Comment allait se dérouler le premier Tour des Flandres sans Fabian Cancellara et Tom Boonen depuis 2001? Telle était la question qu'on se posait la veille de la deuxième classique monument du calendrier. Une course fermée ou une échappée "semi-bidon" permettant aux outsiders de jouer leur carte? Finalement, le Tour des Flandres 2015 a été remportée par un des grands favoris, mais Alexandr Kristoff n'a pas gagné en lâchant ses adversaires à la pédale dans les "bergs" mais en saisissant la bonne opportunité dans une phase transitoire de la course. Tous les grands leaders étaient en effet groupés avant les dernières ascensions du Vieux Quaremont et du Patterberg. C'est à ce moment là que Nicki Terpstra a tenté une attaque à laquelle seul Alexandr Kristoff a réagi.

Contrairement à ses habitudes, le norvégien n'a pas attendu un éventuel regroupement pour jouer la victoire au sprint, mais a anticipé comme un vrai spécialiste des classiques pavés. Il a d'ailleurs eu la bonne intuition, car cette attaque était la bonne. Le forcing de Geraint Thomas dans le Vieux Quaremont d'abord, celui de Greg Van Avermaet dans le Patterberg ensuite, n'ont pas permis aux poursuivants de revenir sur le duo de tête. Et dans une arrivée à deux, Terpstra n'a eu aucune chance face à Kristoff qui clôture en beauté la semaine parfaite des Katusha: en comptant la victoire de Paolini à Wevelgem dimanche dernier, les trois victoires d'étape et celle au général de Kristoff aux 3 Jours de La Panne, cela fait 6 victoires en 7 jours pour la formation russe. Une razzia sur sol flamand. De quoi frustrer fortement les concurrents comme les Etixx-Quick Step qui doivent encore se contenter d'une place d'honneur ou les Sky qui malgré toutes les bonnes intentions ont laissé Thomas trop seul dans le final. Greg Van Avermaet s'est rendu compte trop tard que la victoire n'allait pas se jouer dans les murs. Il prend néanmoins une troisième place au panache devant un Peter Sagan qui prouve qu'il n'est pas totalement fini, même s'il n'a pas été capable de disputer le sprint pour la troisiéme place. La cinquième place revient à un exceptionnel Tiesj Benoot qui à 21 ans montre que le futur des pavés lui appartient. Le nouveau Tieske national! 

Derrière, Boom, Degenkolb, Roelandts, Stybar, Oss et même Pozzato, Greipel, Marcato et Keukeleire entrent dans le top 20 et marquent des points. Le grand absent du jour est évidemment Sep Vanmarcke qui n'a tout simplement pas réussi à suivre le groupe de tête dans le Taaienberg et termine très loins derrière les premiers. D'autres désilussions plus attendues viennent de coureurs comme Devenyns, Démare, Debusshere, Gatto, Stannard, Chavanel, Haussler, Leukemans, Stuyven ou Langeveld qui n'ont pas réussi à entrer dans les vingt premiers.

Au Fantaclassics, la team I'm Gonna make an offer he can't refuse remporte largement la victoire du jour grâce à Kristoff, Terpstra, Sagan, Degenkolb, Boom et Stybar. Six coureurs dans le top-10, le record de points sur une classique monument d'Ipanema n'était pas loin. Celui qui était déjà leader du classement général augmente son avance sur Wieler Forever et La Gitane, respectivement deuxième et troisième aujourd'hui. Les autres commencent à être loin: Eddy Breckx a déjà 133 points de retard alors que De Ronde mène un groupe formé aussi par El Diablo, Ipanema, I Bon de Nie, 1909 Pepinette et Jack des Boules, mais qui compte déjà plus de 200 points de retard sur le leader. Tout porte à croire que l'écart pourra encore augmenter aprés Paris-Roubaix et il faudra alors voir si sans véritable atout pour les Ardennaises à part Purito Rodriguez, I'm Gonna make an offer he can't refuse pourra résister au retour des teams plus équilibrées.

A suivre avec grand intérêt. En attendant, mercredi, le GP de l'Escaut offrira une dernière chance aux sprinters de remporter une semi-classique, même si les premières indications semblent montrer une faible participation de la part des principaux jet-men du peloton à la course le long du Schelde.