Le Giro d’Italia était loin d’être joué avant la 19ème étape entre Pinerolo et Risoul. Il a complètement été ré-ouvert au terme d’une magnifique étape alpine qui sera suivie d’un incroyable suspens pour les derniers jours de la course. Une étape remportée par Vincenzo Nibali qui remonte à la deuxième place du classement général, derrière le nouveau leader Esteban Chaves. Une étape qui a permis à la team Tormenta de remporter son premier succès mais qui n’a pas donné plus de certitudes en ce qui concerne le déroulement final du Fantagiro. Une étape de légende qui restera dans toutes les mémoires de ceux qui l’ont vécu.

Le cyclisme, on l’aime pour ça. Pour voir des courses où il y a des chamboulements, des tragédies, des défaillances, des exploits ou des remontées. La 19ème étape du Giro 2016 a offert bien plus que cela, et il est relativement difficile de la résumer par écrit en transmettant les émotions qu’elle a offert. Ceux qui l’on vue savent de quoi on parle. Ceux qui l’ont raté devraient la revoir en entier, histoire de comprendre la magie de ce sport. Inutile d’y ajouter du lyrisme, les faits de courses parlent pour eux-mêmes : l’étape de Risoul était essentiellement caractérisée par une longue montée vers le Colle dell’Agnello, suivie d’une longue descente et d’une arrivée sur la montée de Risoul. Après l’échappée classique comprenant des baroudeurs en recherche de gloire et des équipiers en éclaireurs, les choses ont bougé à quelques kilomètres du premier sommet, où Esteban Chaves a réussi à isoler le maillot rose avant de placer des attaques qui ont surtout eu le mérite de distancer Valverde, Majka, Uran et Zakarin, pour basculer avec les seuls Kruisjwijk et Nibali vers le territoire français. Et là, les choses sérieuses ont commencé. Pour suivre les excellents descendeurs que sont Nibali et Chaves, Kruijswijk a forcé son talent et s’est catapulté contre un mur de neige du bord de route.

Sans aucun doute une des images fortes de ce Giro. Le maillot rose a attendu l’assistance, a repris la route, a été rejoint par le groupe Valverde avant d’enfin changer de vélo. Mais lorsqu’il est reparti, Kruijswijk avait 50 mètres de retard sur le groupe de l’espagnol comprenant aussi Majka et Uran. Il n’a pas réussit à les rejoindre, s’obligeant ainsi de faire une bonne dizaine de kilomètres en solitaire avant de récupérer quelques alliées sur la route, tout en y laissant pas mal d’énergies. En même temps, Ilnur Zakarin ratait lui aussi un virage pour se retrouver dans un ravin, couché immobile sur la prairie alors que son vélo était au delà de la rivière… Une fin de Giro cruelle pour le russe sur lequel de nombreuses fantateams comptaient sérieusement. Au cours de cette longue course-poursuite entre l’Italie et le France, Chaves retrouvait son équipier Ruben Plaza, Nibali son lieutenant Scarponi et Valverde ses camarades de chez Movistar, alors que Kruijswijk était toujours tout seul. Dans la montée vers Risoul, Nibali faisait ce que l’Italie entière attendait de lui : il s’envola en solitaire, alors que Chaves ne pouvait que tenter de gérer ses forces en pensant au maillot rose qui l’attendait en haut de la montée. Mikel Nieve et Diego Ulissi, échappées de la première heure, s’intercalaient entre le colombien pour prendre des places d’honneurs. Et au final, les images parlaient d’elles mêmes : Nibali en larmes à cause de l’exploit réalisé après tant de déceptions et de polémiques ; Chaves en larmes après l’effort fourni lui permettant d’endosser le maillot rose à deux jours de la fin du tour ; Kruijswijk en larmes, épuisé, malheureux et conscient que la victoire du Giro s’est probablement envolée dans ce foutu virage entouré d’une montagne de neige.

Et avec tout ça, on en vient à oublier que c’est la team Tormenta qui remporte l’étape du jour grâce à Nibali, Nieve et Chaves. Qu’elle devance la toujours fringante Tomyteam et le duo The King et Arc164. Que la team Ciclo Giro possède désormais plus de 400 points d’avance sur la Team Eanov au classement général du Fantagiro et qu’elle sait que la première équipe poursuivante à avoir Nibali dans ses rangs est la Torero, classée 5ème, à près de 700 points de retard. L’étape de Risoul n’a pas donné plus de certitudes aux fantamangers qui se demandent encore quel pourrait être leur classement final, sauf pour ceux qui espéraient que Zakarin soit l’as dans leur manche.

Ce qui est certain, c’est que la dernière vraie étape de ce Giro, celle de samedi entre Guillestre et Sant’Annia di Vinadio, sera sans aucun doute une étape à suivre. Même s’il ne se passe rien pendant longtemps, les gladiateurs dans l’arène ne perdront pas l’occasion d’aller chercher les secondes qu’il leur faut pour atteindre le sacre rose.

Comments

N'empêche je me demande si à la place de Kruiswijk c'était Nibali qui avait perdu le maillot rose sur chute, la presse n'aurait crier au scandale de ne pas avoir attendu le maillot rose...

C est pas une chute de malchance, et je n ai entendu personne crier au scandale quand ils ont tous essayé de larguer Nibali sur pépin technique Ya 4 jours...ce qui lui avait coûté cher et viré du podium. Je souviens pas que quelque un ait attendu Contador , Froome ou Martin lors des chutes dans les tours et giro précédents ...quand t es en rose et que tu tombes sur chute massive ou incident provoque par un tiers...ok on peut encore discuter....mais quand tu tombes sur l attaques décisive paske t es hs et que t essaye de suivre le meilleur descendeur du monde? Un scandale de pas attendre?

Oui, il faut vraiment arrêter avec cette pseudo polémique. J'ai jamais vu personne se relever et attendre un coureur qui a chuté seul dans un virage. A la limite, attaquer sur un problème technique c'est petit joueur, mais ça fait partie du jeu. Mais se relever pour attendre? C'est n'importe quoi, c'est pas son équipier quand même. Et avec les crevaisons, ont attend aussi? Ce sera un peu le bordel à Paris-Roubaix. ..