Le dernier contre-la-montre du Giro n’a pas réservé de grosses surprises. Pippo Ganno remporte la dernière étape comme prévu et son équipier Egan Bernal s’impose au classement général du Giro, comme prévu. Le résultat du sprint final pour le fantamaillot rose était moins évident et c’est finalement Astrazeneca qui remporte le concours au photofinish devant Rabo 2021 et Gnocchi. Les trois premiers du Fantagiro finissent l’épreuve avec seulement 57 points d’écart, avec pour la première fois, un poids décisif du coureur remplaçant. Voici les conclusions des trois semaines italiennes.

Le fantamaillot rose : Astrazeneca

Astrazeneca, est l’équipe alignée à son époque par excellence. Elle a donné le dernier coup de rein à Milan pour remporter le Fantagiro avec 9065 points. Bernal, Vlasov, Yates, Evenepoel et Ciccone, plus les quelques points de Paddy Bevin qui ont malgré tout été déterminants pour l’emporter, comme l’entrée en jeu du réserviste Damiano Caruso après l’abandon d’Evenepoel. Après coup, la combinaison semble évidente, bein oui, mais seule Mariemass82 l’a deviné. Bravo pour cette belle première fantavictoire après quatre années de travail !

Le dauphin : Rabo2021

Longtemps considéré le grand favori du Fantagiro grâce à la même combinaison qu’Astrazeneka mais avec les points des belles trouvailles Arndt, Albanese et Hermans en plus, Rabo 2021 paie finalement le choix d’avoir pris Romain Bardet comme réserviste, surtout que le Français perd deux places au général au terme du contre-la-montre... Quoi qu’il en soit, une belle deuxième place et presque sans regrets, puisqu’il n’y avait que 4 coureurs à un fantamillion (Gavazzi, Carboni, Fortunato et Dombrowski) qui auraient comblé les 35 points qui le séparaient du fantamaillot, s’il les avait pris à la place d’Edward Ravasi.

La médaille de bronze : Gnocchi

Après son top-10 au Fantagiro 2020, Chti67 confirme son bon feeling avec la course rose en montant sur la troisième marche du podium. Peut-être l’équipe la plus équilibrée du haut du classement, avec le quatuor Bernal-Vlasov-Yates-Evenepoel, le sprinter à haut rendement Davide Cimolai et les baroudeurs Bettiol et Cataldo. Le Giro anonyme de Davide Formolo et ses modiques 28 points ont fait très mal, surtout si on pense que Gnocchi termine à 57 points du fantamaillot rose. Par contre, 2 millions pour Tejay Van Garderen, ça ne pardonne pas…

 

La fantateam parfaite

Mis à part l’ogre Bernal qui rafle plus de 4000 points, on a longtemps attendu le coureur qui allait sortir du lot et ramener un butin décent. Les vrais bons plans sont sortis de l’ombre en troisième semaine et avec 200 fantamillions on pouvait créer l’équipe parfaite qui aurait rapporté 11.657 points. En voici la composition :  

Egan Bernal, 39 fantamillions, 4068 points

Certains l’avaient enterré un peu tôt, oubliant qu’il n’était pas une simple météorite, mais un des plus forts coureurs de grand tour du peloton lorsque le physique le permet. Les doutes étaient nombreux, mais le Colombien les a balayé dès la première semaine et montrant à plusieurs reprises être le plus fort dès que la route s’élevait, avec en apothéose, la victoire à Cortina après son envolée dans le Giau. Il gère sa confortable avance en troisième semaine grâce à une équipe Ineos Grenadiers toujours aussi solide et un Daniel Martinez royal. A 24 ans, il remporte son deuxième grand tour et remet son compteur de confiance au niveau après une année 2020 difficile.

Damiano Caruso, 28 fantamillions, 2116 points

A ce prix-là, il y avait d’autres lieutenants comme Sivakov, Martinez, Ciccone ou Grosschartner plus attirants que le vétéran de la Bahrein Victorious. Mais la variable « Landa-le-malheureux » n’était pas négligeable et Damiano Caruso s’est retrouvé très tôt leader de son équipe, sans toutefois être pris au sérieux dans la course au maillot rose. Il a finalement été un des plus costauds et constants, ce qui lui permet de non seulement remporter sa première victoire d’étape dans un grand tour, mais aussi de monter sur la deuxième marche du podium. Une belle récompense pour un coureur qui a travaillé pour les autres pendant toute sa carrière. Cerise sur le gâteau, il est l’auteur d’un des plus beaux gestes de ces trois semaines, cette tape sur l’épaule de Pello Bilbao lorsque le Basque a terminé son travail dans la montée de l’Alpe Motta, le tout dans une pente à 10% et avec une victoire d’étape en jeu, histoire de montrer au monde entier qu’il connait la valeur du travail de lieutenant et qu’il sait d’autant plus l’apprécier lorsqu’il peut en bénéficier. Damiano Caruso, c’est clairement la belle histoire de ce Giro.

Alexandr Vlasov, 50 fantamillions, 1679 points

Mine de rien, ce Giro n’est que le deuxième grand tour pour Alexandr Vlasov, si on exclue le Giro de l’an dernier qu’il avait abandonné à la deuxième étape. Un peu malchanceux dans certains moments décisifs, il a montré quelques lacunes dans la gestion de l’effort, mais a malgré tout encaissé et tenu le coup, pour finalement terminer 4ème du classement final. Il a presque passé tout le Giro dans le top-10 du général et dans le top-3 du classement du meilleur jeune, ce qui en fait un investissement assez rentable.

Simon Yates, 41 fantamillions, 1510 points

Les tours d’Italie se suivent et ne ressemblent pas pour Simon Yates. Après la domination suivie de la déchéance en 2018, l’anonymat complet en 2019, l’abandon pour Covid en 2020, Simon Yates a fait un Giro tout en progression cette année. Il perd trop de temps sous la pluie les deux premières semaines, avant de monter en puissance dans les dernières montagnes pour finalement monter sur le podium à Milan. Son succès à la Vuelta 2018 ne restera pas isolé et Simon Yates a prouvé qu’il est un sérieux candidat à la victoire dans un tour de trois semaines. Un seul doute : n’aurait-il pas dû s’épargner à l’Alpe di Mera pour garder de l’énergie et tenter le tout pour le tout dans la dernière étape de montagne, où il a probablement payé les efforts de la veille ?   

Attila Valter, 20 fantamillions, 619 points

Agé de 22 ans, le Hongrois de la Groupama FDJ a été une des belles surprises de ce Giro. Non seulement parce qu’il a endossé le maillot rose pendant quelques jours, mais aussi parce qu’il ne s’est pas effondré par la suite pour terminer le Giro dans le top-15 du général. Une nouvelle pépite dans l’écurie de Marc Madiot qu’il conviendra de suivre de près dans le futur.

Geoffrey Bouchard, 8 fantamillions, 653 points

Un coureur à moins de 10 millions qui est le seul candidat au maillot de la montagne dès la première semaine, c’est le jackpot garanti pour ceux qui ont flairé le bon coup. Pourtant, Geoffrey Bouchard n’est pas un novice, puisqu’il remporte le titre de roi de la montagne au Giro après avoir gagné ce même classement à la Vuelta 2019. Ses larmes sans paroles au terme de l’étape de Rocca di Cambio, où il passe très près de la victoire, font également partie des images fortes de ce tour d’Italie.

Tobias Foss, 12 fantamillions, 463 points

Les points obtenus par le vainqueur du Tour de l’Avenir 2019 viennent essentiellement de son bon prologue et du fait qu’il est resté dans le top-3 du général pendant quelques jours. Mais il mérite amplement sa place dans la team idéale, puisqu’il a montré qu’il est plus qu’un très bon chronoman et qu’il sait aussi se défendre en montagne. Sa neuvième place finale est un premier pas important dans une carrière où une progression constante pourrait l’amener vers les sommets.

Joe Dombrowski, 1 fantamillion, 335 points

Le meilleur coefficient du Fantagiro, tout simplement. Grand espoir jamais éclos du cyclisme américain, Dombroswki a enfin vécu son heure de gloire en remportant la quatrième étape avant de se vautrer et abandonner le jour suivant. Qu’importe, les points étaient dans l’escarcelle, et personne n’a fait mieux.

Lorenzo Fortunato, 1 fantamillion, 214 points

La grande surprise de ce Giro et le nouvel espoir du cyclisme italien. Le jeune coureur de l’équipe Eolo-Kometa a dompté le Zoncolan pour remporter sa première victoire chez les professionnels à 25 ans et termine le Giro à la 16ème place du général. Mais c’est surtout la constance dans les étapes les plus difficiles qui a impressionné : 21ème à Ascoli Piceno, 23ème à Campo Felice, 22ème à Cortina, 12ème à Sega di Ala, 19ème à l’Alpe du Mera et 9ème à l’Alpe Motta ! Bref, un vrai grimpeur qui termine d’ailleurs les deux contre-la-montre dans les dix dernières places, ce qui indique qu’on tient là un futur candidat au maillot du meilleur grimpeur plus qu’un nouveau leader de grand tour.

(Correction suite à un nouveau calcul la tête reposée : Foss et Fortunato sortent de la team idéale, car la paire Cimolai et Affini rapporte plus. La formation parfaite ne coûtaient donc que 199 millions et aurait rapporté 12.003 points. On va quand même laisser les pargaphes sur Foss et Fortunato qui méritent amplement une mention dans les conclusions du Giro)

Davide Cimolai, 4 fantamillions, 548 points

Un ratio qui frôle la perfection pour le sprinter italien de Israel Start Up Nation… S’il pouvait y en avoir plus comme lui, on arrêterait de dépenser des dizaines de millions pour Sagan ou les sprinters de pointe. Toujours dans le top-10 lors des sprints, deuxième à deux reprises, second du classement à points pendant la deuxième moitié du tour. Et le tout pour 4 fantamillions. Du pur bonheur.

Edoardo Affini, 8 fantamillions, 475 points

Fait nouveau et remarquable, le cyclisme italien commence à produire des spécialistes du contre-la-montre, en délaissant les habituels profils de grimpeur et puncheur. Si ça continue comme ça, un jour l’Italie aura un joueur de tennis dans le top-5 du classement ATP… Ganna a atteint le plus haut niveau depuis un an. Edoardo Affini n’est pas loin de le rejoindre. Deuxième du prologue, troisième du contre-la-montre final, à 24 ans, le natif de Mantova, a même découvert qu’il peut être un excellent finisseur en frôlant la victoire à Vérone. Il aura travaillé 18,99 jours pour son équipe (le 0.1 ce sont les 400 derniers mètres de l’étape de Vérone où il était parti pour lancer Groenewegen avant de se rendre compte que personne ne l’avait suivi) mais a tout de même rapporté 475 points. Quelque chose nous dit qu’il coûtera bien plus cher que 8 millions lors des prochaines épreuves…

 

Le vainqueur du Prono du Jour : Our Franck

Avec toutes ses échappées qui vont au bout, le concours du Prono du Jour n’était pas évident sur ce Giro. C’est finalement la tactique « je met Bernal gagnant à chaque fois » qui a été payante. Et même si elle manque un peu de panache, elle a le mérite de fontionner et permis à Our Franck de battre eglise36 et le grand spécialiste du genre, Randy Savage, qui a tenté el tout pour le tout lors de la dernière étape en misant sur Cavagna et en frolant l'exploit.

 

Le point sur la Fantacup 2021

Après le Fantaclassics et le Fantagiro, il est temps de jeter un coup d’œil au classement de la Fantacup. Comme on pouvait l’imaginer, Rabo 2021, l’équipe de Matthmic remplie de coureurs de classiques a marqué le pas et s'est faite engloutir par le peloton. Un peloton duquel s'est extirpé la Plus Team après une attaque solide menée grâce à Bernal, Vlasov, Yates, Ganna et Sagan. La Fantacup est encore longue et il faudra résister sur la longueur, malgré les 1000 points d'avance sur Il Diablo qui mène un peloton en file indienne avec Attaque de Marlou dans sa roue. Un maillot Carera coincé entre deux maillots Z... ça fait penser à la 13ème étape du Tour 1990, celle de Saint Etienne, où un attaque de Ronan Pensec dans les premières côtes met la pression sur la Carrera de Chiapucci qui se fait contrer par Greg Lemond dès le regroupement pour finalement perde près de 5 minutes sur l'Américain. Une étape de transmition qui coutera au Diablo la victoire au Tour...

Comments

Félicitations à l'équipe Astrazeneca et à Mariemass82. Ce fut très serré pour le podium !

Énorme merci aux organisateurs de ce jeu !

Et vivement la constitution des équipes pour le Tour !

Merci again à la Fanta team pour ce beau jeu ! Giro raté pour moi, avec impasse sur Bernal dans mes 2 équipes ... On se console avec une remontée à la Fantacup :)
Gros bravo à Astrazeneca pour sa victoire, avec la combinaison gagnante.
A bientôt sur les routes du Tour ...

Bravo à Astrazeneca, mais question (autant être prévenu): une deuxième injection gagnante est-elle prévue au bout de 6 semaines, donc sur le FantaTour de France ?
A part ça, merci à Eddy, Lucho, Alain pour l'organisation de ce FantaGiro. Et pour les belles photos.

Bravo à la championne et merci à tous pour votre fidélité et commentaires tout au long de ces 3 semaines :D un petit mea culpa concernant les points de la fantacup, j'ai oublié hier d'y ajouter les points des classements finaux de ce giro. C'est maintenant réglé mais les lecteurs assidus trouveront encore quelques différences avec l'analyse proposée hier par Lucho... A très vite pour le Tour :D

Bravo aux heureux lauréats qui ont démontré que le choix d'Evenepoel n'était pas si risqué (à condition de disposer d'un bon remplaçant) et mention spéciale à Mariemass82 pour avoir compris avant tout le monde que Caruso était un meilleur choix que son leader... Cela dit, je dois avouer que depuis le strike de Smokin Jo sur mon basque bondissant préféré, j'étais plus passionné par le Giro que par le Fantagiro et à 4 étapes de l'arrivée, je naviguais bien au-delà de la 100ème place. J'ai ouvert un œil lorsque Remco a replié ses ailes de jeune champion le jour où cette brute de Bettiol a sorti les muscles. Et puis Dani le ténébreux a enfilé son costume de superhéros et m'a propulsé à une 6ème place finale absolument inespérée. Applaudissements debout et vifs remerciements à Eddy, Lucho et Alain pour ce scenario diabolique !

Ahhh, cette étape de St Étienne, j’en fais encore des cauchemars... c’est peut être le moment d’affronter ce traumatisme d’enfance... Bravo aux vainqueurs des concours, pour ma part n’ayant pas pris Bernal, j’ai vite décroché, mais j’ai bien aimé ce Giro. Du suspense, des attaques, des belles histoires. A bientôt les amis.