Astana défend le maillot rouge depuis la première étape et "comincia a sentire la fatica"; il n'y plus d'étape pour sprinters, ni de sprinters d'ailleurs; toutes les étapes sont accidentés et constituent le terrain idéal pour des attaques de loin; les français sont chauds-patate. Bref, cette troisième semaine de la Vuelta risque bien de voir se répéter les mêmes scénarios quotidiens, avec une grosse échappée de 10-20 coureurs qui se jouent la victoire d'étape sous le contrôle d'un peloton consentant.

C'est ce qui s'est passé lundi, entre Graus et Sallent de Gallego, où un groupe de 23 coureurs sans dangers pour les leaders s'est disputé la victoire dans la dernière montée d'Aramón Formigal. Et c'est encore une fois l'étonnant Warren Barguil qui s'est montré le plus fort malgré la présence dans le groupe de coureurs costauds comme Intxausti, Nerz, Chris Sorensen ou Rigoberto Uran. Le colombien de Sky est d'ailleurs le seul à être revenu sur Barguil dans le dernier kilomètre de l'ascension, mais il n'a pas réussi à lâcher le français et a dû s'incliner au sprint après visionnage du photofinish. Si Uran ramène quelques points aux fantateams qui comptaient sur lui, notamment la Spartak Team qui remporte la victoire du jour, il n'a pas encore sauvé sa Vuelta très décevante jusqu'à maintenant. Peut-être qu'on le reverra à l'attaque dans les prochains jours.

Derrière, les leaders se sont regardés longtemps avant de tenter quelque chose. Et c'était peut-être une erreur, car après l'attaque de Rodriguez à 2 kilomètres de l'arrivée, Vincenzo Nibali a montré des signes de faiblesse et a concédé quelques secondes à tous ses adversaires. Le requin de Messine n'a plus que 28 secondes d'avance sur Chris Horner au général .La Vuelta est loin d'être finie, mais si Nibali était dans son jour sans aujourd'hui, Horner, Valverde & Co ont peut-être raté une bonne occasion pour reprendre plus de temps au leader d'Astana. Peut-être que la montée assez roulante vers Aramon Formigal ne convenait pas au squale qui préfère des pourcentage élevés. Les quelques secondes perdues peuvent être comparées à celles perdues dans l'étape de l'Alto de Peñas Blancas remportée par Leopold Konig où Nibali avait aussi été distancé dans le final. Mais peut-être qu'après deux semaines en maillot rouge, Nibali et son équipe commencent à être fatigués. Le jour de repos lui fera du bien, mais les 28 secondes qui séparent les deux premiers du classement général sont plutôt une garantie de beau spectacle dans les dernières étapes de cette Vuelta.

En attendant, Miguel Indubreckx s'en fou, puisqu'il a Nibali et Horner… Par contre, le scénario des échappées qui vont au bout l'arrange bien, puisque cela évite que Valverde et Rodriguez ne prennent des points sur l'étape. Aux points du classement général, Miguel Indubreckx avec Nibali, Horner, Pozzovivo et Sanchez fait presque autant de points que les teams avec Valverde, Nibali et Purito. L'élément déterminant dans cette Fantavuelta risque bien d'être l'état de forme de Domenico Pozzovivo dans la troisième semaine. L'italien a rarement brillé sur la longueur et a aussi perdu des secondes sur Roche et Pinot hier. S'il perd sa cinquième place, notamment au profit de Pinot, cela pourra avoir des conséquences certaines dans la lutte pour le Fantamaillot rouge où la jeune team Hells semble bien placée avant le sprint final. Par contre, The King commence a montré quelques faiblesses. Sans son joker Dani Moreno, elle a perdu sa deuxième place au général au profit de Polska Team et tente de s'accrocher à Hells qui revient comme une flèche.

Classements complets de la Vuelta

Le bon plan du jour

Jusqu'à maintenant, il avait été un des coureurs qui font une bonne Vuelta, dont on entend souvent le nom mais qui zonent entre la 15^ème et 20^ème place et ne rapportent donc aucun point pour la Fantavuelta. Mais la quatrième place de lundi augmente le butin de Dominik Nerz à 61 points. Ce n'est pas énorme, mais pour 6 fantamillions, c'est déjà ça, et le coureur allemand pourrait tenter d'entrer dans le top 15 à Madrid.

Le mauvais plan du tour

Difficile de trouver un mauvais plan dans une étape comme celle d'hier. Il faut donc parcourir la longue liste des coureurs ayant abandonné la course ce week-end. Parmi tous  ces noms, il y en a un qu'on avait déjà oublié mais qui nous a quand même fait sourire: Roman Kreuziger. Après un Tour au-dessus de toute attente, le tchèque a repris ses bonnes vieilles habitudes: leader-ambition-espoir-défaillance-craquage-abandon-mauvais plan. Le compte est bon.