A chaque jour suffit sa peine et Dieu sait que pour Vincenzo Nibali, elle fut grande ce mardi. Valverde l’emporte, lui, au sprint devant ses deux compagnons d’attaque, l’impérial maillot rose, Steven Kruiswijk et le tartare, Ilnur Zakarin. Mais on le sait, c’est une constante, l’après journée de repos est toujours fatale à l’un ou l’autre des favoris désignés. Et la victime du jour n’est autre que l’enfant du pays, le squale de Messine.

Nouvelle arrivée au sommet pour cette 16e étape longue de 132 kilomètres reliant Bressanone à Andalo avec pas moins de trois difficultés au programme. La journée fut donc assez courte mais elle n’en fut pas moins des plus intenses. Trois petites heures de vélo pendant lesquelles les leaders se sont livrés une redoutable bataille et où tous les prétendants à une place d’honneur se sont attaqués sans relâche. Et à ce jeu, c’est l’espagnol de la Movistar qui a le mieux tiré les marrons du feu. Plusieurs fois à l’attaque, Alejandro Valverde signe sa première victoire sur le Tour d’Italie et rentre dans le cercle fermé de ceux à avoir gagné au moins une étape dans chaque grand tour. Il devance sur la ligne le très solide leader de la course rose, Steven Kruiswijk, qui, non content d’être un excellent gestionnaire, se permet même le luxe de conforter son avance au Général. Le russe, Illnur Zakarin, termine troisième et affiche une forme qui pourrait le voir encore monter un peu plus haut dans une hiérarchie une nouvelle fois bousculée.

Car, si le nouveau batave volant, s’impose de plus en plus comme un vainqueur plus que probant et probable, c’est bien le grandissime favori de la course qui aujourd’hui a pris l’eau et qui n’a du qu’à très de choses de ne pas sombrer totalement. C’était pourtant la journée idéale pour tenter de faire vaciller le solide leader de son trône et, accompagné de son fidèle lieutenant Kangert, Nibali a, dès les premières difficultés, tout tenté pour mettre son adversaire le plus coriace à terre. Au final, il n’en fut rien et c’est le squale qui s’est finalement retrouvé dans la peau de la victime. A l’agonie dans la dernière ascension, le squale doit même laisser sa place sur le podium à un Valverde revigoré qui n’en demandait sans doute pas tant.

Le Requin de Messine plie, mais ne rompt pas encore. Il lui reste deux terribles journées pour démontrer à ses détracteurs qu’il lui en reste sous la pédale et qu’il n’est pas encore devenu un simple oiseau pour le chat. Mais, loin s’en faut, il ne fut pas le seul à éprouver des difficultés sur les pentes du Passo della Mendola et du Fai della Paganella. Même s’il conserve sa place de dauphin, Esteban Chaves a commis l’erreur de ne pas suivre la première attaque décisive des favoris et le colombien a du s’arracher tout le long pour ne pas perdre au final trop de temps sur ses poursuivants. Ce qui a permis en l’occurrence à un autre favori, le polonais Rafael Majka, lui aussi au bord du gouffre, de ne pas finalement complètement se vautrer. Le slave se voit tout de même dépasser au Général par Zakarin et va devoir montrer un tout autre visage s’il ne veut pas terminer ce Giro dans l’anonymat le plus complet.

Au Fantagiro, la lutte est épique et bien malin celui qui pourra prédire le vainqueur final. Team Eanov l’emporte à Andalo et devient à présent une réelle menace pour Ciclo Giro, toujours confortablement installé au premier rang. Il précède deux autres équipes en forme, désormais pleine d’ambitions également, Luigi Rosa et Gicleta. Il reste deux journées de haute montagne pour faire la différence et, nuls doutes, que les places seront chères et qu’il ne faudra pas hésiter à jouer des coudes pour remporter un Fantagiro plus passionnant que jamais. Et comme chaque jour apporte son lot de surprises, il n’est pas encore non plus totalement exclu que d’autres Fantateams aux dents longues ne s’immiscent dans ce petit jeu du chat et de la souris.