
L'équipe BMC s'impose à Plumelec pour 65 centièmes de secondes devant l'armada SKY. Et si Roche n'avait pas du piocher aux tréfonds de ses limites, nul doute que le train emmené par l'inaltérable et surpuissant Chris Froome aurait remporté la mise. Le plus britannique des kényans conserve néanmoins sa tunique jaune tandis qu'au Fantatour, le travail de sape de Julmo paie enfin. Il s'empare de la tête et laisse la Team Cortexs quelque peu perplexe. Torre Maresme ne s'en soucie guère et remonte sur la troisième marche d'un podium dont il connaît désormais tous les recoins.
On l'attendait avec grande impatience ce contre-la-montre par équipes. Ne fut-ce que parce qu'il était le dernier écueil avant la grande bagarre annoncée entre tous les favoris qui voyaient, à mesure que les jours passaient, leur terrain de prédilection lentement se profiler à l'horizon. La grande Montagne est enfin là et cette dernière joute chronométrée aura permis de poser une hiérarchie très claire parmi tous les nombreux prétendants au sacre. On la redoutait cette piégeuse première semaine mais, si ce n'est quelques dommages collatéraux, la plupart des ténors s'en sont tous, pour notre bon plaisir, relativement bien sortis.
Chris Froome est donc toujours en jaune et dégage depuis le départ une très forte impression. C'est lui qui tout au long de ce contre-la-montre a imprimé le rythme et a tiré des bouts comme à nul autre pareil. Déjà qu'il s'était sorti avec brio de tous les obstacles placés sur sa route avant ça, il a montré hier qu'il détenait une forme d'enfer et qu'il va falloir être très fort pour le déloger de ce trône qu'il convoite tant et plus. Et là où on attendait dans sa roue un des quatre fantastiques, c'est en fait un Teejay Van Garderen, fort d'une équipe très à son affaire depuis le départ, qui a réussi à s'immiscer dans son sillon et qui, à l'image d'un Cadel Evans, pourrait créer la grosse surprise et se poser en candidat plus que sérieux au podium.
Pour Alberto Contador et Nairo Quintana, le bilan est également assez positif. Tous les deux auteurs d'un très bon TTT, ils ne sont qu'à une portée de fusil du britannique. Et là où Le Pistolero a perdu quelques menues secondes, le résultat est, par contre, très encourageant pour le scarabée colombien. Et si les motos n'avaient entravé la bonne marche d'une équipe Movistar impériale, Nairo aurait carrément pu reprendre du temps à tous ses rivaux, Froome y compris. Mais bon, avec des si,… Pour Nibali, le constat est plus mitigé. Lui qui comptait prendre de l'avance sur ses adversaires, cette semaine aura été bien plus mitigée que ce que le requin du détroit de Messine aurait imaginé samedi dernier à Utrecht. Il perd encore quelques secondes supplémentaires et paraît légèrement en deça des trois, voire quatre, autres cadors. Mais la fierté d'un sicilien n'a pas de prix et, comme il le dit si bien, c'est dorénavant une autre course qui commence.
Pour tous les autres, c'est également un nouveau départ et, rares sont ceux qui végètent déjà dans les profondeurs abyssales d'un classement général relativement serré. Que ce soit Uran, en parfaite embuscade, Barguil, Gesink, Mollema, Rodriguez et autres Talansky, l'écart concédé est loin d'être insurmontable et la première étape pyrénéenne de ce mardi risque d'être révélatrice de ce qui nous attend ces deux prochaines semaines. Il ne va néanmoins pas falloir musarder en chemin et montrer de quel bois ils se chauffent. Vivement demain.
Le bon plan du jour
Rendons à César ce qui appartient à César et à Peter Sagan (58 Fantamillions). Le Slovaque coûtait cher, voire même très cher. Mais avec ses 1230 points, il est assurément l'homme de la première semaine et, même s'il n'a pas encore eu l'occasion de lever les bras, ses nombreuses places d'honneur lui valent un maillot vert qu'il risque bien d'enlever une quatrième fois de suite. Et quand on sait qu'il est tout seul pour jouer la gagne et qu'il se permet le luxe ultime de protéger son leader quand il le faut, on en a encore plus de respect pour l'homme aux éternelles deuxièmes places. On est content de le revoir sur le devant de la scène et les dix Fantateams qui l'ont choisi ne me démentiront certainement pas.
Le mauvais plan du Tour
Après la sensation Kruiswijk sur le Giro, nombreux étaient ceux qui voyaient Wilco Kelderman (22 Fantamillions) réitérer l'exploit de son compatriote. Bien mal leur en a pris car la route semble bien longue pour le hollandais volant qui avait épaté tout son monde l'année passée. Ce n'est pas faire injure à Gesink et Ten Dam que de penser que Wilco était le leader tout désigné de l'armada batave au départ de ce Tour. Malheureusement, il n'en est rien et le bien infortuné hollandais traîne sa peine en fin de peloton. Mais il reste encore le maillot à pois pour sauver ce bien mièvre retour dans l'Hexagone et signer un retour en force dans la rubrique précédente.