La première véritable étape de montagne de ce Giro a vu la deuxième victoire en 3 jours de Diego Ulissi. Tout profit pour Soc. Coop. Cyclo (391 pts) qui peut embrasser goulûment sa première miss sur ce Giro. Au général, Eddy Breckx (+383) et Papanache (+375) font la bonne opération du jour. Les voilà tous les deux aux portes du top 5 avec des équipes qui paraissent bien équilibrées pour la suite. Bombs s'écrase progressivement, son règne épousant la courbe descendante de Michael Matthews.
Comme souvent, cette première passe d'armes dans les cols d'un grand tour aura accouché d'une souris. Et comme le veut la tradition, au soir de cette première journée d'escalade, si on ignore toujours qui va remporter ce Giro, on sait parfaitement qui l'a déjà perdu: Kruiswijk, Weening, De Gendt n'auront pas fait illusion longtemps. Plus surprenante est la déroute de Scarponi (et Sella) qui finit à près de 9 minutes. Niemiec, Anton et Pirazzi ont déboursé plus de 7 minutes, Roche et Rogers plus de 6 minutes. Les voilà tous ravalés au rang de simples figurants. Tant pis pour les Fantateams qui avaient misé sur eux.
Mais reprenons le fil de cette étape par le début. Par chance, il y avait des mecs comme Julian Arredondo (Trek Factory Racing), Marco Bandiera (Androni Giocattoli), Julien Bérard (AG2R-La Mondiale), Edvald Boasson Hagen (Sky), Mattia Cattaneo (Lampre-Merida), Mauro Finetto (Neri Sottoli), Stefano Pirazzi (Bardiani CSF), Perrig Quemeneur (Europcar), Carlos Quintero (Colombia) ou Eduard Vorganov (Katusha) pour mettre leur grain de selle dans nos premières heures de reportage télé. Sans quoi on se serait fait chier comme un Abdoujaparov dans l'Alpe d'Huez. De ce groupe de 10 courageux, un trio composé d'Arredondo, Pirazzi et… Quemeneur allait émerger et se projeter vers l'avant de la course.
A 40 km de l'arrivée, en quittant le village de Carpegna (où Merck s'était imposé devant Battaglin en '73, lors de son Giro 100% en rose), la triplette de tête comptait encore 3:45 d'avance sur le peloton des favoris. Un peloton dont ne faisait plus partie Michael Matthews, le maillot rose, qui allait terminer l'étape avec 35 minutes de retard, concédé en 44 kilomètres, mais quels kilomètres!
Car le Cippo de Carpegna, et ses 6 kilomètres au-dessus de 10% de moyenne, était bien l'épouvantail attendu. Et comment pouvait-il en être autrement en ces lieux où erre encore le fantôme de Marco Pantani, qui aimait rouler sur ces pentes escarpées, aux confins de l'Emilie-Romagne et des Marche. "Il Carpegno mi basta", disait Il Pirata à qui voulait l'entendre, signifiant ainsi que quand il s'était entraîné sur ce casse-patte, la forme venait toute seule, mais je m'égare….
Dans ce col court mais légendaire, c'est Pirazzi qui allumait les deux premières mèches en tête avec sa générosité coutumière. Mais il allait se faire sévèrement contrer par Arredondo, l'épatant grimpeur nain et couillu de la Trek, qui s'envolait pour passer seul au sommet et s'emparer du maillot de meilleur grimpeur. Derrière, Pozzovivo faisait mollement rouler ses équipiers et devant l'apathie du peloton, Pierre Rolland décidait de tenter sa chance dans la descente. Attendu par Quemeneur (le dernier à voir été lâché par le duo Pirazzi/Arredondo), le sosie français d'Andy Schleck revenait d'abord chercher Pirazzi, puis Arredondo, à 3 km du sommet du Montecopiolo, l'ascension finale de l'étape. Le grimpeur d'Europcar croyait même avoir course gagnée mais c'était sans compter avec un dernier coup de rein du groupes des favoris. Une accélération de Moreno, suivi d'un coup de gaz de Kiserlovski et d'un dernier jump ravageur de Diego Ulissi, qui remportait sa deuxième étape, annihilaient les espoirs du poulain de Bernaudeau. Evans, parfaitement cornaqué par Morabito, s'emparait du rose après une journée tranquille. Il faudra aller chercher l'Australien mais c'est une autre histoire. Avec 11 hommes qui se tiennent en deux minutes, il reste de la place et des acteurs pour le spectacle. Et le spectacle, c'est précisément ce qui nous a manqué jusqu'ici...
Le bon plan du jour
Pour 5 petits Fantamillions, Steve Morabito, le sherpa d'Evans commence à devenir un bon placement, avec 120 points déjà dans son escarcelle. Très en jambes et débarrassé de toute pression, le voilà 4e au général. Quelque chose nous dit qu'il n'a pas fini de rapporter des points. Tout profit pour pour Full BS et The Queen, les deux seules Fantateams qui ont misé sur le Suisse.
Le mauvais plan du jour
Inutile de chercher midi à quatorze heures, le flop du jour c'est Michele Scarponi, qui s'est montré indigne de la confiance que lui ont accordé 12 Fantateams. Pour 37 fantamillons, ce qui n'est pas donné, il n'a encore rapporté que 14 points et à part viser une victoire d'étape, le vainqueur sortant n'a plus grand chose à attendre de ce Giro. Dans une moindre mesure, Kruiswijk, Weening, De Gendt, Sella, Niemiec, Anton, Pirazzi, Roche et Rogers ont perdu toute ambition pour le top 10.