Michael Storer a remporté la septième étape de la Vuelta en s’imposant en solitaire au Balcón de Alicante au terme d’une étape plus que mouvementée. Une étape marquée par l’abandon de Hugh Carthy et surtout d’Alejandro Valverde, tombé dans le ravin dans le Puerto El Collao alors qu’il avait décidé de dynamiter la course à 50 kilomètres de l’arrivée.

Il y avait peu de doutes sur le fait qu’une échappée irait au bout pour cette première étape de montagne de la Vuelta, encore fallait-il voir qui allait en faire partie et surtout si quelques semi-leaders allaient se glisser dans le bon coup pour remonter au classement général. L’échappé s’est formée après plus d’une heure de bagarre intense et comprenait effectivement des coureurs pas trop éloignés au général comme Jan Polanc, Jack Haig, Sepp Kuss et Felix Grosschartner. Ce dernier rate d’ailleurs le jackpot pour 8 secondes et doit se contenter d’une remontée à la deuxième place du classement derrière le maillot rouge Roglic. Parmi les attaquants, figuraient aussi cinq coureurs de la Team DSM, dont un Romain Bardet pimpant et un Michael Storer qui a finalisé l’offensive en s’envolant dans la dernière montée. Une belle victoire pour l’Australien qui remporte son premier succès sur un grand tour et récompense l’effort collectif de son équipe.

Parmi les leaders, les rapports de force commencent à se dessiner, avec Roglic, Yates, Bernal, Lopez, Mas, De la Cruz et un étonnant Meitjes au même niveau dans la difficulté finale, alors que Vlasov perd quelques secondes et Landa, Ciccone, Aru, Martin et Carapaz ont montré des limites évidentes, même s’ils ne perdent que 30 secondes sur les autres favoris. Au classement général, on retrouve à présent deux coureurs de la Jumbo-Visma (Roglic et Kuss), deux coureurs de la Movistar (Mas et Lopez), deux coureurs Ineos Grenadiers (Bernal et Yates), deux coureurs de UAE (Polanc et De la Cruz) et deux coureurs de la Bahrein Victorious (Haig et Landa) dans le top-15. Autant dire que la situation est explosive et qu’il ne sera pas facile pour Roglic de gérer la meute affamée qui le suit au classement général. Avis aux amateurs baroudeurs, il y a un maillot rouge en cadeau dimanche.

La fanta-étape du jour est remporté par Aurel Team II grâce notamment à Storer et Sivakov, alors que Aupa Athletic continue de dominer le classement général.

Le bon plan du jour

Une fois n’est pas coutume et avec tout le respect pour les belles performances fantacyclistes de Storer ou Grosschartner, l’hommage du jour revient à un coureur qui a abandonné la course. Alejandro « El Bala » Valverde quitte la Vuelta alors qu’il occupait la quatrième place du général et semblait avoir retrouvé le coup de pédale de sa meilleure époque. Dans le passé, sa manière de courir n’a peut-être pas emballé les foules, mais E Imbatido forçait l’admiration depuis qu’il continuait à honorer son sport au plus haut niveau à un âge où ses anciens collègues sont reconvertis depuis longtemps ou assis dans une voiture de directeur sportif. Ironie du sort, il abandonne la scène alors qu’il venait de placer une attaque imprévue et pleine de panache à 50 kilomètres de l’arrivée. Pour aider ses équipiers luttant pour le maillot rouge, mais aussi pour se faire plaisir et profiter des beaux instants qu’il pouvait encore vivre sur un vélo. Le voir en pleurs et effondré dans les bras de son directeur sportif Chente Garcia Acosta, comme un enfant vivant sa première désillusion, en dit long sur ce qu’a vécu Valverde ce vendredi après-midi. Avec une fracture de la clavicule, la saison et peut-être la carrière de Valverde se sont terminés dans ce maudit ravin.  

Bon, et puis, les émotions c'est bien, mais faut pas oublier l'aspect pragmatique: au moins Valverde peut se faire remplacer dans les 4 fantateams où il figurait après avoir déjà rapporté 109 points, alors que ceux qui ont misé sur Carthy, c'est juste un zéro pointé....

Le mauvais plan du tour

On avait déjà compris jeudi que Hugh Carthy n’allait pas rééditer les performances de l’an dernier, le prix du mauvais plan du tour revient donc à un autre coureur qui a confirmé qu’il ne luttera pas pour monter sur le podium à Santiago de Compostela : Richard Carapaz. Avec sa médaille d’or olympique au cou et un prix de 57 fantamillions, le pari sur Carapaz était risqué. Arrivé avec le groupe des retardataires en compagnie de Landa, Ciccone et Aru, il n’a pas encore complètement craqué mais se retrouve déjà à près de 3 minutes de Roglic au classement général. Il pourra évidemment encore être une pièce maitresse dans la tactique des Ineos, mais ce sera plus pour mettre Bernal et Adam Yates sur orbite que pour rentabiliser l’investissement fait par 76 fantamangers.

Le prono-provoc pour la huitième étape

En honneur de son ami El Bala qu’il a sorti du ravin la veille, Joaquim Rojas se rappelle qu’il fut un temps où il figurait parmi les jet-men du peloton. Idéalement lancé par un train Movistar plus à l’aise dans les longues lignes droites de la côte méditerranéenne que dans les Pyrénées, Rojas s’impose à La Manga del Mar Menor,  à quelques kilomètres de la Murcie natale d'El Imbatido. 

Comments

La détresse de Bala faisait vraiment mal au cœur. Même si je n'ai jamais été son plus fervent supporter, ça m'en a donné des frissons. Sans parler de sa chute qui aurait pu se terminer de manière dramatique... Souhaitons lui de ne pas achever sa carrière de cette bien triste façon !