Février. Les journées se rallongent, le soleil recommence à chauffer les visages lorsqu’il pointe son nez à l’heure de midi, le printemps s’approche tout doucement. Et la saison cycliste aussi. Pendant que les coureurs engrangent des kilomètres dans les courses au bout du monde, de l’Australie au Qatar, en passant par l’Argentine et l’Oman, le fantamanager sort lentement de son hibernation et commence à s’informer, à réfléchir, à calculer, à prévoir. C’est donc le moment idéal pour faire le point sur la saison à venir.

  • Un mercato haut en couleur

Cela faisait quelques années qu’on n’avait plus vu autant de changements de maillot dans le peloton. Dans certains cas, des changements radicaux auxquels il faudra s’habituer. Il y a eu de nombreux transferts, mais le deux faits marquants de ce mercato d’intersaison – d’ailleurs liés entre eux – sont le passage de Peter Sagan chez Tinkoff Saxo et la fusion entre les équipes Garmin et Cannondale. L’arrivée de Sagan sous les ordres de Bjarne Riis ne changera pas fondamentalement la nature de la team danoise, qui garde en Alberto Contador son atout majeur et pointe les grands tours comme objectifs majeurs de la saison. Sagan ne sera pas plus soutenu que lorsqu’il était chez Cannondale, loin de la. Mais l’objectif commun reste la victoire d’une classique monument et peut-être qu’un environnement où la pression sera moindre sera bénéfique au champion slovaque. Ou pas… En tous les cas, ne plus le voir en vert fluo, il faudra s’y faire pendant les premières courses. Le vert fluo de Cannondale, on ne le verra d’ailleurs plus du tout, puisque la team américano-italienne a décidé de fusionner avec Garmin et donc laisser une place vacante dans le circuit Pro-Tour. Une bonne partie de l’ancien effectif se retrouvera dans la nouvelle team Cannondale-Garmin, mais d’autres coureurs de pointe comme De Marchi et Damiano Caruso (chez BMC) ou Elia Viviani (chez Sky) sont allé voir ailleurs.

Le deuxième grand transfert de l’intersaison, c’est évidemment de passage de Nacer Bouhanni chez Cofidis. Le divorce annoncé entre les deux grands espoirs du cyclisme français Arnaud Démare et Nacer Bouhanni a obligé le vainqueur du classement à points du dernier Giro de descendre dans la catégorie Professionnel, tout en ayant la garantie d’avoir une équipe entièrement sa disposition et de participer en tant que leader aux grands rendez-vous de l’année. Parmi les autres coups d’éclats de ce mercato, on notera l’incroyable coupure du cordon ombilical de Bauke Mollema qui a osé quitter sa team historique (Rabobank devenue Belkin et Lotto Jumbo cette année) pour voir si chez Trek on sait mieux coacher les leaders sur un grand tour.  Mais aussi les arrivés de Nicolas Roche, Leopold Konig, Nordhaug et Wout Poels chez Sky, de Dario Cataldo, Lars Boom et Rein Taaramae chez Astana ou celles de Winner Anacona chez Movistar. En résumé, les grosses écuries se renforcent de manière spectaculaire en se payant des coureurs qui pourraient largement être leaders dans des équipes de seconde catégorie. Enfin, on peut aussi dire qu’ils ont essayé d’être leaders, mais vues les difficultés rencontrées et les échecs cuisants, ils préfèrent prendre des gros salaires pour travailler quelques centaines de kilomètres par an pour un leader quelconque. C’est d’ailleurs un classique des transferts d’intersaison: certains jeunes espoirs des équipes Professionnelles tentent le grand saut dans le monde Pro-Tour (Tom Van Asbroeck chez Lotto Jumbo, Jempy Drucker chez BMC, David de la Cruz chez Etixx – Quick Step, Diego Rosa chez Astana, Ruben Fernandez chez Movistar, Caleb Ewan chez Orica), mais rares seront ceux qui s’y imposeront.  La plupart devront abandonner les rêves de gloire et se contenter de travailler pour des leaders reconnus. Plus tard, las de travailler pour les autres, ils préféreront retourner dans la catégorie mineure pour jouer des premiers rôles. Cette année, c’est la cas pour Oscar Gatto (chez Androni), Janez Brajkovic et Daniele Ratto (chez UnitedHealthCare), Dominik Nerz (chez NettApp - Bora-Argon en 2015), Marco Marcato et Enrico Gasparotto (chez Wanty), Yahueni Hutarovic (chez Bretagne-Séché) et toute une série de coureurs presque has been (Boasson-Hagen, Matthew Goss, Serge Pauwels, Tyler Farrar ou Theo Bos) venus renforcer la visiblement très ambitieuse MTN-Qhubeka. C’est la nature du cyclisme qui veut ces allers-retours, mais finalement, on s’en tape un peu, puisque ce qu’on veut, c’est voir des belles courses…

  • Les classiques, la prise de pouvoir de la nouvelle génération?

Cette année encore, la question essentielle à se poser avant le début des classiques de printemps, c’est de savoir si la jeune génération des Kwiatkowski, Sagan, Degenkolb, Bouhanni, Gallopin ou Demare prendra enfin le pouvoir. En 2014, les jeunes ont montré de belles choses et ont remporté de belles victoires, mais pas dans les classiques monuments, restées chasse gardée des coureurs plus expérimentés. C’est simple, en 2014, l’âge moyen des vainqueurs des classiques sur pavés était de 29 ans. Pour les Ardennaises, la moyenne d’âge des vainqueurs était carrément de 33 ans. Les jeunes étaient présents, mais pas encore assez expérimentés pour prendre définitivement le pouvoir. Quelles seront les performances de Cancellara ou Boonen sur les flandriennes? La puissance est surement encore présente, mais peut-on encore apercevoir l’œil du tigre dans leur regard? Valverde, Gilbert ou Gerrans n’ont pas encore trouvé leur héritier, mais pourront-ils être encore aussi incontournables avec un an de plus au compteur? Ce qui est certain, c’est que l’écart se réduit. On attend avec impatience les valeurs des grands leaders pour le fantaclassics de printemps, car on peut s’attendre à un paquet de coureurs ayant un prix similaire, plutôt élevé, et les choix seront difficiles.

  • Tout sur le Tour?

Au niveau des grands tours, cette saison 2015 sera relativement inhabituelle. Le Giro ne sera pas le tour pour grimpeurs comme il l’a souvent été, alors que le Tour de France offrira pour la première fois depuis très longtemps un parcours presque exempt de contre-la-montre individuel. Ce parcours atypique de la Grande Boucle est très attrayant pour la plupart des hommes forts du peloton, et à ce jour, on peut s’attendre à une liste de départ comprenant presque la totalité hommes de grands tours en activité: de Nibali à Contador, en passant par Froome et Quintana, de Mollema à Van Garderen, en passant par les français Pinot, Bardet, Peraud, Rolland et Barguil, de Rui Costa à Purito Rodriguez en passant par Valverde, Kwiatkowski, Dan Martin, Robert Gesink et Andrew Talansky. Les places dans le top-10 à Paris seront visiblement très chères. Du coup, il ne reste plus grand monde intéressé par le Giro. La présence annoncé de Contador reste à confirmer, mais il se pourrait évidemment que le plateau relativement peu relevé de la course rose fasse changer d’avis certains grimpeur-rouleurs n’ayant que peu de chances de briller en France face à une concurrence aussi importante. Toujours est-il que pour l’instant, on pourrait se retrouver avec une lutte pour le maillot rose entre les seuls Uran, Aru, Konig, Pozzovivo ou Richie Porte. Des bons coureurs certes, mais pas les plus grands champions du peloton. Le grand rendez-vous sera donc celui de juillet, avec peut-être la grande lutte entre Nibali, Froome et Contador qui n’a pas eu lieu en l’an dernier pour les raisons qu’on sait. Les organisateurs du Tour ont en tous les cas tiré les bonnes leçons de l’édition 2014, avec un parcours pleins de pièges et de possibilités d’attaques surprises, comme les arrivés sur le Mur de Huy ou le Mur de Bretagne, l’étape sur pavés ou celles favorables aux bordures le long de la mer. On risque de s’amuser. Et comme toujours, la Vuelta sera le parfait lot de consolation pour les déçus de la Grande Boucle. Une Vuelta qui cette année offrira un parcours plus classique pour un tour de trois semaines, avec surtout de vrais étapes de montagne, et pas seulement une multitude d’arrivées en côte taillées pour les petit et agile puncheurs ibériques.

On ne donnera pas de noms sur les paris, surprises, les espoirs ou les confirmation prévues cette année, il y en aurait trop et le risque de se tromper trop grand…

On laissera les lecteurs se prononcer sur qui sera le coureur de l’année ou en tous les cas, le fanta-paris gagnant.

 

 

 

 

 

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