelles pour Tomyteam et Les Barbouzes, mais aussi pour Sharky Stars: victime d’une lourde chute lors de la deuxième étape de Paris-Nice alors qu’il portait le maillot jaune de leader, Nacer Bouhanni a annoncé qu’il renonçait à Milan-Sanremo. Il sera peut-être présent pour Gand-Wevelgem, mais ce qui est certain, c’est qu’il y sera avec deux dents en moins.

Comments

Effectivement, le vent... Pippo Pozzato m'a confié qu'en cas de vent contraire dans la Cipressa et le Poggio, c'est quasi impossible de lâcher le groupe. Et ça se termine en sprint... Sauf si les casses-cou attaquent dans les descentes...

Pour s'imposer, il devra se débarrasser de Peter Sagan (Cannondale), le seul coureur qui lui fait vraiment peur. "Pour gagner, je vais tout faire pour éviter un sprint dans un grand groupe. Comme chaque année. Et j'attends la même chose de Nibali, Cancellara et Gilbert. Même Sagan ne peut pas se permettre d'arriver au sprint avec Cavendish. Le Britannique dit qu'il ne peut pas gagner dimanche ? Non, il est suffisamment fort. J'ai vu un Cavendish en forme. L'idéal, c'est d'arriver seul ou dans un groupe de 4-5 hommes. Et sans Sagan bien sûr", conclut-il.

-interview de Pozzato-