Renversant ! C’est le moins qu’on puisse dire après la victoire du phénomène de Komenda à la planche des belles filles. À la surprise générale, Tadej Pogacar, complètement survolté, s'est emparé du maillot jaune que portait, plus que solidement, Primoz Roglic depuis deux semaines. Le jeune slovène a tout simplement été éblouissant et, non content de reprendre les 57 secondes de retard qu’il avait au départ de ce contre-la-montre, il en a ajouté autant à son adversaire déconfit. Pogacar, à l'aube de ses 22ans, remporte donc, sauf surprise, son premier Tour de France et en devient le plus jeune vainqueur depuis Henri Cornet en 1904… Il repartira également avec le maillot de meilleur jeune et le maillot à pois que Richard Carapaz n’aura finalement pas réussi à conserver. Tout bonnement hallucinant ! La nouvelle garde nous aura offert, durant ces trois semaines, de bien beaux moments de vélo, mais ce que Pogacar a réalisé est réellement un des plus beaux coups de maître du cyclisme moderne, si pas le plus beau. Roglic à, lui, complètement craqué et devra donc se contenter de la deuxième marche du podium. Le coup est dur, très dur même, mais malgré son jour sans, il ne pouvait pas faire grand-chose face à la supériorité insolente de son jeune compatriote. Certains diront qu'il aurait dû saisir les quelques occasions d’enfoncer un peu plus le clou quand il en eut l’occasion, mais qui pouvait prédire la maestria dont Pogacar allait faire preuve ce samedi. Roglic, livide à l’arrivée, tombe de très haut et ne réalise, d’ailleurs, que le cinquième temps derrière Pogi, Dumoulin, Porte et… Wout Van Aert. Il va sans dire que l’ambiance à la table des Jumbo-Visma ce samedi soir ne sera pas des plus folles. Par contre, celui qui va passer une bonne soirée, et là aussi on pourrait presque parler d’un miracle, c’est ce bon vieux Richie Porte. Le tasmanien n’a pas craqué, n'est presque pas tombé, qui l’eut cru, et il s’offre, à 35 ans, son premier podium sur un Grand Tour. L’australien a enfin réussi à se débarrasser de ses vieux démons et s’empare de la troisième place au détriment d’un Migel Angel Lopez bien moins fringant qu’il y a deux jours. L’exploit est de taille, saluons donc le courage et l’abnégation d’un coureur dont les nuits n’ont pas toujours dû être sereines. Mikel Landa et Enric Mas complète le top5 d’un Tour on ne peut plus plaisant, qui, à défaut d’avoir été vraiment spectaculaire, aura eu le mérite de nous faire vibrer à maintes et maintes reprises. Qui sait, d’ailleurs, ce que nous réserve le traditionnel défilé des Champs-Élysée demain. Car si le classement général ne bougera plus, rien ne dit que l'haletante course au maillot vert, où le suspense reste encore de mise, ne voit un certain Peter Sagan déroger à la règle qui veut que le dernier dimanche ne soit qu’une douce et langoureuse procession. Au Fantatour, CCM a été le plus rapide et s’adjuge l’étape du jour. Attaque de Marlou2, toujours en tête du général, voit son rêve se concrétiser mais il faudra tout de même faire encore attention au sprint final qui pourrait nous valoir de nouvelles surprises.

Le bon plan Tadej Pogacar est, sans conteste, le super bon plan de ce Tour 2020. Avec trois maillots distinctifs et trois victoires d’étapes, difficile, en effet, de faire mieux. Le talentueux slovène a éclaboussé la Grande Boucle de sa classe et sa propension à toujours vouloir remuer le cocotier en fait, désormais, un des coureurs les plus attractif du peloton. Il nous avait déjà régalé sur le dernier Tour d’Espagne mais que dire, cette fois, de sa performance hors-norme dont nous nous sommes délectés trois semaines durant. Chapeau bas l’artiste, ce succès en appellera très certainement beaucoup d’autres et il nous tarde déjà de revoir très vite ce précoce et exceptionnel esthète de la pédale. Le mauvais plan On ne va pas tirer sur l’ambulance mais il y a deux semaines, quatre colombiens se tenaient solidement dans les roues des deux slovènes et on se demandait dans quelle mesure les quatre mousquetaires de la cordillère allaient jouer un rôle dans la quête aux glorioles. Force est de constater aujourd’hui que les escarabajos n’ont pas vraiment été à la fête et que l’insipide sixième place finale de Lopez ne peut suffire à l’heure de faire les comptes. Dommage, la mèche s’est bien trop vite éteinte et n’aura malheureusement pu mettre le feu à un pétard bien trop humide pour exploser de mille feux. La question du jour Peter Sagan n’aime pas trop se conformer aux règles, ce n’est pas une nouveauté. Il aime prendre les chemins de traverse, surprendre et se surprendre. Faut-il encore qu’il en ait les jambes mais, Peto serait-il capable de bousculer les traditions et de faire d’un dimanche annoncé radieux, une étape dominicale dévastée par une impétueuse tempête Bora dont il serait l’ouragan.