On attendait impatiemment ce premier grand rendez-vous du contre-la-montre individuel pour voir quel était le réel rapport de force entre les grands leaders de cette Vuelta. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a été servi, avec probablement plus de chamboulements et de surprises qu’on espérait. Petit résumé des performances de nos gladiateurs.

Les grands gagnants

Le grand gagnant du jour c’est évidemment Alberto Contador. El Pistolero prend du temps à tous ces principaux rivaux et se place en tête du classement général. Même si quelques doutes persistent concernant sa condition sur trois semaines et sur les capacités de son équipe de gérer la course, Contador est aujourd’hui le grand favori pour la victoire finale.

L’autre coureur qui fait la bonne opération du jour c’est Rigoberto Uran. Le colombien fait un chrono exceptionnel et doit uniquement s’incliner devant le roi Tony Martin. Il monte à la troisième place du général et fait oublier ses prestations moyennes de la première semaine. Reste à voir s’il saura résister en haute montagne et s’il n’aura pas de fléchissement comme au Giro, où après avoir dominé le contre-la-montre, Uran avait subi la loi des purs grimpeurs lors de la dernière semaine.

Une des prestations les plus surprenantes est sans aucun doute celle de Winner Anacona. Le vainqueur de l’étape de dimanche prend la 15^ème place et reste quatrième du classement à la surprise générale. Loin de perdre plusieurs minutes comme certains de ses collègues grimpeurs, le colombien pourrait être le vrai outsider de cette Vuelta.

Parmi les bonnes prestations du jour, notons aussi la cinquième place de Samuel Sanchez qui rentre dans le top-10 du général et les placements de Cadel Evans (6^ème), Vasil Kirienka (7^ème), Peter Serry (11^ème), Jérôme Coppel (12^ème) et Romain Sicard (14^ème), même si cela ne leur permet pas vraiment de se replacer au général.

Ils ont limité les dégâts

Certains leaders n’ont pas spécialement fait des prestations extraordinaires, mais ont limité la casse et ont finalement fait un temps qui correspond à ce qu’on s’attendait d’eux. Ils perdent tous du temps sur Contador mais restent placés au classement général. Il s’agit d’Alejandro Valverde, Purito Rodriguez, Fabio Aru, Robert Gesink et Damiano Caruso. Pour les deux premiers, s’ils veulent saisir une des dernières opportunités offerte pour remporter le sacre sur leur terre, ils devront s’inventer quelque chose de très grand pour déloger le Pistolero de son trône.

Les grands perdants

Passer du statut de grand favori pour la victoire finale à celui de grand looser en 36 kilomètres, c’est ce qu’a vécu Nairo Quintana. Le colombien aurait probablement perdu son maillot rouge, car il était déjà derrière au premier temps intermédiaire, mais sa chute spectaculaire l’a carrément renvoyé à la 11^ème place du général. Une grande désillusion pour le désormais ex-leader de Movistar, mais on peut être certain qu’il ne commettra plus l’erreur de s'ajuster les chaussures avant un virage dangereux.En tous les cas, cette situation risque bien d'assurer le spectacle lors des prochaines étapes de montagne, puisque Quintana devra réellement attaquer s'il veut récupérer les 3'25 qui le séparent du maillot rouge.

Un qui n'attaquera probablement pas, c'est Chris Froome. Le leader des Sky était sur le papier le possible grand gagnant du jour, mais il ne termine qu'à une 10ème place anonyme. Il reste cinquième du général, mais s'il perd du temps sur son terrain de prédilection, on doute qu'il ait la condition psycho-physique pour attaquer ses rivaux dans les montagnes.

L'autre grande déception du jour est liée à la prestation de Wilco Kelderman. Le néerlandais avait un bon coup à jouer et de nombreuses fantateams portait beaucoup d'espoirs en lui. Mais il termine 32ème à 2'22 et perd du temps sur la plupart des coureurs qu'il était censé distancer. Cela prouve encore une fois qu'il est très difficile pour un jeune d'être compétitif dans deux grands tours sur une année,  

Enfin, il y a beaucoup de coureurs qui ont perdu beaucoup de temps, comme prévu: Warren Barguill, Daniel Martin, Mikel Nieve, Dani Navarro, Dani Moreno et Maxime Monfort. Mais la palme revient quand même au colombien Esteban Chaves qui termine 156ème à 5'45. Et dire qu'on pensait que le pur grimpeur colombien ça n'existait plus, que la nouvelle génération avait aussi apris à rouler...

Dans tous ces chamboulements, il est plutôt étonnant de voir que le classement de la Fantavuelta n'a pas tellement changé. Bon de Nia remporte certes une belle victoire devant la Team Spritz et Copacobana, mais The Best 2 reste en tête devant El Diablo Rojo et Primavera. Par contre, ça se bouscule dans le top-10 où les places sont chères. Mais les enseignements d'aujourd'hui risquent de ne pas être ceux de demain et la combinaison gagnante de cette Fantavuelta est loin d'être définie.