La plus longue étape de ce Tour 2013, menant les coureurs depuis Givors jusqu’au mythique Mont Ventoux, longue de 248 kilomètres, attendait les coureurs ce 14 juillet. A défaut d’avoir un français vainqueur en cette céleste journée, on a eu droit au feu d’artifice quelque peu en avance sur l’heure initialement prévue. Chris Froome, d’une insolente et terrible aisance,  a littéralement fait exploser tout le monde.

Quelques téméraires avaient bien tenté le coup mais, toute tentative d’échappée aujourd’hui semblait inévitablement condamnée. On attendait la grande bagarre sur les pentes du Ventoux et pas ailleurs ! Et elle eu lieu. Chavanel, parti en solitaire, se faisait vite reprendre par l’inépuisable Bakelants et le bondissant basque, Mikel Nieve, auteur d’une magnifique montée. Parmi les favoris, Quintana à 12 km de l’arrivée, fut le premier à mettre les voiles et à rejoindre le coureur Euskaltel parti seul devant. Avec près d’une minute d’avance sur le peloton, on se mettait à rêver d’un exploit, d’autant que le duo ne fléchissait pas. Par contre, derrière, la machine SKY ne contrait pas mais ne tardait pas à s’emballer et à sérieusement écrémer le peloton. Le jeune Peter Kennaugh d’abord, l’extra-terrestre Richie Porte ensuite, ont complètement fait voler le pack de survivants en éclats. Seul Contador faisait illusion et ne quittait pas la roue du britannique.

Mais quand le maillot jaune décida qu’il était temps pour lui de partir en croisade et d’assoir son territoire, il ne laissa l’ombre d’une chance à personne, ne fut ce que de l’accompagner. Il reprend un à un les valeureux fuyards et s’impose avec un facilité déconcertante au sommet du Géant de Provence. Magnifique exploit s’il en est, dantesque, incroyable démonstration de force, mais malheureusement pour le suspense, les dés semblent maintenant définitivement jetés. L’homme qu’on avait cru un moment vulnérable semble désormais intouchable !

Un instant, on a imaginé que l’homme qui parlait à l’oreille des collines, Nairo Quintana, arriverait à lui mener la vie dure, mais le virevoltant colombien dut également se résoudre à laisser filer la fusée Froome. La lutte pour la première place semble dorénavant perdue d’avance, celle des accessits nous promet elle une belle foire d’empoignes tant les écarts sont minimes. Le plus proche rival du kényan blanc est donc maintenant à plus de 4 minutes, autant dire un gouffre tant sa démonstration d’aujourd’hui fut plus que convaincante, mais derrière il n’y a que 5 grosses minutes entre Mollema, deuxième et Rogers, douzième. Le spectacle n’est pas terminé, loin de là, et qui sait ce que nous réserve ce tant attendu troisième volet de ce très emballant Tour du Centenaire. Nul ne le sait, mais il est écrit quelque part que nous ne sommes peut-être pas encore au bout de nos surprises.

Preuve en est au Fantatour, où 51 Je t’aime fait enfin la fête au Jaune au moment le plus opportun. Et pour un marseillais, bonne mère, il faisait soif ! La France, toujours prompte à souligner l’exploit des siens, tient son nouveau héros. L’exploit méritait d’être souligné mais Il faudra  batailler ferme pour conserver le tant convoité fantamaillot jaune. La physionomie du Tour va dès à présent changer, mardi on entre gentiment dans les Alpes et les grimpeurs retrouvent leur terrain de jeu fétiche. Le podium va réellement se jouer maintenant et la course aux points risque d’être passionnante jusqu’au bout.

Le Mont Ventoux nous aura également offert un podium inédit au Fantatour où Eddy Breckx cannibalise l’étape du jour. Avec le tiercé gagnant, Froome, Quintana, Nieve et les 590 points qui vont avec, Eddy marque son retour dans la dernière ligne droite de la meilleure manière. Au même titre que le jusqu’à présent très discret Diablo qui s’offre par là même son premier accessit. Et avec en plus, un euphorique 51 Je t’aime qui finit deuxième, autant dire que les hôtesses protocolaires n’auront pas eu facile… !

Classements complets du Tour

Le bon plan du jour

On a déjà parlé de Mikel Nieve, assurément le bon plan du jour. Quintana (40 fantamillions) pourrait en être un autre. Doté d’une classe et d’un talent naturel évidents, le colombien est pourtant encore jeune et impétueux et n’en malgré tout qu’à son premier Tour de France. Etincelant aujourd’hui, il récupère du temps sur tout le monde, endosse le maillot blanc et devrait être un des grands animateurs de la semaine à venir. Et qui sait, il pourrait être la belle surprise sur le podium à Paris. Jusqu’où ira-t-il ?

Le mauvais plan du Tour

Après un Giro relativement rassurant et convaincant, on pouvait imaginer que Cadel Evans (40 fantamillions) avait un bon coup à jouer sur un Tour de France. Mais ce bon vieux Cadel, qui voyait encore un top5 accessible, termine 31^ème de l’étape à 8min41’ du vainqueur et est désormais à plus de quinze minutes au Général. Encore un leader qui prend cher. Pas facile ce Tour !