Alberto Contador a eu chaud, très chaud même, dans une poussiéreuse et dantesque dernière étape de montagne qui a vu une nouvelle victoire à Sestrières du sarde volant, Fabio Aru. Au Fantagiro, Piquouze assoit sa plus que probable victoire finale tandis que Et ta Mère !, The King et Giacominou Delle Bollas se partagent les lauriers et les hôtesses.

Les organisateurs de ce Giro 2015 avaient eu la bonne idée de nous garder le meilleur pour la fin avec cette antépénultième étape menant le peloton à Sestrières, avec le terrible Finestre comme juge de paix. Et comme de bien entendu, la journée ne fut pas de tout repos pour certains et nous a, une nouvelle fois, réservé un scénario digne des plus grands suspenses hitchockien.

Il ne subsistait guère de doutes quant à l’issue finale dans la course au maillot rose et, pourtant, on se délectait d’assister à cette avant-dernière joute dessinée sur les pentes d’un autre temps du monstrueux col de Finestre. Car voir le peloton escalader pendant six incroyables kilomètres d’étroits et sinueux chemins de graviers et de poussières, appartient plus au passé qu’à l’uniforme cyclisme actuel. C’était beau et magique, merci messieurs, on s’est régalé.

Et, non contents de nous offrir un spectacle visuel que n’aurait pas renié Fausto Coppi, les coureurs nous ont en plus concocté un indicible et haletant ballet qu’on n’aurait osé espérer dans nos rêves les plus fous. En effet, qui aurait pu imaginer aujourd’hui que le fringant Pistolero serait mis en danger à un point tel, qu’on a longtemps cru que la céleste vareuse allait finalement, et contre toute attente, changer de propriétaire. Il s’en est fallu de peu, voire très peu, et, si quelques gouttes de sang italien avaient circulé dans les veines de Mikel Landa, on aurait probablement assisté à un dénouement encore plus dramatique pour le protégé du brasseur milliardaire le plus célèbre de Russie.

Mais on l’a déjà dit, les regrets sont éternels. Pour le basque, il faudra sans aucun doute un peu de temps pour oublier qu’il était assurément le seul à pouvoir faire vaciller le roi de son piédestal. Et nuls doutes que si la défunte Euskaltel Euskadi existait encore, il aurait pu prendre les rênes de la course à son compte et peut-être sabrer le prosseco à Milan. Mais, dura lex sed lex, il n’était que second dans la hiérarchie astaniesque et a malheureusement vu ses rêves de victoire s’estomper dans la poussière finestroise de ses illusions perdues. Contador a course gagnée et son dauphin, revenu du diable vauvert, se nomme Fabio Aru.

Le bon plan du jour 

Difficile de ne pas mentionner l’admirable et surprenant Giro de Steven Kruiswijk. Pour 18 Fantamillions, le leader de la formation Lotto-Jumbo a réalisé un parcours époustouflant et, s’il n’avait pas perdu tant de temps en début de course, qui sait jusqu’où le batave aurait pu aller. On le savait talentueux, mais il s’était quelque peu perdu depuis deux ans dans les méandres de l’oubli. Il fut, avec Contador et Landa, le meilleur grimpeur de cette édition, et, c’est plus que méritoirement qu’il enfile finalement le maillot bleu qui illustre à merveille son magnifique Giro et son coup de pédale redevenu magique. Le voici revenu au premier plan et ce n’est, espérons le, que le début d’une longue et belle histoire.

Le mauvais plan du jour

Pas envie de décerner de mauvais points aujourd’hui, car le spectacle qui nous a été offert tout au long de ces trois semaines résume à lui seul ce que ces forçats de la route peuvent bien endurer. Alors oui, on espérait sans doute mieux d’un tel ou d’un tel, mais au final, ces gladiateurs des temps modernes, quelles que soient leurs performances, inspirent un respect à nul autre pareil. Bravo messieurs et encore merci de nous faire vibrer, on espère vous revoir en forme dans un mois pour un Tour de France qui s’annonce d’ores et déjà palpitant.

Comments

Merci Eddy, chouette article - les références à la poussière et au 'haletant balai', c'est très subtil, l'Oreillette apprécie ! Celle-ci étant un poil (trop) perfectionniste, elle précise qu'il s'agissait de la 'pénultième' (avant-dernière) étape. Foutue Oreillette, hein... ;-)
Un sincère et grand merci à toi et à Lucho pour ces trois semaines de magnifiques résumés !!