Cela faisait 32 ans qu'on attendait une victoire d'un champion du monde à Sanremo. Si ce n'est pas Michal Kwiatkowski qui a pallié à ce manque sur les routes italiennes, c'est au moins le maillot arc-en-ciel Ipanema qui a pu lever les bras au terme de la classique du Printemps du Fantaclassics. Mais ce n'est pas une simple victoire qu'Ipanema a remporté. C'est une razzia. Degenkolb, Kristoff, Matthews, Sagan, Bouhanni et Gallopin, à savoir le 1^er, 2^ème, 3^ème, 4^ème, 6^ème et 9^ème de la course. Du jamais vu! 265 points qui permettent à Ipanema d'exploser le record de points sur une course détenu par Gland-Wevelgem depuis Paris-Roubaix de 2014. Un record difficile à battre, tellement l'exploit est énorme. Mais avec une équipe remplie de sprinters, Ipanema compte bien remettre ça dimanche prochain sur Gand-Wevelgem. Ce grand bond en avant permet aussi à la fantateam brésilienne de prendre la deuxième place du classement général derrière Wieler Forever qui fait un bon score grâce à Degenkolb, Kristoff, Gallopin et Wellens et devant Eddy Breckx qui cède sa place de leader après une course difficile.

Cette édition 2015 de Milan-Sanremo s'est comme prévu jouée au sprint. Certaines timides attaques, notamment des BMC et des Sky, ont eu lieu avant, pendant et après la Cipressa, mais les principaux puncheurs, à savoir Gilbert, Kwiatkowski et Stybar sont tous fini à terre dans la descente du Poggio et n'ont donc pas pu tenter d'inventer quelque chose. La question essentielle était donc de savoir quel sprinter avait tenu le coup et surtout lesquels n'avaient pas su suivre les meilleurs. Les premiers à hisser drapeau blanc étaient Juan-José Lobato, Heinrich Haussler, Arnaud Démare et Andrea Guardini dans la Cipressa. Cavendish et Greipel ont cédé dans le Poggio, Ciolek est tombé dans la descente avec Gilbert & Co, alors que Sonny Colbrelli a réussi à rester avec les meilleurs malgré la fièvre des derniers jours, mais n'avait plus de jus pour le sprint final. Lancé par Luca Paolini comme en 2014, Alexandr Kristoff a attaqué le sprint de loin, tout en puissance, comme dans son habitude. Mais contrairement à l'an dernier, il avait dans sa roue un autre spécialiste des sprints puissants, à savoir John Degenkolb. L'allemand a débordé le colosse norvégien dans les derniers mètres afin de s'offrir la plus belle victoire de sa carrière. Quelque chose nous dit que ce ne sera pas la dernière sur la Via Roma de Sanremo… Le grand outsider Michael Matthews prend la troisième place devant un Sagan à nouveau déçu, la surprise Niccoló Bonifazio et un Nacer Bouhanni qui est bien revenu dans le final mais qui peut regretter d'avoir été très mal placé lorsque le sprint a démarré.

En tous les cas, le charme de Milan-Sanremo reste intact. La course était belle, indécise jusqu'au bout. Le printemps est là. Et surtout, les courses vont s'enchainer avec A Travers les Flandres ces mercredi, le GP de l'E3 vendredi et Gand-Wevelgem dimanche.

Le bon plan du jour

Le fait qu'un coureur de 21 ans qui en est à sa deuxième année de professionnel et qui n'a jamais terminé une grande classique, coûte déjà 3 fantamillions en dit long sur son potentiel. Mais ce dimanche, Niccolò Bonifazio a montré qu'il est peut-être l'homme des courses d'un jour que l'Italie attend depuis tellement longtemps. Une 5^ème place sur la Via Roma derrière les plus grands spécialistes au terme d'une course de près de 300 kilomètres, c'est plutôt de bonne augure. Il faudra évidemment confirmer, mais en attendant, personne ne pourra bénéficier des points qu'il rapporte au Fantaclassics, car Bonifazio ne figure dans aucune fantateam. On notera aussi qu'au classement des coureurs au meilleur coefficient, les cinq premières places sont occupées par des jeunes italiens…

Le mauvais plan du jour

Il y en a plusieurs évidemment, parce que de nombreux coureurs qui pouvaient se placer dans le top-20 sont finalement rentrés bredouille. Mais en parlant de renouveau du cyclisme italien, autant citer la veille génération transalpine encore décevante hier. On pense notamment à Oscar Gatto et Pippo Pozzatto, deux coureurs qui coûtaient 5 fantamillions, qui font beaucoup de courses mais qui pouvaient surtout avoir potentiellement un top-10 dans les jambes à Sanremo. Mais les deux italiens terminent dans le groupe avec Cavendish et Greipel. Qu'ils n'aient pas réussi à suivre les meilleurs dans le Poggio ou qu'ils aient été retardé par la chute dans la descente du Poggio, peu importe. Ils ne sont pas dans les vingt premiers.