La 13^ème étape du Giro reliant Montecchio Maggiore à la station balnéaire de Jesolo devait être une étape de transition tranquille destinée aux sprinters et devant permettre aux leaders de se reposer avant le terrible contre-la-montre individuel de samedi censé lancer la grande bagarre de la dernière semaine. Mais l’étape s’est déroulée sous une forte pluie et à 3,3 kilomètres de l’arrivée, à savoir 300 mètres avant la neutralisation des temps, une chute collective a envoyé au sol et retardé les deux tiers du peloton. Une bonne partie des coureurs du top-20 du général sont restés attardés. Fabio Aru, Roman Kreuziger, Rigoberto Uran, Damiano Caruso, Andrey Amador, Juergen Vandenbroucke, Yuri Trofimov, Alexandre Geniez ou Maxime Monfort s’en sortent bien. Par contre, tous les autres sont restés attardés : Contador, Landa, Cataldo, Visconti, Hesjedal et Cunego perdent 40 secondes ; Formolo 1’10; Izagirre 1’45; Konig 2’01; Porte 2’08; Atapuma 3’25. Une véritable hécatombe… Le classement général devait fortement changer samedi, au terme du contre-la-montre individuel de 59 kilomètres. Il a été chamboulé le jour avant.

Contador cède donc le maillot rose à Fabio Aru. On parlait d’ascendant psychologique pris par le Pistolero sur son rival lors des deux dernières étapes, c’était sans compter les origines insulaires du leader d’Astana. Les sardes sont en effet connus pour leur « testa dura » et il en fallait bien plus pour déstabiliser le troisième du Giro 2014. Quand on sait que porter ce maillot rose peut donner des ailes, on ne peut que constater que ce cadeau béni tombe au meilleur moment pour Aru et les siens. Parti pour perdre plusieurs minutes à Valdobbiadene, il pourrait même créer la sensation. Surtout que Contador semble avoir été touché à la jambe lors de la chute. Bon, on a bien vu que ce n’est pas un petit bobo qui crée des problèmes au Pistolero. Tout reste donc plus ouvert que jamais avant la terrible épreuve contre le temps de samedi. D’autant plus qu’il y en a un qui sans trop faire de bruit est en train de se relancer dans la course, à savoir Rigoberto Uran. Tout comme Kreuziger ou Cataldo, le colombien pourrait faire une toute bonne opération lors de l’épreuve individuelle, notamment sur base des résultats du contre-la-montre de l’an dernier. Le classement général méritera clairement une analyse particulière samedi soir… Par contre, celui pour qui les portes de la gloire semblent définitivement se fermer, c’est Richie le tasmanien. Grand favori au début de l’épreuve et bien en jambe dans les première étapes difficiles, Porte a inventé un nouveau concept : fini les « jours sans » qui ont si souvent marqué sa carrière, cette fois, il lance la « semaine sans »… Cette semaine censée être de transition a en effet vu l’australien dégringoler au classement général jour après jour. Evidemment, la malchance, les erreurs de jugement, certains diront les injustices, ont joué un rôle plus important que les fringales. Mais toujours est-il que Porte se retrouve aujourd’hui à une anonyme 17^ème place au classement général, coincé entre Alexandre Geniez et Amaël Moinard… à plus de 5 minutes du leader. Et ce, la veille du contre-la-montre qui aurait dû lancer son ascension vers le sacre rose.

Tout cela aura évidemment un impact sur le Fantagiro. S’il y a des teams qui ont misé sur le trio Contador-Aru-Uran, c’est probablement le moment de s’emballer. D’ailleurs, on en viendrait presque à oublier que l’étape de vendredi a été remportée par Sasha Modolo qui a conclu un excellent travail des ses poissons-pilotes Roberto Ferrari et Maxi Richeze. Le sprinter de la Lampre devance Giacomo Nizzolo et Elia Viviani pour un podium 100% italien. Au Fantagiro, nouveau vainqueur inédit, avec la team Les Gars qui s’impose avec 390 points devant Markes Asturias 1 et Huilseuker. Pas de changement en tête du classement général, toujours dominé par le trio Piquoz-Surebet-Tomyteam. D’ailleurs, cette absence de grands changements au Fantagiro ne colle pas tellement avec la course réelle qui nous réserve des surprises tous les jours. Peut-être le calme avant al tempête…

Le bon plan du jour

Sasha Modolo avait vécu une mauvaise saison en 2014. Laissant de côté le Giro, il dut abandonner à la deuxième étape du Tour, son grand objectif de l’année. Cela explique son prix de 5 fantamillions, relativement modeste par rapport à son potentiel. Ce n’est pas pour rien que 13 fantateams avaient flairé le bon coup. Après un premier sprint raté à Gènes, Modolo est lentement monté en puissance et remporte ce vendredi la plus belle victoire de sa carrière. Il pourrait aussi se lancer dans la bagarre pour la lutte pour le maillot rouge, ce qui pourrait encore faire monter son butin, actuellement de 315 points.

Le mauvais plan du tour

Il a presque rapporté autant de points que Modolo (306) mais coutait neuf fois plus. Il s’agit de Simon Gerrans qui n’a pas pris le départ de la 13^ème étape suite à la chute de la veille. Le premier maillot rose de ce Giro a finalement déçu les attentes, notamment dans les étapes pour puncheurs qui pouvaient lui convenir parfaitement.  Gerrans pouvait être un bon plan à 1000 points. Il ne l’a pas été.