Il nous avait un peu déçu la veille où le parcours semblait lui convenir à merveille, mais Joaquim Rodriguez savait probablement que la courte montée de l’Alto de Naranco était un terrain encore plus favorable à ses caractéristiques. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Purito nous a fait une Purito pur style, avec un démarrage tout simplement exceptionnel dans le dernier kilomètre. Un missile qu’aucun des autres coureurs n’a réussi à suivre. Un surprenant Diego Ulissi prend la deuxième place, confirmant ainsi qu’il est peut-être le puncheur du futur, alors que Dani Moreno et Samuel Sanchez prennent les autres places d’honneur, ce qui est bien moins surprenant. Les deux espagnols permettent d’ailleurs à la fantateam The King de montrer qu’elle n’a pas encore dit son dernier mot dans la lutte pour le podium du classement général. Pas facile, puisque les teams à la triplette Nibali-Rodriguez-Valverde sont en pleine forme pour le sprint final, mais le joker Dani le Rouge pourrait encore être un atout dans la manche du King.

Belle victoire en tous les cas pour Rodriguez qui reprend aussi de précieuses secondes au classement général. Il pourrait même nous refaire le coup du Tour de France, où il était allé chercher une place sur le podium lors de l’avant dernière étape. L’Angliru et ses pentes phénoménales pourraient lui permettre de reprendre 51 secondes à Alejandro Valverde et obtenir son quatrième podium consécutif sur un grand tour.

Mais la lutte pour la troisième place n’est rien comparée à la lutte pour le maillot rouge. Au départ de la 18ème étape, Vincenzo Nibali possédait 3 secondes d’avance sur Chris Horner. A la fin de l’étape, c’est Horner qui devance le requin de Messine de 3 secondes. Pas vraiment étonnant vu les faiblesses montrées par Nibali ces derniers jours. Chris Horner est plus que jamais le grand favori pour la victoire finale, mais afin d’alimenter le suspens, on peut toujours penser que l’Italien a cédé volontairement son maillot rouge pour mettre le poids de la course sur les épaules d’Horner lors de l’étape décisive de samedi. Nibali est un attaquant. Il a du panache et son rôle de gestionnaire d’un maillot de leader a dû lui peser à la longue, ce qui pourrait expliquer ce fléchissement psychologique face aux multiples attaques de ses adversaires. Maintenant que les positions sont inversées, on peut s’attendre à une attaque du squale, et pourquoi pas, une action suicide dans la descente du col de l’Alto del Cordal afin d’affronter l’Angliru en solitaire.

Miguel Indubreckx et les autres fantateams suivront le déroulement de l’étape de l’Angliru avec grand intérêt, car sans compter les éventuels changements de position des Pozzovivo, Pinot ou Sanchez, il est certain que si Horner gagne la Vuelta, Miguel Indubreckx pourra tranquillement ajuster ses lunettes, fermer son maillot et montrer son sponsor en attendant son nouveau sacre.