Après une longue tournée dans les festivals du monde entier, le documentaire « Wonderful Losers : a different world » est à présent disponible en Vidéo à la Demande. On a regardé pour vous ce magnifique film sur les hommes de l’ombre du peloton, ceux qui souffrent comme les autres, voire plus, mais qui gagnent rarement.

En février 2014, au cours du Festival du film de Berlin, je rencontre un ami producteur italien qui me parle d’un film qu’il est en train de coproduire. Un projet un peu fou sur le cyclisme, coproduit entre sept pays européens, réalisé par un Lithuanien. Un film sur le cyclisme ou plutôt sur les coulisses d’un sport dont l’essence est trop peu connue du grand public. Quatre ans et des innombrables heures de travail plus tard, le documentaire « Wonderful Losers : a different world » a été présenté dans de nombreux festivals, il a gagné des prix, surtout des prix du public, il est sorti en salle dans plusieurs pays, a eu une avant-première à Los Angeles, car représentant lithuanien pour les films en course pour l’Oscar du meilleur documentaire et du meilleur film en langue étrangère. Inutile de dire que c’est avec un énorme plaisir que je parle aujourd’hui de ce film que chaque amateur de vélo appréciera fortement et qui fera aimer et comprendre le cyclisme à ceux qui le connaissent moins.

Avant de se lancer dans cette aventure, le réalisateur Arunas Matelis savait que le documentaire qu’il avait en tête nécessitait d’une chose : le droit de filmer une grande course de l’intérieur ; de filmer le peloton en tant que suiveur afin de capter des images qu’on ne voit que rarement dans les directs télévisés. Car Wonderful Losers n’est pas un film sur les exploits des grands coureurs. Il ne raconte pas le dualisme entre Coppi et Bartali ou entre Anquetil et Poulidor. Il ne parle pas des victoires de Merckx, ni des destins tragiques de Luis Ocaña ou Marco Pantani. Ce n’est pas une enquête journalistique sur le dopage ou d’autres scandales. Non, « Wonderful Loser : a different world » est un film sur le vélo, sur la dureté de ce sport et sur les « perdants magnifiques », ceux qui permettent aux champions de gagner.

Après de longues négociations et plusieurs refus d’organisateurs de grandes courses, trop occupés à défendre et monétiser leur droit à l’image, Arunas Matelis obtient finalement la permission de filmer le Giro 2014 à partir de la voiture médicale. Le film se base sur ces images dures mais exceptionnelles et sur quelques interviews de personnages clé. Pas de commentaire en voix off, pas de noms, pas de chronologie ni de palmarès. On y voit les coureurs souffrir et se faire soigner après leurs chutes. On se rend compte de la dureté de ce sport, non seulement à cause de la violence des accidents, mais aussi parce que les sacrifices de plusieurs mois d’entrainement peuvent s’envoler en quelques secondes. On y entend des coureurs, Svein Tuft, Daniele Colli et Paolo Tiralogo en particulier, expliquer leur rôle dans une équipe. Expliquer que «  grégario », c’est un métier comme un autre, que souvent, il leur manque peu pour être aussi forts que les leaders, et qu’en fin de compte,  « les victoires ce ne sont que des chiffres, qu’il faut être champion dans la vie ».

Wonderful Losers est un film sur les histoires humaines. Des histoires d’hommes qui n’ont pas choisi la voie la plus facile, ni celle qui offre le plus de reconnaissance. L’émotion nous prend alors lorsque Paolo Tiralongo raconte comment Alberto Contador lui a offert sa première victoire chez les professionnels à 35 ans ou lorsque les parents de Danielle Colli s’émeuvent aux larmes en voyant passer leur fils dans les rues du village, parce qu’il est revenu dans le peloton après avoir vaincu une tumeur au genou.  Lorsqu’on sait que le coureur italien abandonnera ce Giro après avoir couru cinq étapes avec une fracture au bassin et que l’année suivante, il quittera le tour national encore en pire état, on ne peut qu’avoir toute notre admiration pour ces gladiateurs qui remontent sur selle malgré des douleurs que d’autres ne supporteraient pas.

Wonderful Losers ne sera finalement pas nominé pour les Oscars, mais peu importe. C’est un grand documentaire. Daniele Colli et Paolo Tiralongo ont raccroché le vélo et Svein Tuft doit à cette heure-ci s’entrainer pieds-nus dans la neige canadienne pour entamer à 41 ans, une nouvelle expérience dans une équipe professionnelles après avoir quitté la formation Mitchelton-Scott à l’intersaison. Il se souviendra alors de ce Giro 2014, lorsqu’un réalisateur lithuanien lui demanda de le suivre pour faire un documentaire sur les « wonderful losers » et que, ironie de l’histoire, ses équipiers lui permirent de passer la ligne en premier lors du contre-la-montre par équipe initial pour lui offrir le maillot rose…

 

« Wonderful Losers : a different world », un film de Arunas Matelis ;

Produit par Studio Nominum, en co-production avec Stefilm, Associate Directors, Planet Korda, Dearcan Media, Dok Mobile, VFS Film ; avec le soutien du programme Creative Europe MEDIA de l’Union Européenne.

Disponible en Vidéo à la Demande,

en France, en Amérique latine et d’autres pays : https://vimeo.com/ondemand/wonderfullosersfilm

en Belgique : https://vimeo.com/ondemand/wonderfullosers/263330125

 

Comments