vuelta 2023 etape 17

Les Jumbo-Visma dominent décidément cette Vuelta de manière presque arrogante. Comme au Tourmalet, les trois leaders ont pris les trois premières places au sommet de l’Angliru, offrant une nouvelle victoire à un Primoz Roglic bien en jambe, tout en confortant leurs places sur le podium du classement général face à des adversaires démunis. Mais… Les choses sont peut-être moins idylliques qu’on pourrait le croire et quelque chose nous dis que ce tour d’Espagne nous réserve encore quelques rebondissements.

Après les catastrophes tactiques des équipes UAE et Bahrein la veille, l’étape de l’Angliru a également fait grincer les dents à quelques puristes des stratégies d’équipe. Les premiers visés sont les Bahrein, qui ont commencé à prendre la tête du peloton à 40 kilomètres de l’arrivée pour revenir sur Remco Evenpoel, parti en solitaire à la chasse aux points du grimpeur et en quête d’exploit légendaire. Repris dans les premières rampes du « col le plus dur d’Europe », Remco s’est laissé filer en attendant des meilleurs occasions. Les Bahrein ont continué à faire le forcing, faisant craquer un après l’autre les leaders du top-10 du général, à commencer par Vlasov, suivi de Almedia, Ayuso, Uijtenbroecks et Mas. On s’est donc retrouvé avec un double trio : les trois Jumbo contre les trois Bahrein, à savoir Poels, Landa et Buitrago. L’effort était beau, mais lorsqu’on a vu que la prochaine victime du rythme de Wout Poels était son équipier Buitrago, on a compris qu’il était vain. La légère accélération de Primoz Roglic à 3 kilomètres du sommet a mis hors-jeu Landa et Poels, permettant au trio magique de s’envoler vers le sommet.

Trois Jumbos sortant du brouillard, franchissant le sommet de l’Angliru main dans la main ; la victoire pour Roglic, le rouge pour Kuss, le futur pour Vingegaard ; un équipier modèle escorté par ses leaders après leur avoir fait gagner respectivement le Giro et le Tour ; une victoire finale pour un gregario qui récompense une carrière basée sur la dévotion… Tout était prêt pour écrire une des pages les plus légendaires du cyclisme. Sauf que cette belle histoire n’a pas eu lieu… Car lorsque Kuss a quelque peu souffert le rythme de Roglic, ils ne l’ont pas attendu. Ils auraient pu ! Landa n’était pas loin, mais inoffensif. Ayuso et Mas étaient déjà à plus d’une minute. Les trois places sur le podium de l’étape ne pouvaient pas leur échapper, tout comme la victoire de l’équipe au classement final. Mais non, Roglic et Vingegaard sont partis et le brave Sepp Kuss a sauvé son maillot rouge pour 8 secondes. Evidemment, à l’arrivée les accolades et sourires étaient de mise, tout comme les déclarations confirmant que l’objectif reste de porter Kuss en rouge à Madrid. Mais dans le brouillard de l’Angliru, on a compris les consignes chez Jumbo : que le meilleur de l’équipe gagne et tant pis pour les comptes de fée!

En attendant, si les efforts des Bahrein n’ont pas servis à grand-chose au niveau de la victoire d’étape, à part dégouter Remco et mettre les Jumbo sur orbite, il faut bien avouer qu’ils ont réussi à faire monter Mikel Landa à la cinquième place du général et Santiago Buitrago à la 10ème. Il faut se contenter des miettes sur cette Vuelta, on l’avait compris… Le grand perdant du jour s’appelle en revanche Marc Soler qui après avoir tenté de revenir en solitaire sur Evenepoel, a complètement craqué dans l’Angliru, arrivant à 18 minutes du vainqueur et perdant 7 places au classement général. Probablement un soulagement pour le coureur UAE qui à partir de demain pourra recommencer à faire du Marc Soler sans trop de pression…

On a aussi compris que Koum et CoblooseRED sont les fantateams qui dominent les étapes de montagne avec la combinaison Kuss-Vingegaard-Roglic-Ayuso-Evenepoel qui leur a permis de remporter encore une fois l’étape ex-aequo. Mais attention, Pieter1995 fait plus que de la résistance et avec ses trois sprinters Groves, Molano et Dainese, il a encore des points à chercher pour se battre jusqu’au bout, car on voit mal Ayuso faire un exploit d’ici dimanche et on pourrait même se passer de lui pour remporter la Fantavuelta.

Le bon plan du jour

Petite devinette : l’homme qui craque quand tout le monde croit en lui et performe quand on ne s’y attend pas? Mikel Landa bien sûr. Après un Tour de France anonyme, le Basque réalise sa plus belle Vuelta. Il a une équipe solide et l’épouvantail du contre-la-montre est déjà passé. Il coûtait relativement cher, 36 fantamillions, et son butin actuel n’est que de 372 points, mais avec ce qu’il a montré ces derniers jours, il pourrait bien aller au-delà de la cinquième place qu’il occupe actuellement. En tous les cas, il fait rêver les rares fantamanagers (26) qui n’ont jamais abandonné l’idéologie du Landismo.

Le mauvais plan du tour

Grâce à la prestation de son équipe au contre-la-montre initial, Enric Mas a récolté des points inattendus dès le début de la Vuelta. Ceci a sauvé un peu l’investissement de 39 millions que 124 fantamanagers avaient fait. Car sur l’Angliru, l’Espagnol a sombré sur son terrain de prédilection. Il n’a pas tort de dire que son équipe n’est pas à la hauteur dans la montagne, mais dans le brouillard des Asturies, ses jambes ne tournaient pas beaucoup mieux que celles de ses camarades. Il a perdu une place au général et va surement se battre pour la récupérer, mais ceux qui s’attendaient à le voir bousculer les grands favoris comme il a su le faire dans le passé, ont aujourd’hui perdu toute illusion.

Le prono-provoc pour la 18ème étape

Quelqu’un lui a soufflé à l’oreillette qu’il était nominé pour le « Prix Maxime Monfort » décerné au coureur qui fait un bon tour mais qui ne rapporte rien au fantacycling… Il fera tout pour ne pas gagner ce prix ingrat et s’accrochera aux roues de Remco Evenepoel toute la journée pour le bruler au sprint. Ce sera la première victoire parmi les professionnels pour Stef Crass.

Comments

Un peu de retard dans mes lectures de gazettes, moi - donc je salue avec retard ce joli titre 'Et un, et deux, et trois Jumbos' qui me rappelle un grand moment de bonheur (garanti sans dopage mécanique), c'était il y a un quart de siècle déjà...