Après les jeunes et les sprinters, voici le troisième chapitre de notre bilan de la saison cycliste. Entre le sérieux et l’ironique, la rédaction de Fantacycling.com analyse les prestations des chasseurs de classiques.

Le TOP

Julian Alaphilippe

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avant de prendre le départ d’un Tour de France qu’il éclaboussera de son talent et panache, Julian Alaphilippe avait pris le départ de 42 courses. Il en avait gagné 10 et avait terminé à 25 reprises dans le top-10 ! Il avait commencé en Amérique du Sud avant de rentrer en Europe pour son fabuleux triplé Strade Bianche-Sanremo-Flèche Wallonne, avec des places d’honneur derrière Van der Poel à la Flèche Brabançonne et à l’Amstel. La seule déception du printemps sera sa mauvaise prestation à Liège-Bastogne-Liège, où il n’arrive simplement pas à suivre les purs grimpeurs dans la Roche aux Faucons. Après un Tour de France qui restera, grâce à lui, dans toutes les mémoires, Alaphilippe accuse le coup et termine logiquement la saison sur les rotules. Il reviendra surement encore plus fort et devra gérer son statut de favori unique sur toutes les classiques ardennaises, même si on doute que cela lui pose un problème. Un conseil ? Même s’il est difficile de renoncer au Tour, surtout après l’édition 2019, pourquoi ne pas tenter de jouer la gagne sur une Vuelta qui offre souvent des parcours plus propices à son profil de puncheur. S’il veut tester ses capacités de gagner un tour de trois semaines, ce serait la meilleure chose à faire.

Mathieu Van der Poel

On se souviendra de la saison cycliste 2019 pour son Tour de France passionnant et dramatique. Mais on s’en souviendra aussi pour l’arrivée dans le peloton d’un ovni nommé Mathieu Van der Poel. Le champion du monde du cyclo-cross avait déjà montré quelques belles choses sur route en 2018, mais son entrée réelle dans le circuit fut dévastatrice. Il gagne dès sa première course au Tour d’Antalya en février avant d’enchainer des victoires à Denain et au Dwaars door Vlaanderen et des places d’honneur à Wevelgem et, après une passionnante remuntada suite à une chute, au Tour des Flandres. Il remporte facilement la Flèche Brabançonne et est le protagoniste du final de classique le plus incroyable des dernières années, avec son retour victorieux dans la dernière ligne droite de l’Amstel Gold Race. Après un repos mérité MVDP enchaine quelques petits tours où il gagne à chaque fois, des étapes ou le général comme au Tour of Britain. Cerise sur le gâteau ? Il montre lors des Mondiaux du Yorkshire qu’il est humain et qu’il ne peut simplement pas enchainer une saison de cyclo-cross (32 courses, 31 victoires), une saison de Mountain Bike (12 courses, 10 victoires) et une saison sur route (32 courses 11 victoires) sans montré des signes de fatigues. Et alors qu’on est encore en train de faire le bilan de la saison passée, que certains coureurs sont encore en vacances et que d’autres commencent à peine à perdre les premiers kilos, Mathieu Van der Poel est déjà en train d’enchainer victoire sur victoire dans les circuits boueux de toute l’Europe. Histoire de rendre hommage à son grand père. Un ovni on disait…

Philippe Gilbert

Gilbert ne cessera jamais de nous étonner et, sa victoire sur Paris-Roubaix n'en est qu'une preuve supplémentaire. Le remoucastrien nous a une nouvelle fois fait vibrer en 2019 et, après une Vuelta de toute beauté, si la malchance ne s'en était pas mêlée, qui sait si le belge n'arborerait en 2020 une tunique arc-en-ciel qui lui semblait promise. Désormais de retour à la Lotto-Soudal, Gilbert arpente déjà les routes italiennes qui mènent à San Remo en quête de son cinquième monument. A nul n'est tenu, rien d'impossible, Gilou, jamais avare de ses efforts, pourrait nous surprendre un peu plus encore en 2020 et démontrer que les années n'ont décidément pas de poids sur son inaltérable talent. A 37 ans, Il a, certes, perdu son panache d'antan mais sa science de la course en fait toujours un adversaire redouté et redoutable. Le bonhomme, dont le contrat n'a, étrangement, pas été reconduit par le gourou du peloton, a plus d'une corde à son arc et on salive d'envie de voir les cibles dans lesquelles ses flèches vont venir atterrir la saison prochaine.

Wout Van Aert

Avec, entre autres, Van de Poel et Pogacar, encore un phénomène pour qui l'avenir semble pavé des meilleures intentions. Le nouveau Flandrien de l'année a vécu une saison tout en contraste et on ne peut qu'espérer que sa terrible chute sur le Tour de France ne laissera pas des séquelles irréversibles. Auteur d'un début de saison en boulet de canon, avec en point d'orgue, un titre de champion de Belgique du contre-la-montre et le maillot vert sur le Dauphiné, le roi des labourés aura également tenu son rang sur les Classiques de printemps. Il n'y a pas gagné mais ses performances, deuxième à L'E3 BinckBank ou encore troisième aux Strade Bianche, y ont été bien plus qu'honorables. Loin d'être émoussé, il défraie la chronique sur le Tour où il éclabousse de sa classe les routes hexagonales. Une malheureuse rencontre avec une barrière Nadar l'oblige à abandonner et le prive d'une seconde partie d'année où il aurait, inévitablement, encore fait parler la poudre. Sa convalescence touche aujourd'hui à sa fin et il nous tarde de le revoir monter sur son fidèle destrier pour, tant et plus encore, nous régaler.

Oliver Naesen

Le Belge d’AG2R avait laissé entrevoir de belles choses en 2018, avec des placettes à l’E3 et à Gand-Wevelgem. Il a franchi un nouveau palier en 2019, avec une magnifique saison des classiques: 2ème à San Remo derrière Alaphilippe, il échoue de nouveau de peu à Gand-Wevelgem (3ème battu au sprint par Kristoff), puis finit avec les cadors au Ronde (7ème). Si on ajoute sa 13ème place à Roubaix, sa 10ème place à l’Omloop et sa 8ème place à l’E3, on obtient une moisson fantastique. A 29 ans, il entre en pleine maturité et sera le leader incontesté de son équipe pour les flamandes en 2020, avec comme objectif de remporter une première victoire de prestige.  

Alexander Kristoff

On essaie au début de chaque saison de se convaincre que le Norvégien est fini, et chaque fois il trouve le moyen de nous démentir. Son sprint victorieux à Wevelgem fut une des plus impressionnantes démonstrations de puissance de la saison 2019. Et avec sa flopée de top-5, -10 et -15 décrochés tout au long des classiques de l’année (à San Remo, au Ronde, à DDV, à Londres et Hambourg), Kristoff a confirmé qu’il reste une des valeurs sûres du fantapeloton. 

Jakob Fuglsang

2ème des Strade Bianche, 3ème de l’Amstel, 2ème de la Flèche Wallonne, 1er de Liège-Bastogne-Liège, ça ressemble fortement à un CV d’un spécialiste des classiques Ardennaises. Si on y rajoute ses victoires au général de la Ruta del Sol et du Dauphiné, plus une étape à Tirreno-Adriatico et à la Vuelta, on comprend mieux pourquoi Jakob Fuglsang termine 3ème du classement UCI derrière Roglic et Alaphilippe. Sans aucun doute la meilleure saison de sa carrière et un nouveau statut qu’il devra défendre en 2020, avec des JO et des championnats du monde qui pourraient bien lui offrir le sacre ultime. 

Zdenek Stybar

Souvent placé, jamais gagnant, on s’était presque définitivement résolus à ranger Stybar dans la catégorie des éternels espoirs déçus. Un gâchis monstrueux, puisque sa pêche et son background de crossman en faisaient un candidat pour exceller sur les flamandes. Et puis boum ! Voilà qu’en 2019, à 33 ans, il nous sort une saison d’anthologie, avec un doublé Omloop-E3 et des top-10 à Roubaix et aux Strade. De quoi contribuer décisivement à la razzia Quick Step sur les classiques. Et à l’instar d’autres poulains de Lefevere, comme Terpstra ou Gilbert, il se pourrait bien qu’il se bonifie encore avec l’âge.           

 

Le FLOP

Peter Sagan

Le record de maillots vert du Tour de France ne suffira pas à masquer la déception pour une des pires saisons depuis que Sagan est professionnel. Quatre petites victoires, il n’avait jamais gagné aussi peu. C’est surtout que pour la première fois, le triple champion du monde n’était pas au niveau de ses adversaires dans les classiques de printemps. Il perd encore au sprint à Milan-Sanremo, tente une attaque suicidaire à Wevelgem, est lâché à la pédale au GP de l’E3 et ne réussit pas à suivre Gilbert et Politt à Paris-Roubaix. Alors qu’il voulait tenter de jouer la gagne à Liège-Bastogne-Liège, il met un terme à sa campagne après deux abandons à l’Amstel et à la Flèche Wallonne. Au Tour de France, il fait le minimum syndical en remportant une étape, mais rate son rendez-vous avec le maillot jaune à Bruxelles et ne se mêle jamais vraiment à la lutte pour la victoire dans les sprints massifs. Finalement, il semble retrouver la forme pour les championnats du monde du Yorkshire, mais au lieu de suivre l’attaque de Mathieu Van der Poel et Matteo Trentin, il préfère attendre en espérant que d’autres nations le ramènent à l’avant. Une attitude calculatrice qui ne lui correspond pas et qui prouve que l’ancien roi a perdu de son panache légendaire. En 2019, Sagan semblait démotivé et plus proche d’une fin de carrière que de nouveaux exploits. Sa première participation au Giro en 2020 semble indiquer qu’il cherche de nouveaux défis pour rester encore quelques temps Peter « The King ».

Michael Valgren

Loin de nous l’idée d’être gratuitement médisants, mais il est tout de même difficile de ne pas penser que le Danois a bénéficié d’un certain « effet Astana » lors de sa grandiose saison 2018, marquée par des victoires à l’Omloop et à l’Amstel. Par contre, pour 2019, nous sommes complètement sûrs que Valgren est tombé dans les profondeurs du trou noir Dimension Data, l’équipe qui vampirise le mieux les talents: zéro bouquet et zéro protagonisme dans une saison infernale, dont le highlight fut…une 29ème  place à Dwars door Vlaanderen. Sans aucun doute un des plus mauvais plan des fantaclassiques 2019.

Michael Matthews

Michael Matthews avait tout misé sur les classiques cette année. Il les a d’ailleurs toutes courues au printemps et même s’il n’a pas complètement déçu les fantamanagers qui avaient parié sur lui, grâce notamment à quelques top-10 comme au Tour des Flandres, à la Flèche Brabançonne et à la Flèche Wallonne, il ne s’est jamais vraiment approché d’une victoire qu’il attend depuis longtemps. S’il n’est clairement plus un pur sprinter, il n’a pas encore le moteur ni le sens tactique d’un spécialiste des courses d’un jour. Sa victoire au GP du Québec en fin de saison permet de garder l’espoir de le voir un jour triompher sur une grande classique.

Greg Van Avermaet

C’est sûr que depuis son exceptionnelle campagne de 2017, Greg Van Avermaet ne peut plus se satisfaire d’une deuxième place au Nieuwsblad et d’une troisième au GP de l’E3. Si on ne peut pas lui en vouloir d’avoir placé la barre très haut, on s’attend quand même à chaque printemps de le voir lever les bras au moins une fois. Pourtant, il était là, plutôt en forme, assumant son statut de favori, mais manquant souvent cruellement de créativité, voir de panache. Comme Matthews, il sauve un peu sa saison en remportant une des deux classiques canadiennes, mais retombe dans ses travers lors des Championnats du monde, où il reste caché pendant toute la course, éspérant un sprint réduit qui n’arrivera pas.

Tiesj Benoot

Saison on ne peut plus morne pour Tiesj, nouveau transfuge de la Sunweb. A 25 ans, l'avenir appartient toujours au talentueux gantois mais il va falloir qu'il se donne les moyens de crever à nouveau les écrans. Une seule victoire à son actif cette année, la première étape du Tour du Danemark, c'est bien peu pour le vainqueur autoritaire des Strade Bianche en 2018. Certes, il n'a rien perdu de ses indéniables qualités mais la roue a souvent tourné dans le mauvais sens en 2019. La faute à quelques malheureuses chutes et à un panache qui l'a plus souvent boudé qu'à son tour. Quelques places d'honneur sauvent néanmoins sa saison mais on est en droit d'attendre bien plus d'un coureur qui avait terminé cinquième pour sa première participation au Ronde en 2015.

Sonny Colbrelli

Si dans l’ensemble, Sonny Colbrelli a fait une saison correcte, avec quelques belles victoires et un Tour de France relativement réussi, il n’a pas fait le bond en avant qu’on attendait de lui. C’est surtout au printemps que les résultats ont fait défaut, un peu à cause de la malchance ou de pépins physiques, mais un peu aussi parce que les jambes n’étaient pas les meilleures. Une 13ème place à Harelbeke comme meilleur résultat de la campagne, c’est un peu léger pour celui qui clame partout qu’il adore les pavés et qu’on annonce comme potentiel vainqueur de Milan-Sanremo ou de l’Amstel depuis plusieurs années.

Jasper Stuyven

Le longiligne Jasper nous avait régalé en 2018: avec sept top-10 sur la saison des classiques, il avait été de tous les coups fumants et s’était imposé comme le grand maître de la régularité. A tel point qu’il s’était érigé en incontournable à l’entrée de la saison 2019, tout le monde étant persuadé qu’il allait enfin enrichir un palmarès qui ne renseigne qu’un maigre Kuurne-Bruxelles-Kuurne en 2016. La déception fut donc grande de voir Stuyven naviguer un peu perdu durant les flamandes, jamais largué mais jamais devant non plus. Or, la différence entre un top-10 et un top-30, c’est un véritable océan en fantacycling.

Gianni Moscon

Après plusieurs saisons en progression constante, Gianni Moscon était un des coureurs les plus attendus au printemps. Mais l’italien au caractère difficile est complètement passé à coté de sa campagne, avec une 42ème place au Ronde comme meilleur résultat. Les excuses d’un entrainement trop dur en hiver et d’une blessure au genou en début de saison valent ce qu’elles valent. Lui, il valait 11 fantamillions au Fantacassics, mais a rapporté que dalle… Pourtant son deuxième top-5 consécutif lors des championnats du monde prouve qu’il a le potentiel pour briller sur les courses d’un jour. Reste à trouver la bonne formule…

Matteo Trentin

Classer Matteo Trentin parmi les flops de l’année peut paraître sévère, surtout que sur base du cumul des résultats, l’Italien a fait une de ses meilleures saisons. Mais on en a marre de voir Trentin gâcher tout ce qu’il fait de bon, sans jamais récolter un grand succès qu’il mériterait largement. Terminer dernier du groupe de tête à Sanremo ou à l’Amstel, ce n’est pas compréhensible pour quelqu’un qui gagnait des sprints massifs à la Vuelta il y a deux ans. Trentin est devenu le spécialiste du mauvais effort au mauvais moment. On ne lui demande pas de sucer des roues, ni de faire son Valverde, mais un peu plus de cynisme, allié à son panache et son coup de pédale, lui aurait permis de gagner des grandes courses. Comme les Championnats du Monde qu’il termine deuxième alors que le maillot arc-en-ciel lui tendait les bras. En supériorité numérique grâce à Moscon, l’Italien aurait pu mieux doser ses efforts et lorsque son compatriote fut lâché à 6 kilomètres de l’arrivée, personne ne lui aurait reproché de ne plus prendre de relais. Mais voilà, Trentin est comme ça. Peut-être un peu trop-bon-trop-con, mais un cœur énorme. On ne peut qu’espérer qu’après la déception du Yorkshire, il puisse rebondir dans sa nouvelle équipe CCC et faire plaisir à tous ceux qui ont pleuré avec lui.

 

Comments

Alaphilippe élu Vélo d’Or 2019 : prends ça, Leo Messi !! ;-) En exclusivité pour fantacycling.com, l’Oreillette a recueilli les premières impressions de l’homme de l’année…
« Julian, une réaction ?
- Bah, à partir de là, je crois que bon… l’important c’est les trois points de bonification, hein, on prend les courses les unes après les autres sans se poser de question, hein… c’est vrai que globalement le bilan est plutôt positif, euh, non pardon, plutôt satisfaisant... un transfert au mercato d’hiver ? non, je crois que bon, j’ai la chance de rouler devant un public formidable et pour le team de mon cœur, donc tant que le sponsor continue à montrer du respect sur mon compte bancaire, euh, non pardon, sur mon compte tout court, il n’en est pas question… enfin bon, mon agent et moi-même sommes ouverts à tout nouveau challenge, hein… la grande compétition du mois de juillet ? oui bien sûr, j’y pense, j’ai confiance… je crois que bon, le team vit bien, on adhère au discours du directeur sportif, hein… alors la plus haute marche du podium, pourquoi pas… en tout cas je crois que bon, c’est pas dans la poche mais tout le team sera à sang pour sang derrière moi… un mot pour mes dauphins Bernal et Roglic ? bah, je crois que bon, même si je pense avoir amplement mérité ce Vélo d’Or, ce sont tout de même deux beaux Pouli d’Or…
- Merci Julian, et bonne saison 2020 ! »