En rusé renard qu'il est et a toujours été, Philippe Gilbert récidive pour notre bon plaisir et s'adjuge cette 18ème étape à Verbania. The Best, elle, fait la belle affaire du jour, devant une paire composée de Guarapo et Louis du Montoir, tandis qu'Andinos complète ce podium à consonance latino.

Après cet éphémère et transitoire passage en Suisse, le peloton reprenait la route de l'Italie et des tortueux chemins du Piémont. Pas de haute montagne, mais un passage en haut du Monte Ologno, col de 1ère catégorie culminant à 1168 mètres. Une étape pour les baroudeurs au long court et autres coureurs désireux de se refaire une petite place au soleil. C'était donc la journée idéale pour qu'une échappée aille au bout aujourd'hui, et, les 14 coureurs qui la composent l'ont assurément bien compris.

Ils prennent très vite le grand large et leur avance culmine à 12 minutes. Le peloton laisse filer et nuls doutes que le vainqueur se trouve dans ce groupe. Par contre, pas de chance pour Damiano Cunego, présent dans l'échappée, mais qui, victime d'une solide chute, se voit contraint à l'abandon alors qu'il se présentait comme un véritable outsider pour la victoire d'étape. Le petit prince quitte à notre grand regret ce Giro, qui par le passé lui avait tant offert, par la petite porte. La montée du Monte Ologno est épique et, comme de coutume, nous offre un habituel et imprévisible scénario. Car, si devant, on roule à tombeau ouvert, dans le groupe maillot rose, on assiste à une nouvelle chute, dont la principale victime est, cette fois-ci, le basque volant, Mikel Landa.

Moment que choisit le Pistolero pour démontrer que l'ibère est fier et qu'il n'a pas oublié ce qu'Astana n'avait pas manqué de lui faire subir dans le Mortirolo. Il en profite pour pousser un peu plus sur les pédales et mettre encore un peu plus à mal celui qui est devenu son principal concurrent. L'espoir était mince pour Landa de récupérer le temps perdu sur son compatriote et pourtant, avec la forme qu'il détient pour l'instant, on en arrive à regretter qu'il doive encore néanmoins partager le leadership avec son chef de file, Fabio Aru. Sa remuntada était somptueuse et Dieu sait, si l'italien n'avait pas été présent sur sa route, jusqu'où l'espagnol aurait pu aller.

Mais bon, le cyclisme actuel est tel qu'il est, et certains préfèrent sans doute jouer placé que gagnant. Ce qui n'enlève rien au mérite de notre Philou national, qui patiemment, a construit sa victoire et a su profiter du soutien de son coéquipier pour placer une banderille victorieuse au meilleur moment. On ne le reverra plus et c'est près d'une minute plus tard que Manuel Bongiorno, deuxième, et l'inaltérable Sylvain Chavanel, troisième, franchiront la ligne. Un bien beau succès qui ne peut que nous faire amèrement regretter sa malchance printanière.

Belle performance également pour l'opportuniste The Best, une des quatre équipes qui a encore osé croire en Gilbert. On n'est donc pas étonné de voir que le podium n'est composé que de ces fantacycliques mousquetaires. Pas de changement au Général, mais gare à l'étape d'aujourd'hui qui pourrait, une fois de plus, redistribuer quelque peu les cartes.

Le bon plan du jour

Pour 50 Fantamillions, Philippe Gilbert n'apparaissait pas à la base comme un incontournable choix, surtout après une campagne de classiques en demi-teinte. On ne voyait même pas trop bien comment notre Phil allait bien pouvoir renaître de ses cendres tant on l'avait vu souffrir ce dernier printemps. La première semaine de ce Giro lui était néanmoins favorable, mais au vu de ses maigres performances, on s'était conforté dans l'idée que la route jusqu'à Milan risquait d'être bien longue pour notre Philou. Bien mal nous en a pris, il lui fallait juste un peu de temps pour monter en puissance et nous claquer  deux étapes avec grâce et panache. Bon, pour son prix, le butin reste menu, mais rien que pour le plaisir que cela nous procure, Gilbert mérite de figurer en bonne place dans cette rubrique.

Le mauvais plan du tour

Dommage ce qui est arrivé à Damiano Cunego (15 Fantamillions), car même s'il ne faisait pas, ou plus, partie des grands favoris au départ, il pouvait légitiment prétendre à un bon classement final. Bien sûr, il n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut il y quelques années, mais son talent intrinsèque est resté indemne. Après un contre-la-montre désastreux, qui l'avait vu encore un peu plus plonger au Général, l'imaginer gagner une étape était loin d'être une utopie. Quatre Fantateams avaient senti le coup, mais, malheureusement, le sort s'en est mêlé et force le sympathique italien à quitter en catimini un Giro qui, par le passé, lui avait tant apporté.

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On remarquera la formation d'un grupetto, entre la 15ème et 22ème place, où des vieux briscards du fantacyclisme se remémorent la belle époque où ils se faisaient la bagarre pour la première marche du podium au lieu de taper la discute dans le ventre mou...