Franck Schleck remporte sa première course depuis quatre ans en devançant le colombien Torres, Moreno Moser, Steven Bennett et Pierre Rolland sur l'arrivée d'Ermita de Alba. Tous ces coureurs faisant partie d'une belle échappée que les Astana ont laissé filer afin d'éviter que les leaders, en particulier Rodriguez, ne puissent obtenir des éventuelles bonifications. Pierre Rolland était donc une nouvelle fois dans le coup, mais une nouvelle fois trop juste pour lutter pour la victoire. Omar Fraile était aussi présent et a presque définitivement assuré son maillot de meilleur grimpeur. Les favoris n'ont pas vraiment bougé avant les tout derniers kilomètres, et c'est grâce à une accélération des siennes, que Joaquim Rodriguez prend deux secondes à Fabio Aru et lui hôte le maillot rouge des épaules. Finalement, pas besoin de bonifications lorsqu'on a la giclette… Sinon, à part le fait qu'Esteban Chaves et Dani Moreno ont confirmé leur mal-de-troisième-semaine, l'info du jour, c'est bien que Tom Dumoulin fait mieux que résister dans l'étape qui devait l'enterrer. Le néerlandais pointe désormais à 1'51 du leader et pourra compter sur son exercice de prédilection mercredi pour tenter de monter sur le trône. Dumoulin est considéré par beaucoup comme le grand favori pour la victoire finale, mais encore faudra-t-il aller chercher plus de deux minutes à un vieux briscard comme Rodriguez ou à un jeune loup comme Aru. Il est difficile de comparer avec des exercices précédants, puisque une situation similaire entre ces coureurs ne s'est jamais produite, mais à titre d'exemple, on peut noter que lors du contre-la-montre de 38 km du Tour de Suisse 2015, Dumoulin l'avait emporté avec 1'24 sur Majka et +/- 2'30 sur des grimpeurs comme Chaves et Moreno. Au Tour du Pays Basque de cette année, lors du contre-la-montre de 18 km sur un profil plus accidenté, Dumoulin avait battu Rodriguez de 4 secondes et avait refilé une demi-minute à Quintana. Autre comparaison, le clm du Giro 2014: 42.2 kilomètres relativement plats. Uran l'avait remporté devant Ulissi, Evans et Majka. Le polonais avait devancé Quintana et Aru d'environ une minute. Bref, ce sera très très serré et comme les écarts risquent bien d'être minimes au terme de la course de mercredi, la Vuelta sera loin d'être terminée.

Là où les choses semblent un peu plus claires, c'est à la Fantavuelta. Plus qu'une lutte fratricide, on peut parler de passage de témoin entre Torero et The King. Après 14 jours passés en rouge et trois victoires d'étape, Torero paie clairement les efforts des deux premières semaines et surtout l'absence d'un Aru ou un Rodriguez comme leader pour le général. "El Rey ha matado et Torero", on peut le voir ainsi. Mais attention car la route vers Madrid est encore longue et semée d'embûches et qui sait si la team Thug4Ever ne vienne pas tenter de venger son leader.

Le bon plan du jour

On va dire que le peloton se divise en deux catégories: ceux qui attaquent tous les jours et qui ne remportent jamais rien et ceux qui attaquent une fois tous les quatre ans mais avec un bouquet final à la clef. Franck Schleck fait clairement partie du deuxième groupe. Pour 5 fantamillions, il était un investissement assez évident, tant il pouvait jouer sur plusieurs tableaux. Mais le frère d'Andy avait été transparent depuis le début du tour. Il avait peut-être déjà choisi son jour, mais toujours est-il qu'il est entré dans la bonne échappée et n'a laissé que des miettes à ses compagnons, objectivement moins forts que lui en montagne. Une victoire d'étape, un une deuxième place au classement de la montagne et déjà 215 points récoltés. Franck Schleck un homme digne de confiance.

Le mauvais plan du tour

Parmi les coureurs ayant abandonné ce week-end, on retrouve le bon plan de la Vuelta 2014 Luis Mas Bonnet mais surtout Samuel Sanchez. Le champion olympique partait avec un statut de co-leader et avec un parcours qui devait convenir à ses caractéristiques de puncheur-rouleur, il avait convaincu 4 fantateams de dépenser la belle somme de 35 fantamillions pour acquérir ses services. Mais le coureur BMC n'a pas été capable de rééditer les belles prestations de 2014 et rentre chez lui avec le compteur à zéro. Nibali, Froome, Bouhanni, Sanchez… Il y avait vraiment moyen de faire une team de mauvais plans qui aurait eu de la gueule il y a deux semaines…