L’étape de samedi avait été le premier hors d’œuvre de la dernière semaine du Giro. Une dernière semaine qui s’annonce extrêmement difficile et qui commençait par l’étape qui menait le peloton vers le Plan di Montecampione, la montée qui avait permis au pirate Marco Pantani de lâcher Pavel Tonkov pour remporter son premier et unique Giro en 1998. Une montée de près de 20 kilomètres qui a donné une bonne indication sur les forces en présence et sur le potentiel des favoris pour la lutte au maillot rose. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’étape de Montecampione annonce une dernière semaine du Giro plus ouverte que jamais, avec très peu de certitudes sur le déroulement final de la course. Parce que l’homme du jour est sans aucun doute Fabio Aru. Le jeune sarde a dynamité la course à 4 kilomètres de l’arrivée en mettant tous les prétendants au maillot rose devant leurs responsabilités. Le colombien Fabio Duarte prouve qu’il faudra compter sur lui dans la dernière semaine en prenant une deuxième place devant un Nairo Quintana encore énigmatique mais efficace et un Pierre Rolland de plus en plus costaud. Uran résiste tant qu’il peut et prend même quelques secondes à Majka, Evans, Kelderman et Pozzovivo. Il faudra voir si ces derniers commencent à s’essouffler et payer les efforts fournis jusqu’à présent, parce qu’avec ce qui va suivre, celui qui montrera des limites en montagne risque bien de le payer très cher. Le Giro est donc plus ouvert que jamais et les tifosi commencent même à rêver de voir un nouveau champion du pays s’imposer sur leurs routes. Malgré sa jeunesse, Aru a déjà montré qu’il sait tenir une course de trois semaines,  notamment au Giro de l’an dernier où il fit une incroyable remontée lors de l’avant-dernière étape des Tre Cime di Lavaredo. S’il commence à attaquer dans un contexte plutôt attentiste, cela pourrait bien être payant. Uran reprend cependant un peu de confiance et Nairo Quintana n’a jusqu’à présent commis aucune erreur, tout comme Rafal Majka. Parmi les autres hommes du classement général, la cote de Pierre Rolland augmente alors que celle de Evans, Pozzovivo et Keldermann baisse quelque peu. Basso, Kiserlovski, Hesjedal, Morabito, Geniez et Poels se battront pour une place dans le top-10 mais risquent aussi de sortir des 15 premiers du général. Ils peuvent cependant être assez tranquilles, la concurrence n’est pas effrayante.

Avec Aru, Duarte, Uran, Majka, Arredondo et Pozzovio, la fantateam Bjorn Borg remporte haut la main l’étape du jour avec 689 points, à 15 points seulement du record de points détenu depuis la deuxième étape par la team Bombs. Une team Bombs qui commence à ne plus trop apprécier le relief et cède son maillot rose au suédois après 13 journées de rêve.  La team El Diablo prend la deuxième place du jour avec 640 points et se place aux portes du top-10.  Cinq autres teams, Papanache, Eddy Breckx, Giroshima Mon amour, Tutto Bene et Team Burton, dépassent aussi les 600 points grâce notamment aux points d’Aru, mais pas seulement. Le Fantagiro reste très indécis, car lors de la dernière semaine chaque position, chaque seconde, chaque point risquent d’être décisifs. Rolland, Aru, Duarte, Majka, Quintana ou Arredondo. Chacune de leur prestation peut être décisive. Dans un fauteuil jusqu’à maintenant, Eddy Breckx commence à douter car un craquage total d’Evans pourrait lui être fatal, notamment face aux armadas de Bjorn Borg ou Mega Mindy. La journée de repos de lundi permettra de faire le point et de se reposer avant une dernière ligne droite qui sera sans aucun doute passionnante.

Le bon plan du jour

Certains vous dirons qu’à 11 fantamillions et avec le potentiel qu’il a, Fabio Aru était un bon plan garanti déjà avant le départ de Belfast. Mais il aurait pu se contenter de zoner autour de la dixième place en essayant de suivre les leaders tant qu’il pouvait. En tant que bon sarde, Aru a cependant préféré montrer son caractère que subir le rythme des autres. Une première grande victoire, une quatrième place au général, 518 points au Fantagiro et un rêve rose à la clef. A 23 ans, Fabio Aru est bien plus qu’un bon plan…

Le mauvais plan du jour

Il avait échappé à cette rubrique grâce à sa discrétion habituelle, mais les 7 fantateams qui avaient claqué 14 fantamillions en espérant enfin voir Maxime Monfort faire un top-10 dans un grand tour, ne l’ont pas oublié. Monfort est définitivement allergique aux places de premier plan. Après un contre-la-montre décevant, il n’a guère fait mieux en montagne, en restant dans le ventre mou du classement sans rapporter le moindre point. Un mauvais plan qu’on pouvait voir venir à des kilomètres.