Chris Froome a assomé le Tour et écrasé ses adversaires lors de la première étape pyrénéenne de Pierre-Saint-Martin. Le maillot jaune a remporté l’étape et n’a laissé que les miettes aux autres favoris, les reléguant très loin au classement général. Si certains pensent aujourd’hui que le Tour est fini, on ne peut pas tout à fait leur donner tort. Heureusement, le Fantatour reste plus ouvert que jamais, avec les grosses artilleries qui commencent à remonter la pente. L’étape du jour est remportée par ARC164 grâce au beau quatuor Froome, Quintana, Gesink et Rolland. Il devance Tutto Bene et The Best qui, comme de nombreuses autres teams, remontent au classement général.

Après l‘étape des pavés de Cambrais, on écrivait que les tours se suivent mais ne se ressemblent pas. Aujourd’hui, cette affirmation doit être quelque peu relativisée : flash-back, 6 juillet 2013, première étape pyrénéenne du Tour avec une arrivée à Ax-3-Domaines. Les Sky et en particulier Chris Froome assomment le Tour. Le kenyan blanc remporte l’étape devant son équipier Richie Porte, le leader des Movistar Valverde et celui des Belkin Bauke Mollema. Les autres favoris sont loin, très loin et la suite du Tour sera marquée par une gestion facile de la course de la part de Froome et des siens, avec une légère fringale dans l’Alpe d’Huez certes, mais sans jamais vraiment donner l’impression de pouvoir laisser échapper sa première victoire dans la Grande Boucle. Aujourd’hui, deux ans après, on a eu droit au même scénario, mais avec des écarts bien plus importants, étant donné la longueur de la montée vers Pierre-Saint-Martin. Froome l’emporte, Porte termine deuxième devant le leader des Movistar Quintana et celui des Lotto-Jumbo (ex Belkin) Robert Gesink. On savait que l’étape avec une montée sèche et longue favorisait Froome et la tactique des Sky. Mais de là à vivre une telle hécatombe, il y avait un pas que peux d’analystes osaient franchir.  Et si la victoire de Froome n’est pas vraiment une surprise, la deuxième place de Richie Porte l’est bien plus, tout autant que la sixième de Geraint Thomas et les écarts chronométriques impressionnants. Les autres favoris ? Ils sont loin. Très loin.

Quintana limite la casse mais perd plus d’une minute. Van Garderen et Contador concèdent entre 2’30 et 3’. Nibali plus de quatre minutes, Uran et Rodriguez près de six minutes alors que les français Pinot, Peraud et Bardet sombrent complètement au lieu de chanter la marseillaise en ce jour de fête nationale. S’il y a eu beaucoup de désillusions, il y a aussi eu de belles surprises, comme la quatrième place de Gesink, la septième d’Adam Yates, la huitième de Pierre Rolland, la neuvième de Tony Gallopin ou la quinzième d’un très courageux Warren Barguil, qui après avoir chuté lourdement en début d’étape, s’est défendu comme un lion et se retrouve aujourd’hui huitième du général. Mais ces belles performances ne sont que secondaires par rapport à la vraie information du jour : Chris Froome est largement au dessus de tous ses adversaires et ce Tour de France qu’on attendait tellement indécis et équilibré, semble être déjà plié dès la première réelle montée. Le Tour est évidemment encore très long et le parcours semé d’embûches, mais suite aux réelles limites montrées par de nombreux favoris, à commencer par le vainqueur sortant Vincenzo Nibali et le pluri-titré Alberto Contador, on voit mal comment le suspens peut être relancé sans une défaillance en bonne et due forme du maillot jaune. Ce qui est certain, c’est qu’on ne récupère pas 4 ou 6 minutes sur un Chris Froome royal en attaquant dans une descente ou en lançant une échappée au kilomètre zéro, surtout si les jambes ne suivent pas. Mais c’est la seule chose à faire, si on veut déstabiliser le leader et au pire des cas, sortir perdant, mais avec panache. Nul doute que des coureurs comme Contador et Nibali n’ont pas dit leur dernier mot, mais encore doivent-ils avoir les moyens de l’ouvrir. Pour Quintana, la situation est légèrement différente et le temps joue en sa faveur, car les étapes de montagne sont encore nombreuses et fatigantes. Le Tour n’a pas perdu son intérêt, loin de là, et l’étape de mercredi nous dira déjà si on aura droit à un scénario différent et intéressant.

Le scénario intéressant, c’est en revanche au Fantatour qu’on le trouve. Après une première semaine dédiée aux coureurs de complément, aux sprinters, spécialistes des contre-la-montre ou des classiques, les grosses équipes commencent à sortir de leur tanière. On commence à voir venir des teams aux combinaisons intéressantes et nul doute que la bataille sera serrée. A commencer par le vainqueur du jour ARC164 qui a eu la bonne idée de compléter la triplette Froome-Quintana-Nibali avec des coureurs comme Gesink et Rolland. Même avec un squale en déroute, cette team a obtenu 586 points et battu le record des scores journaliers. Le vainqueur du Fantatour 2014 Tutto Bene prend la deuxième place du jour et prouve qu’il est prêt à défendre son titre. Avec, Froome, Quintana, Nibali, Gesink, Fuglsang, Frank et Talansky, il a tous les atouts dans son camp. Le troisième de l’étape The Best a une triplette différente, avec Contador à la place de Nibali, mais pourra surtout compter sur un Warren Barguil qui risque encore de nous étonner. D’autres formations comme la Tomyteam qui a une team similaire à The Best mais a misé sur l’autre français pas trop à la ramasse mardi, Pierre Rolland, seront également à suivre. Nul doute que lors des prochaines étapes, chaque point sera décisif, car quelque chose nous dit que ce Fantatour tellement montagneux risque bien de se terminer par un sprint massif…

Le bon plan du jour

Evidemment, malgré sa réputation de looser éternel, Robert Gesink à 12 fantamillions était très tentant. On ne l’attendait cependant pas juste derrière les meilleurs dès la première étape de montagne. Il aura surement son jour sans ou une défaillance technique tôt ou tard et ne terminera probablement pas dans le top-5 à Paris, mais en attendant, avec 86 points et le moral au plus haut, il fait plaisir aux 6 fantateams qui eu la bonne idée de miser sur du batave recyclé.

Le mauvais plan du tour

Parmi les nombreux perdants du jour, il y en a un qui a concédé plus de temps que les autres et qui a d’ailleurs été un des premiers lâchés : Rui Costa. L’ancien champion du monde comptait légitimement parmi les prétendants au top-10 final. Le parcours de « classiques » des premiers jours pouvait d’ailleurs en faire un bon plan de première semaine, voir un bon plan tout court, malgré ses 47 millions. Aujourd’hui, le compteur est bloqué à 0 points, mais le retard au classement l’exclu déjà de la lutte pour le général. Reste évidemment une possible victoire d’étape pour consoler les quatre fantateams qui se sont faites avoir, mais il aura besoin de jambes un peu moins rouillées pour y parvenir.

Comments

Lance Armstrong
@lancearmstrong

1. Clearly Froome/Porte/Sky are very strong. Too strong to be clean? Don't ask me, I have no clue.

L'église qui se fout de la charité...