Vincenzo Nibali a remporté la troisième étape de la Vuelta menant le peloton en Andorre, alors que Chris Froome s’est emparé du maillot rouge. Le leader de l’équipe Bahrain-Merida a devancé David De la Cruz, Chris Froome, Romain Bardet, Esteban Chaves et Fabio Aru au terme d’une journée mouvementé qui a livré des premières indications importantes.

Avec Nibali, Froome, De la Cruz et Pozzovivo, la team Jean Delatour s’impose avec le beau score de 625 points. Sept points de plus que Armstrong The Truand qui se console avec la première place du général, et le duo Our Franck et Mathilde1969.

Vincenzo Nibali a donc remporté une belle victoire d'étape qui, grâce aux bonifications, lui permet de refaire presque tout le retard accumulé lors du contre-la-montre par équipes de Nîmes. Pourtant, à quelques kilomètres de l'arrivée, Nibali semblait être un des perdants du jour. Pas le gros perdant, mais perdant quand même, puisqu'il était resté planté lorsque Romain Bardet et Fabio Aru ont accéléré dans les derniers mètres de l’ultime GPM pour tenter de rejoindre Chris Froome et Esteban Chaves qui s'étaient échappés quelques kilomètres plus tôt. Mais alors qu'on s'apprêtait à vivre un sprint à quatre, l'écart GPS est soudainement tombé de onze à une seconde et on a vu revenir le groupe Nibali, De la Cruz, Roche, Van Garderen et Pozzovivo sur les hommes de tête. Le Requin de Messine a alors fait parler son expérience dans les courses d'un jour pour surprendre ses adversaires avec une accélération à 500 mètres de l'arrivée qui lui a permis de franchir la ligne d’arrivée en premier avec un original geste de célébration. Une victoire qui ressemble un peu à celle de Sheffield, lors du Tour 2014, ce qui est plutôt de bonne augure pour le Requin de Messine.

On savait que la première étape de montagne dans les Pyrénées n'allait pas permettre de voir qui va gagner la Vuelta, mais qu’elle allait montrer qui était en dessous du lot. Et l’étape d’Andorre permet effectivement déjà de tirer quelques conclusions :

  1. Alberto Contador ne gagnera pas sa dernière Vuelta. Lâché dès le début du dernier col, le Pistolero perd 2’33 et semble incapable de lutter avec les meilleurs. Il devra se fixer d’autres objectifs s’il ne veut pas passer trois semaines très pénibles. Attaquer tous les jours avec les Manzana-Postobon et tenter de remporter le classement du meilleur grimpeur plus une ou deux étapes, semble être la seule option…
  2. Les SKY et Chris Froome n’ont pas raté le premier rendez-vous avec les montagnes. L’équipe britannique a reproduit sa tactique habituelle, avec Diego Rosa, Gianni Moscon et Mikel Nieve imprimant un rythme d’enfer dès les premiers lacets de l’Alto de la Comella. Ce rythme a fait mal à de nombreux coureurs, mais aussi à Woet Poels qui a été un des premiers à ne pas pouvoir suivre ses équipiers. La défaillance de Poels n’était probablement pas prévue et pourrait être importante pour la suite des opérations.
  3. Bien qu’ils semblaient être sorti du Tour sur les rotules, Romain Bardet et Fabio Aru ont encore du jus dans les jambes. Pour combien de temps ? On ne sait pas, mais pour l’instant, ils semblent bien capables de participer à la lutte pour le classement général.
  4. Venus en Espagne avec trois possibles leaders, les Orica-Scott ont trouvé leur homme fort. Les jumeaux Yates n’ont perdu que quelques secondes, mais c’est surtout Esteban Chaves qui a impressionné en suivant assez facilement l’attaque fulminante de Chris Froome. Les problèmes du début de saison semblent oubliés et El Chavito s’impose comme un futur protagoniste, si pas le favori, de cette Vuelta.
  5. L’héritage d’Alejandro Valverde est bien lourd à porter pour les jeunes espagnols Ruben Fernandez et Marc Soler. Probablement avec trop de pression sur les épaules, les deux hommes de pointe de la Movistar ont été lâchés dès l’avant dernier col et terminent à plus de 14 minutes des premiers. En voilà deux autres qui tiendront compagnie aux Manzana-Postobon dans les échappées matinales et qui risquent de lutter pour le classement de la montagne.
  6. Parmi les possibles outsiders pour une place dans le top-10 du général, il y a ceux qui ont plutôt rassuré les fantamanagers qui ont cru en eux même si les places seront chères. Il s’agit surtout de De la Cruz, Roche, Van Garderen, Pozzovivo et dans une moindre mesure de Woods et des frères Yates.
  7. Par contre, il y en a d’autres qui ont déjà perdu environ une minute et qui ne semblent pas au top : Zakarin, Betancur, Meintjes, Kelderman, Kruijswijk et Lopez.
  8. Après, il y a ceux qui ont craqué comme Contador, Buchmann et Majka, voir sombré comme Dennis, Jungels et Alaphilippe.
  9. Les sprinters de la FDJ aiment décidemment jouer avec le feu et le hors-délai. Après l’enfer vécu par Arnaud Démare sur le Tour, Lorrenzo Manzin termine l’étape en solitaire, à 38’28 du vainqueur et à plus de 15 minutes du Grupetto. Sa façon à lui de dire à Marc Madiot qu’il avait sa place dans la sélection pour le Tour…
  10. Etant donné qu’aucune Fantateam ne semble avoir une combinaison de quatre ou cinq favoris solides, la Fantavuelta reste plus ouverte que jamais. Encore heureux, nous ne sommes qu’à la troisième étape…